L’Encyclopédie/1re édition/REINS

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REINS, s. m. en Anatomie, c’est la partie de l’animal dans laquelle l’urine se sépare du sang, voyez Urine. Ce mot, selon Varron, vient du grec ῥεῖν, quasi rivi obscæni humoris ab iis oriantur. Les Grecs appellent les reins, νεφρὸς, du verbe νέφειν, pleuvoir, neiger. Voyez Néphrétique.

Ils sont deux, situés un de chaque côté ; l’un entre le foie & le muscle lombaire, au côté droit ; l’autre entre la rate & le même muscle, au côté gauche. Dans l’homme le droit est plus bas que le gauche ; mais le contraire arrive le plus souvent dans les quadrupedes. Ils sont attachés aux lombes & au diaphragme par leur membrane extérieure, & à la vessie par les ureteres ; le droit est aussi attaché à l’intestin cœcum, & le gauche au colon & à la rate. Leur figure ressemble à une feve, ou à un croissant ; car ils sont courbés du côté de la veine cave, & convexes par dehors.

Il n’y a d’ordinaire que deux reins, rognons ; cependant on en a trouvé quelquefois trois & même quatre, quelquefois aussi on n’en a trouvé qu’un seul. Ils ont ordinairement dans l’homme environ cinq pouces de long & trois de large, sur un & demi d’épaisseur. En fendant un rein par sa convexité, on voit que la substance extérieure qu’on apelle corticale, en recouvre une autre, composée d’une infinité de tuyaux qui viennent se rendre à des mamelons. par où l’urine sort de la substance du rein pour se rendre dans l’uretere.

Ces mamelons qu’on appelle les papilles du rein, sont séparés par des cloisons que la substance corticale forme entre les différens paquets de la substance tubuleuse ; de plus la substance corticale est encore parsemée de plusieurs entrelacemens de vaisseaux que l’injection fait découvrir ; mais qui laissent pourtant des espaces assez considérables dans lesquels il ne passe rien de la liqueur injectée.

M. Bertin a vu distinctement les vaisseaux sanguins qui forment la substance tubuleuse, s’aboucher avec les tuyaux urinaires qui se rendent aux papilles ; mais il a vu depuis d’autres fibres qui lui paroissoient être les tuyaux urinaires, se rendant de même aux papilles, & qui partoient des prolongemens de la substance corticale. Il découvrit que celle-ci étoit glanduleuse, & que ces tuyaux étoient les canaux excrétoires de ces glandes. Il se fait donc réellement dans le rein deux sortes de filtrations ; l’urine la plus grossiere est séparée du sang par la substance tubuleuse, & l’urine la plus subtile est filtrée par les glandes qui composent la substance corticale. Voyez Urine, voyez aussi Mém. de l’acad. des Scien. ann. 1744.

Les rognons sont couverts de deux membranes ; ils ont chacun une veine & une artere qu’on appelle èmulgentes : les arteres viennent de l’aorte, & les veines vont se rendre à la veine cave. Ils ont aussi des nerfs, qui prennent leur origine du plexus rénal, formé des rameaux du nerf intercostal & des nerfs lombaires.

Les reins séparent l’urine du sang, qui est poussé par le mouvement du cœur dans les arteres émulgentes. Celles-ci le portent dans les petites glandes qui en séparent la sérosité, & la versent dans les conduits urinaires qui vont des glandes au bassin, d’où elle se rend par les ureteres dans la vessie. Le sang qui ne peut point entrer dans les glandes, retourne par les veines émulgentes. Voyez nos Pl. d’Anat. & leur explication. Voyez aussi Secrétions.

Reins, jeux de la nature sur les, (Anat.) ces deux visceres nous présentent des jeux singuliers de la nature sur leur nombre, sur leur situation, leur grandeur, leur connexion, leurs vaisseaux & leurs canaux excrétoires.

