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ment relatifs, & qu’il s’agit également de rendre sensible de part & d’autre la relation au terme conséquent ; enfin les usages des autres langues autorisent cette espece de syntaxe, & nous en trouvons des exemples jusques dans l’usage présent de la nôtre.

Je ne prétends pas dire que, pour parler latin, il faille exprimer aucune préposition après le verbe actif ; je veux dire seulement que, pour analyser la phrase latine, il faut en tenir compte, & à plus forte raison après les noms & les adjectifs verbaux. (E. R. M. B.)

Verbal, (Gram. & Jurisprud.) est ce qui se dit de vive voix & sans être mis par écrit.

On appelle cependant procès-verbal un acte rédigé par écrit, qui contient le rapport ou relation de quelque chose ; mais on l’appelle verbal, parce que cet écrit contient le récit d’une discussion qui s’est faite auparavant verbalement ; en quoi le procès-verbal differe du procès par écrit, qui est une discussion où tout se déclare par écrit. Voyez Procès.

Appel verbal est celui qui est interjetté d’une sentence rendue à l’audience : on l’appelle verbal, parce qu’anciennement il falloit appeller de la sentence illico, sur le champ, ce qui se faisoit devant le juge.

Requête, verbale ; on a donné ce nom à certaines requêtes d’instruction, qui se faisoient autrefois en jugement & de vive voix ; on les a depuis rédigées par écrit pour débarrasser l’audience de cette foule de requêtes qui consumoient tout le tems sans finir aucune cause. (A)

VERBANUS LACUS, (Géog. anc.) lac d’Italie, dans la Transpadane. Strabon, liv. IV. p. 209. lui donne 400 stades de longueur, & un peu moins de 150 stades de largeur. Il ajoute que le fleuve Ticinus le traverse, & Pline, l. II. ch. ciij. dit la même chose. C’en est assez pour faire voir qu’ils entendent parler du lac appellé présentement Lago-Maggiore, au-travers duquel passe le Tésin. (D. J.)

VERBASCUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante que l’on appelle vulgairement en françois mollaine ou bouillon-blanc ; c’est sous ce dernier nom qu’on en trouvera les caracteres dans cet ouvrage. Tournefort distingue quinze especes de bouillon-blanc, dont la plus commune est à grandes fleurs jaunes, verbascum latifolium, luteum, I. R. H. 146.

Cette plante croît à la hauteur de 4 ou 5 piés ; sa tige est couverte de laine ; ses feuilles sont grandes, molles, velues, cotonneuses, blanches ; les unes éparses à terre, les autres attachées alternativement à leur tige. Ses fleurs sont des rosettes à cinq quartiers, jointes les unes aux autres en touffe, & de couleur jaune ; il leur succede quand elles sont tombées, des coques ovales, lanugineuses, pointues, divisées en deux loges, où l’on trouve de petites semences anguleuses & noires. Cette plante est une des meilleures herbes émollientes de la Médecine. (D. J.)

VERBE, s. m. (Gram.) en analysant avec la plus grande attention les différens usages du verbe dans le discours, voyez Mot, art. I. j’ai cru devoir le définir, un mot qui présente à l’esprit un être indéterminé, désigné seulement par l’idée générale de l’existence sous une relation à une modification.

L’idée de mot est la plus générale qui puisse entrer dans la notion du verbe ; c’est en quelque sorte le genre suprème : toutes les autres parties d’oraison sont aussi des mots.

Ce genre est restraint à un autre moins commun, par la propriété de présenter à l’esprit un être : cette propriété ne convient pas à toutes les especes de mots ; il n’y a que les mots déclinables, & susceptibles surtout des inflexions numériques : ainsi l’idée générique est restrainte par-là aux seules parties d’oraison déclinables, qui sont les noms, les pronoms,

les adjectifs, & les verbes ; les prépositions, les adverbes, les conjonctions, & les interjections s’en trouvent exclus.

C’est exclure encore les noms & les pronoms, & restraindre de plus en plus l’idée générique, que de dire que le verbe est un mot qui présente à l’esprit un être indéterminé ; car les noms & les pronoms présentent à l’esprit des êtres déterminés. Voyez Nom & Pronom. Cette idée générique ne convient donc plus qu’aux adjectifs & aux verbes ; le genre est le plus restraint qu’il soit possible, puisqu’il ne comprend plus que deux especes ; c’est le genre prochain. Si l’on vouloit se rappeller les idées que j’ai attachées aux termes de déclinable & d’indéterminatif, voyez Mot ; on pourroit énoncer cette premiere partie de la définition, en disant que le verbe est un mot déclinable indéterminatif : & c’est apparemment la meilleure maniere de l’énoncer.

Que faut-il ajouter pour avoir une définition complette ? Un dernier caractere qui ne puisse plus convenir qu’à l’espece que l’on définit ; en un mot, il faut déterminer le genre prochain par la différence spécifique. C’est ce que l’on fait aussi, quand on dit que le verbe désigne seulement par l’idée générale de l’existence sous une relation à une modification : voilà le caractere distinctif & incommunicable de cette partie d’oraison.

De ce que le verbe est un mot qui présente à l’esprit un être indéterminé, ou si l’on veut, de ce qu’il est un mot déclinable indéterminatif ; il peut, selon les vûes plus ou moins précises de chaque langue, se revêtir de toutes les formes accidentelles que les usages ont attachées aux noms & aux pronoms, qui présentent à l’esprit des sujets déterminés : & alors la concordance des inflexions correspondantes des deux especes de mots, sert à désigner l’application du sens vague de l’un au sens précis de l’autre, & l’identité actuelle des deux sujets, du sujet indéterminé exprimé par le verbe, & du sujet déterminé énoncé par le nom ou par le pronom. Voyez Identité. Mais comme cette identité peut presque toujours s’appercevoir sans une concordance exacte de tous les accidens, il est arrivé que bien des langues n’ont pas admis dans leurs verbes toutes les inflexions imaginables relatives au sujet. Dans les verbes de la langue françoise, les genres ne sont admis qu’au participe passif ; la langue latine & la langue grecque les ont admis au participe actif ; la langue hébraïque étend cette distinction aux secondes & troisiemes personnes des modes personnels. Si l’on excepte le chinois & la langue franque, où le verbe n’a qu’une seule forme immuable à tous égards, les autres langues se sont moins permis à l’egard des nombres & des personnes ; & le verbe prend presque toujours des terminaisons relatives à ces deux points de vûe, si ce n’est dans les modes dont l’essence même les exclut : l’infinitif, par exemple, exclut les nombres & les personnes, parce que le sujet y demeure essentiellement indéterminé ; le participe admet les genres & les nombres, parce qu’il est adjectif, mais il rejette les personnes, parce qu’il ne constitue pas une proposition. Voyez Infinitif, Participe.

L’idée différencielle de l’existence sous une relation à une modification, est d’ailleurs le principe de toutes les propriétés exclusives du verbe.

I. La premiere & la plus frappante de toutes, c’est qu’il est en quelque sorte, l’ame de nos discours, & qu’il entre nécessairement dans chacune des propositions qui en sont les parties intégrantes. Voici l’origine de cette prérogative singuliere.

Nous parlons pour transmettre aux autres nos connoissances ; & nos connoissances ne sont rien autre chose que la vûe des êtres sous leurs attributs : ce sont les résultats de nos jugemens intérieurs. Un ju-