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voir & de fournir qu’en vertu d’un privilége ; comme sont les chariots, charrettes, fourgons, & chevaux de messageries, les coches & carrosses qui partent à des jours ou heures marquées pour certaines villes & provinces, & les caleches, chaises, litieres, & chevaux de poste & de louage. Les autres voitures publiques sont celles qu’il est permis à toutes sortes de personnes d’entretenir, d’avoir, & de louer, comment & à qui ils jugent à-propos ; de ce genre sont les haquets, charrettes sur ridelles, chariots de voituriers, rouliers, chasse-marée, &c.

Les voitures par eau sont en général tous les bâtimens propres à transporter par mer & sur les fleuves, rivieres, lacs, étangs, canaux, les personnes ou marchandises ; & ces bâtimens sont à voile ou à rame, ou tirés par des hommes ou par des animaux. On ne donne pas néanmoins ordinairement le nom de voitures aux navires, vaisseaux, frégates, & autres grands bâtimens de mer ; mais à ceux d’un moindre volume, & qui servent sur les rivieres ; tels que sont les coches d’eau, foncets, chalans, barques, grandes & petites alleges, toues, bachots, &c. sur lesquels on transporte les bois, vins, sels, épiceries, pierres, chaux, grains, charbons, ou d’une province à une autre, ou des provinces dans la capitale, ou dans les principales villes de commerce.

Les voitures par terre sont ou des machines inventées pour porter avec plus de commodité & en plus grande quantité les personnes, balles, ballots, caisses, & tonneaux de marchandises tirées par diverses sortes d’animaux, suivant les pays ; ou bien ces mêmes animaux qui servent de monture, & sur les bats ou le dos desquels on charge ces fardeaux proportionnés à leurs forces.

Les voitures de terre pour le transport des voyageurs & marchandises dont l’usage est le plus commun en France, & dans une grande partie de l’Europe, sont les carrosses, chariots, caleches, berlines, & coches à quatre roues, les chaises, charrettes, & fourgons qui n’en ont que deux. Ces machines roulantes sont tirées par des chevaux, des mulets, des mules, des bufles, & des bœufs. Dans le nord on se sert de trainaux en hiver, & lorsque la terre est couverte de neige. On y attelle ordinairement des chevaux, mais en Laponie ils sont traînés par des rennes qui ressemblent à de petits cerfs, & dans quelques cantons de la Sibérie par des especes de chiens accoutumés à cet exercice. Voyez Traineau.

Tous les animaux qu’on vient de nommer, à l’exception des rennes & des chiens de Sibérie, sont propres à la charge, & peuvent porter des marchandises, sur-tout les mules & mulets, qui sont d’un très grand secours dans les pays de montagnes, tels que les Alpes, les Pyrénées, &c.

Dans les caravanes de l’Asie & les cafilas de l’Afrique, on se sert de chameaux & de dromadaires. Voyez Chameau, Dromadaire, Caravane, Cafila.

En quelques endroits de l’Amérique espagnole, & sur-tout dans le Pérou & le Chily, les vigognes, les llamas, & les alpagnes, qui sont trois sortes d’animaux de la grandeur d’une médiocre bourique, mais qui n’ont pas tant de force, servent non-seulement pour le transport des vins & autres marchandises, mais encore pour celui des minerais & pierres métalliques des mines d’or & d’argent, si communes dans cette partie du nouveau monde.

Enfin, le palanquin porté sur les épaules de deux, quatre, ou six hommes, & la litiere à laquelle on attele deux mulets, l’un devant, l’autre derriere, sont aussi des voitures, mais seulement pour les voyageurs. La premiere est d’usage dans les Indes orientales, & la seconde dans presque toute l’Europe.

Voyez Palanquin & Litiere, Dictionnaire de Commerce.

Voiture s’entend aussi des personnes & des marchandises transportées.

On dit en ce sens une pleine voiture, lorsque les huit places d’un carrosse & les seize places d’un coche par terre sont remplies, & demi-voiture, quand il n’y en a que la moitié ; de même quand un roulier ne part qu’avec la moitié ou le tiers de la charge qu’il peut porter, on dit qu’il n’a pas voiture. Dictionnaire de Commerce, tome III. lettre V. page 661.

En termes de commerce de mer on dit, charge, chargement, cargaison. Voyez Charge, &c.

Voiture est encore le droit que chaque personne doit payer pour être menée en quelque lieu, ou celui qui est dû pour les effets & marchandises qu’on fait voiturer ; ce qui varie suivant la distance des lieux : les rouliers de Lyon font payer deux sols par livre de voiture.

Sur mer le terme de fret ou de nolis est plus en usage que celui de voiture. Voyez Fret & Nolis.

Voiture d’argent, signifie quelquefois une ou plusieurs charrettes, chariots, mulets, &c. chargés d’especes monnoyées ; comme lorsqu’on dit qu’il est arrivé à l’armée une voiture d’argent pour payer les troupes. Quelquefois ils signifient un baril de fer que les receveurs des tailles ou autres envoient par les coches ou messagers aux receveurs généraux.

Voiture de sel est une certaine quantité de muids de sel qui arrive ou sur des bateaux ou sur des charrettes, chariots, &c. pour remplir les greniers à sel, soit de dépôt, soit de distribution. On appelle aussi une voiture de drap, de vin, de blé, de sucre, &c. une charrete chargée de ces marchandises. Ibid.

Voiture, lettre de, (Commerce.) écrit que l’on donne à un voiturier, contenant la quantité & la qualité des pieces, caissés, balles & ballots de marchandises qu’on lui confie afin qu’il puisse se faire payer de ses salaires par celui à qui elles sont adressées ; & aussi que celui qui les reçoit, puisse juger si elles arrivent bien conditionnées, en nombre compétent, & à tems convenable. Voyez Lettre de voiture.

Dans le commerce de mer, on nomme charte partie & connoissement ou manifeste, l’écrit ou registre qui contient la liste des marchandises, & les noms & qualités des passagers dont un vaisseau marchand est chargé. Voyez Charte-partie, Connoissement, Manifeste, &c.

Les cochers des carrosses, coches publics, qui servent au transport des personnes, ont aussi leur feuille ou lettre de voiture, qu’ils sont obligés de montrer aux commis que leurs maîtres mettent souvent sur les routes pour faire connoître qu’ils n’ont pris personne en chemin, & qu’ils n’ont que la charge avec laquelle ils sont partis. Voyez Feuille, Ibid.

VOITURER, v. act. (Commerce.) transporter sur des voitures soit par eau soit par terre, des personnes, des hardes, des marchandises. Voyez Voiture.

VOITURIER, s. m. (Commerce.) celui qui voiture, qui se charge de transporter d’un lieu à un autre des personnes, des marchandises, des papiers de l’or, de l’argent, des vins, des bois, &c. même des prisonniers, moyennant un prix ou fixé par les supérieurs & magistrats de police, ou arbitraire & tel que le voiturier en convient avec les marchands ou autres particuliers qui veulent se servir de son ministere.

Sous ce nom sont compris non-seulement les voituriers proprement dits, ou rouliers, & les bateliers ou maîtres de barques & de bateaux, qui voiturent librement par toute la France, soit par terre, soit par eau ; mais encore les messagers, maîtres des coches,