1°. Nombre. Nous avons dans l’état naturel un rein de chaque côté ; cependant Charles Etienne rapporte avoir trouvé deux reins de chaque côté, accompagnés chacun de leur veine émulgente. D’autres anatomistes assurent en avoir vu trois, & même quatre ; mais ils ajoutent que ce nombre suppléoit au volume qui étoit moins considérable qu’à l’ordinaire. Vésale témoigne n’avoir trouvé qu’un seul rein dans certains sujets. Bartholin en cite aussi des exemples dans sa deuxieme centurie, hist. 77. Enfin M. Morand a vu ce jeu à l’ouverture du corps d’un suisse ; mais M. Litre a vu quelque chose de plus étrange. Il a ouvert un enfant de 4 ans, dans lequel il n’a trouvé aucun vestige de rein gauche, ni d’uretere du même côté, & cependant le rein droit n’en étoit pas plus gros que de coutume. Hist. de l’académ. des Sciences, année 1707.

2°. Situation. Les reins sont ordinairement situés dans la région lombaire ; sur les deux dernieres fausses côtes, couchés l’un à droite sous le foie, & l’autre à gauche sous la rate, à environ trois travers de doigts des troncs de la veine cave, & de l’aorte descendante, le droit un peu plus bas que le gauche ; mais cette situation varie. Rioland, & autres maîtres de l’art, les ont quelquefois trouvés à une même hauteur ; pour lors leur partie supérieure appuie sur la derniere des fausses-côtes ; & quelquefois aussi le rein droit est plus haut que le rein gauche, contre la coutume.

3°. Grandeur. Le volume ordinaire de chaque rein est d’environ cinq à six travers de doigts de longueur, sur trois de largeur, & un demi d’épaisseur ; mais toutes ces dimensions varient extrèmement sur les sujets mêmes dont ce viscere se trouve d’ailleurs en très-bon état après la mort ; la différence est quelquefois extrème en grosseur & en petitesse dans les maladies. Par exemple, un médecin de Grenoble a mandé à l’académie des Sciences, qu’il avoit trouvé dans un cadavre un rein si prodigieux qu’il pesoit trente-cinq livres, & que sa structure naturelle étoit altérée à-proportion de cette augmentation de grandeur & de poids. Hist. de l’acad. ann. 1732.

4°. Leur connexion. Les attaches des reins varient pareillement ; le droit est attaché au cœcum & au colon, le gauche l’est au colon ; mais des anatomistes l’ont trouvé attaché à la rate.

5°. Leurs vaisseaux & leurs canaux excrétoires. Si la nature se joue dans les vaisseaux des visceres de notre corps, c’est particulierement ici. Ceux que les anciens ont nommés arteres & veines émulgentes, & qu’il est plus naturel d’appeller arteres & veines rénales, ne varient pas seulement dans leur nombre, mais dans leur origine, & leur distribution. « J’ai trouvé, dit Ruysch, les arteres rénales doubles & triples, ramifiées de quantité de manieres différentes. J’ai trouvé encore, ajoute-t-il, le bassinet double & triple. De plus, deux ureteres en un rein, dont l’origine étoit différente, & cependant se joignant en un seul tronc avant que de s’insérer dans la vessie, & d’autres fois s’insérant séparément dans la vessie ». Il a fait de tous ces jeux des préparations, dont la liste se trouve dans le recueil de ses raretés anatomiques.

La membrane adipeuse des reins reçoit une artere & une veine qui viennent quelquefois immédiatement des troncs de l’aorte & de la veine-cave, quelquefois des vaisseaux émulgens, & quelquefois des spermatiques.

M. Poupart, trop adroit dans l’anatomie fine des insectes, pour qu’on l’accuse de n’avoir pas bien vu dans l’anatomie grossiere, faisant la dissection d’une fille âgée de 7 ans, trouva qu’elle n’avoit du côté gauche ni artere, ni veine émulgente, ni rein, ni uretere, ni vaisseaux spermatiques ; & même il ne vit nulle apparence qu’aucune de ces parties eût jamais existé, & se fût flétrie, ou détruite par quelque indisposition. Le rein & l’uretere du côté droit de son sujet, étoient plus gros qu’ils ne sont naturellement, parce que chacun d’eux étoit seul à faire une fonction qui auroit dû être partagée.

C’est dans les reins que se forme ordinairement cette concrétion si cruelle & si fatale à tant de personnes, & particulierement aux gens de lettres. Les annales anatomiques rapportent qu’à l’ouverture du corps du pape Innocent XI. décédé le 13 Août 1689, on trouva dans chacun de ses reins une pierre monstrueuse ; celle du rein gauche pesoit 9 onces, & celle du rein droit en pesoit 6.

C’est Jacques Bercuger de Carpi qui découvrit le premier les caroncules des reins, qui ressemblent au bout des mamelles. Nicolaus Massa décrivit ensuite les canaux par lesquels les urines sont filtrées, tubulos urinarios ; mais bientôt après Eustachius découvrit la structure entiere des reins, leurs vaisseaux, leurs papilles, leurs canaux, enfin toutes les merveilles de ce viscere, sur lequel il a mis au jour un ouvrage & des planches admirables. Joignez-y les découvertes de Malpighi & de Ruysch, & vous n’aurez presque plus rien à desirer. (D. J.)

Reins actions des, (Physiolog.) les reins sont les égoûts du corps humain ; il ne paroît pas qu’il y ait aucune autre partie qui reçoive la matiere de l’urine ; si on lie les arteres émulgentes, il ne se ramasse rien dans les ureteres ni dans la vessie.

On trouve cependant des anatomistes qui prétendent qu’il y a d’autres voies ; la ligature des arteres émulgentes ne leur paroît pas une preuve convaincante contr’eux, parce qu’alors les convulsions & les dérangemens qui surviennent, ferment les couloirs qui sont ouverts lorsque tout est tranquile : voici les raisons qui les font douter, s’il n’y a pas d’autres conduits qui se déchargent dans la vessie. 1°. Les eaux minérales passent dans la vessie presque dans le même instant qu’on les avale ; la même chose arrive dans ceux qui boivent beaucoup de vin. 2°. Les eaux des hydropiques répandues dans l’abdomen, se vuident par les urines, de même que les abscès de la poitrine. 3°. Les lavemens, selon eux, sortent quelquefois par la vessie un instant après qu’ils sont dans les corps.

Ces raisons ne demandent point un conduit différent de celui des reins ; 1°. les eaux minérales de même que le vin, ne sortent pas d’abord par les urines ; au commencement il faut attendre quelque tems, & cela, parce qu’elles doivent passer par les vaisseaux lactées, le canal thorachique, la veine-souclaviere, la veine-cave, le ventricule droit du cœur, les poumons, le ventricule gauche, l’aorte, & les émulgentes ; mais quand tout cet espace contient des eaux minérales ou du vin, alors on voit qu’on ne sauroit continuer à boire sans pisser incessamment, puisqu’à proportion que les eaux ou le vin avancent, il en survient une égale quantité, & qu’il y a une véritable suite de filets d’eau depuis l’estomac jusqu’au rein. 2°. Les eaux des hydropiques peuvent entrer dans les veines par les tuyaux absorbans : dans les bains, l’eau ne s’y insinue-t-elle point ? dans notre corps, n’y a-t-il pas des abscès dans les extrémités, qui sont repompés tout-à-coup ? Or cela ne sauroit être, s’il n’y a des tuyaux absorbans qui s’inserent dans les veines ; les artères ne sauroient les recevoir puisque le cœur qui y pousse continuellement le sang, s’opposeroit à l’entrée des liqueurs.

On a prétendu d’après quelques fausses expériences, que les parois extérieures laissoient passer l’eau dans la cavité de la vessie, & que les intérieures ne permettoient pas qu’elle en sortît ; mais il est certain que les deux surfaces permettoient également aux fluides un libre passage ; or il s’agit de savoir si l’on peut conclure de-là que l’urine passe dans la vessie sans se filtrer dans les reins.

Il est certain qu’elle n’entreroit pas plutôt dans la vessie que dans les intestins, dans la capacité de la poitrine, &c. De plus la même cause qui la feroit entrer, la feroit sortir, ou du moins lui permettroit l’issue ; & ce qui est décisif, c’est que dans l’hydropisie, où l’on ne sauroit supposer tous les pores bouchés, les urines ne sont qu’en très-petite quantité. 3°. Les lavemens, s’ils passent dans la vessie, pourront entrer dans les veines lactées qu’on a trouvées dans le colon ; ils peuvent même passer dans les intestins grêles, pourvû que le cœcum ne soit pas gonflé, car l’entrée n’est bien fermée que lorsque ce cul-de-sac est bien tendu par le gonflement ; les lavemens pourront donc être portés aux reins par la route ordinaire, s’il est vrai que cela arrive, j’ajoute cette condition, parce que je suis persuadé que le plus souvent il n’y a que l’odeur qui passe dans la vessie.

Après avoir établi que les reins sont le seul endroit où se sépare l’urine, voyons comment ils la filtrent.

Le sang poussé dans les arteres émulgentes, dilate les ramifications qui se répandent dans la substance des reins ; ces ramifications dilatées pressent le sang qu’elles contiennent, & le poussent vers les tuyaux qu’elles envoient aux organes secrétoires ; comme les canaux qui filtrent l’urine & la déposent dans ces organes, sont plus étroits que les extrémités des artères sanguines, ils ne pourront pas recevoir la partie rouge, ni la lymphe grossiere.

Mais 1°. la partie aqueuse y entrera ; car si l’on fait une injection d’eau tiede dans les arteres émulgentes, l’eau passe dans les veines, les vaisseaux lymphatiques, & les ureteres ; si cette expérience n’a pas réussi à Malpighi, c’est parce qu’il ne l’a pas faite dans un cadavre récent ; l’air passe de même dans ces tuyaux, selon le témoignage de Nuk & selon tous ceux qui ont poussé l’air dans les reins. 2°. La partie huileuse atténuée sortira par ces tuyaux, & par conséquent l’urine sera une liqueur jaunâtre, car la chaleur qui a atténué l’huile, lui donne en même tems une couleur jaune. 3°. Comme les tuyaux secrétoires des reins sont plus gros que ceux des autres couloirs, les matieres terrestres & salines pourront y passer, & c’est aussi ce que nous voyons par le sédiment qui se dépose au fond des vaisseaux où l’on met l’urine.

On voit par-là si, pour expliquer la secrétion de l’urine, on doit avoir recours aux fermens, aux précipitations ou imaginations d’une infinité d’auteurs qui ont abandonné une méchanique aisée pour des idées chimériques.

Le sang est poussé continuellement dans les reins en grande quantité, avant qu’il se soit dépouillé de ses parties aqueuses & huileuses en d’autres couloirs ; il faut donc que l’urine se sépare dans les reins en abondance : le sang qui va dans les parties inférieures s’y dépouille de sa partie aqueuse & d’une huile subtile ; celui qui se porte dans les arteres cutanées, laisse dans les couloirs de la peau la matiere de la sueur & de la transpiration ; il faut donc qu’après les circulations réiterées, il se porte moins d’eau vers les reins ; ainsi la partie huileuse qui s’y déposera sera moins délayée & plus jaune que la précédente, puisque ses parties ne seront pas mêlées des parties aqueuses qui éclaircissent sa couleur, & lui donnent de la fluidité ; d’ailleurs la chaleur que cette huile aura soufferte, par diverses circulations, lui donnera encore un jaune plus foncé, & rendra les huiles plus âcres ; c’est pour cela que lorsqu’on a jeûné long-tems, l’urine est fort jaune & fort âcre.

Si le sang est poussé impétueusement dans les couloirs des reins par la force du cœur & des artères, il forcera les tuyaux qui ne recevoient auparavant que la matiere aqueuse & l’huile atténuée, ainsi on pissera du sang ; c’est ce qui arrive dans la petite vérole, dans ceux qui ont quelques pierres aux reins, dans ceux qui ont les couloirs des reins fort ouverts ou fort lâches ; mais s’il arrivoit que les arteres fussent fort gonflées par le sang, alors il arriveroit une suppression d’urine, car les arteres enflées comprimeroient les tuyaux secrétoires, & fermeroient ainsi le passage à la liqueur qui s’y filtre ; cette suppression est assez fréquente & mérite de l’attention.

Pour que l’urine coule, il faut donc que les arteres ne soient pas extrèmement dilatées, car par ce moyen, les tuyaux secrétoires ne peuvent se remplir. Delà vient que l’opium arrête l’urine ; mais si le sang en gonflant les arteres empêche la secrétion de l’urine, les tuyaux peuvent encore y porter un obstacle en se retrécissant ; de-là vient que dans l’affection hystérique les urines sont comme de l’eau, car les nerfs qui causent les convulsions, retrécissent les couloirs de l’urine ; la même chose arrive dans des maladies inflammatoires : c’est pour cela que dans les suppressions qui viennent du resserrement des reins, on n’a qu’à relâcher par des délayans, ou par des bains qui augmentent toujours la secrétion de l’urine, & ce symptome cessera.

S’il coule dans les reins un sang trop épais, ou que plusieurs parties terrestres soient pressées les unes contre les autres dans des mamellons, on voit qu’il pourra se former des concrétions dans les tuyaux qui filtrent l’urine ; il suffit qu’il s’y arrête quelque matiere pour que la substance huileuse s’y attache par couches ; car supposons qu’un grumeau de sang ou des parties terrestres unies s’arrêtent dans un mamelon, la matiere visqueuse s’arrêtera ; avec ces concrétions la chaleur qui surviendra, fera évaporer la partie fluide, ou bien le battement des arteres & la pression des muscles de l’abdomen l’exprimeront, ainsi la matiere desséchée ne formera qu’une masse avec ces corps qu’elle a rencontrés.

Voila ce qui se passe dans la filtration de l’urine ; ce fluide, en sortant des organes secretoires, entre dans les tuyaux longs, blanchâtres, qui se rendent aux mamelons, c’est-à-dire à l’extrèmité des cônes formés par leur assemblage ; quand il est entré dans ces tuyaux, il est poussé par celui qui le suit, par la pression du cœur, des artères du ressort des fibres, par l’action de la respiration ; enfin ce fluide, c’est-à-dire l’urine, sortant en gouttes par les mamellons, est reçu par des calices qui sont des branches de l’extrèmité des arteres, & soit par son poids, soit par l’urine qui suit, soit enfin par la pression dont nous venons de parler, il se rend dans la vessie.

Ces principes qui établissent l’action des reins, nous en marquent la nécessité. Les fluides tendent à s’alkaliser, à se pourrir, à devenir âcres ; ainsi il est nécessaire qu’il y ait dans le corps un égoût qui reçoive ces matieres & les pousse hors du corps. Une autre matiere qui se sépare continuellement des autres, & qui doit être filtrée, est une matiere séreuse, fort subtile, qui est très-abondante dans les urines.

Or pour la séparation de ces matieres, on n’a besoin que de couloirs nombreux qui soient assez ouverts pour recevoir les excrémens du sang ; ainsi l’attraction qu’on a voulu introduire dans l’action des filtres, peut bien être ailleurs un excellent systême, mais qu’aucune nécessité ne peut nous faire adopter ici.

Les fermens urinaires ne doivent pas être mieux reçus, ce sont des agens que l’imagination a formés pour amuser notre ignorance ; les faits seuls doivent nous conduire ; si nous prenons pour fondement des hypothèses, nous verrons toujours nos opinions démenties par la nature. Senac. (D. J.)

Reins maladies des, (Médec.) 1°. Les anatomistes appellent reins, deux corps de la figure d’une feve, placés intérieurement sur les lombes, munis d’une artere & d’une veine considérable, & parsemés d’une grande quantité de nerfs ; la nature les a destinés à séparer de l’humeur qui y abonde, le liquide qu’on nomme urine qui s’amasse dans leur bassin, & qu’ils déposent dans les ureteres. Ces deux corps, tels que nous venons de les décrire, sont sujets à des maladies générales & particulieres.

2°. La plus fréquente de ces maladies est la pierre que certains auteurs appellent urine néphrétique ; elle a son siege dans le bassin des reins, & remplissant par sa masse l’entrée de l’uretere, elle produit l’obstruction, la pesanteur & la suppression d’urine ; de sa dureté procède une douleur de reins, l’anxiété, le pissement de sang, l’ulcere de la partie, l’enlevement de la mucosité, une urine remplie de matiere mucilagineuse & sablonneuse ; par la simpathie qui se trouve entre les reins & les autres parties du corps, il en résulte la stupeur des cuisses, le retirement en arriere du testicule, la colique, la constipation du ventre, la cardialgie, la nausée, le vomissement, le dégoût, l’ictère, la dyspnée, l’avortement & les convulsions ; de la suppression d’urine & du dérangement des fonctions, proviennent le comavigil, la foiblesse, la cachexie, l’atrophie, la fievre, le tremblement, la syncope, le délire, la somnolence ; tous ces symptomes sont les signes d’un calcul caché ; leur guérison particuliere ne s’écarte point de la méthode curative générale ; mais les maux qui en sont la suite par la simpathie, exigent l’usage des anodins & la nécessité de tenir le ventre libre.

3°. Les autres corps étrangers qui se trouvent dans les reins, comme le grumeau, les vers, les matieres visqueuses, le pus, qui tous produisent l’obstruction, donnent lieu à la suppression d’urine accompagnée de divers accidens par tous le corps ; pour dissiper ces accidens, il faut absolument détruire la cause dont ils émanent.

4°. La douleur des reins, est une espece de néphrétique produite seulement dans le bassin de ce viscere, par l’acrimonie, l’inflammation, l’érésipele, le catharre, le rhumatisme, l’humeur goutteuse, la métastase, le calcul ; d’où résulte nécessairement quelque difficulté d’urine ; cette douleur a ses signes particuliers qui l’accompagnent & qui la font distinguer de toute autre maladie : sa curation doit être relative à la connoissance de la cause.

5°. Lorsque les vaisseaux sanguins relâchés dans les reins, introduisent du sang dans l’urine, elle sort sanguinolente, avec un dépôt de même nature, sans douleur ou pulsation dans les lombes, mais accompagnée d’une sensation de froideur qu’il faut traiter par les corroborans ; quand les vaisseaux ont été rompus par une trop grande impétuosité, après l’ardeur des lombes, il succede un pissement de sang qui demande les saignées & les rafraîchissans ; si les vaisseaux corrodés ou détruits par le calcul, causent le pissement de sang, il faut employer les huileux, les mucilagineux, & les émolliens.

6°. Comme la convulsion empêche les fonctions dans les autres parties, de même dans l’irritabilité, l’hystérisme, la sympathie & les passions de l’ame, il arrive que la contraction des reins cause assez souvent la suppression de l’urine, qu’il faut dissiper par le moyen des antispasmodiques.

7°. L’affoiblissement de la fonction des reins empêche la secrétion de l’urine, ou laisse passer avec l’urine d’autres humeurs utiles à la santé ; le traitement de cet accident exige l’usage interne des corroborans, & de leur application extérieure sur la région des lombes.

8°. La suppuration & l’ulcération des reins, qui procede d’une urine purulente, se connoit par des marques autour des lombes, & requiert les balsamiques pour adoucir un mal qui est incurable. (D. J.)

Reins succenturiaux, (Anatom.) les capsules atrabilaires des anciens, appellées par quelques modernes reins succenturiaux, ou glandes surrénales (on choisira le nom qu’on aimera le mieux), sont deux corps irrégulierement applatis, qui ont été décrits pour la premiere fois par Eustachius. Ils offrent aux anatomistes des jeux variés sur leur position, leur figure, leur couleur, leur grandeur, leurs vaisseaux, cependant je ne sache aucune observation qui dise que ces glandes ayent jamais manqué dans un sujet.

Elles sont d’ordinaire posées sur le sommet des reins, une de chaque côté ; mais quelquefois elles sont placées au-dessus des reins, d’autrefois tout proche, & quelquefois une de ces capsules est plus grosse que l’autre ; leur figure est aussi inconstante, tantôt ronde, tantôt ovale, tantôt quarrée, tantôt triangulaire ; leur couleur est tantôt rouge, tantôt semblable à celle de la graisse dont elles sont environnées ; leur grandeur ne varie guere moins dans les adultes ; leurs vaisseaux sanguins viennent quelquefois de l’aorte & de la veine-cave & d’autrefois des vaisseaux émulgens.

Ce n’est pas tout, il faut encore mettre les capsules atrabilaires au nombre des parties dont on laisse à la postérité l’honneur de découvrir l’usage. Il semble cependant qu’il convient de le chercher par préférence dans le fœtus, où elles sont fort grosses, de même que les organes qui ne servent pas dans l’adulte.

Au reste, les anatomistes conviennent qu’il y a dans les capsules rénales, contre la membrane qui vient du péritoine, & une certaine quantité de graisse qui les entoure, & une autre tunique propre très fine, une surface externe faite de petits grains jaunes, lâches, comme friables, joints entr’eux par un tissu cellulaire. L’interne ressemble à la structure veloutée des intestins, elle est toute polie, d’un jaune tirant sur le rouge, & Malpighi la nomme muqueuse. Ensuite vient cette cavité découverte par Bartholin, affaissée, réunie par de fines cellulosités, dans laquelle il se trouve une liqueur tantôt rougeâtre, tantôt d’un jaune foncé, mais qui n’ayant point d’amertume, ne mérite pas le nom d’atrabile. (D. J.)

Reins du cheval, (Maréchal.) ils commencent vers le milieu du dos jusqu’à la croupe. Les reins si bien faits sont ceux qui s’élevent un peu en dos d’âne ; lorsqu’ils s’élevent trop, on dit que le cheval est bossu. Une autre bonne qualité du cheval, c’est d’avoir les reins larges, ce qu’on appelle le rein double ; les reins courts sont un signe de force. Les mauvaises qualités des reins sont d’être longs & bas, ce qui fait donner au cheval le nom d’ensellé. On entend en disant qu’un cheval a du rein, que la force de ses reins se fait sentir au trot & au galop aux reins du cavalier.

Reins, (Critique sacrée.) le Lévitique, ch viij. 25. ordonne au sacrificateur de brûler cette partie de la victime sur l’autel. Ce mot se prend au figuré dans l’Ecriture, 1° pour la source de la génération ; 2° pour la force, la vigueur du corps, Nah. ij. 10. 3° pour les passions & les affections de l’ame, Ps. xv. 7. 4° pour l’amemême. Dieu sonde les cœurs & les reins, Jérém. vij. 17. (D. J.)

Reins, pierre des, (Hist. nat.) lapis renalis, nom donné par quelques auteurs à la géode ou pierre d’aigle, à cause qu’elle renferme un noyau semblable à un rein.

Reins de voûte, (Coupe des pierres.) c’est la partie vuide ou pleine, qui est entre la moitié de l’extrados d’un arc, & le prolongement du pié droit jusqu’au niveau du sommet de la voûte. Les reins des voûtes gothiques sont vuides.