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Que ces causes satisfont à tout, & n’ont point les inconvéniens de l’autre système ; puisqu’alors on raisonne sur des faits, & non sur des conjectures & des hypothèses.

Que la matiere est éternelle & nécessaire, & renferme nécessairement une infinité d’attributs, tant connus qu’inconnus. Voyez Matiere & Spinosisme.

Que l’homogénéité de ses molécules est une supposition absurde & insoutenable, par laquelle le système de l’univers devient une énigme inexplicable ; ce qui n’arrive pas si, en suivant l’expérience, on considere la mariere comme un aggrégat d’élémens hétérogènes, & par conséquent doués de propriétés différentes.

Que c’est une assertion téméraire de dire avec quelques métaphysiciens que la matiere n’a ni ne peut avoir certaines propriétés, comme si on ne lui en découvroit pas tous les jours de nouvelles qu’on ne lui auroit jamais soupçonnées. Voyez Ame, Pensée, Sensation, Sensibilité, &c.

Que la création du néant est une chose impossible & contradictoire. Voyez Création.

Que le cahos n’a jamais existé, à moins qu’on n’entende par ce mot l’état des molécules de la matiere au moment de leur coordination.

Que rigoureusement parlant, il n’y a point de repos absolu ; mais seulement cessation apparente de mouvement ; puisque la tendance, ou si l’on veut, le nisus, n’est lui-même qu’un mouvement arrêté.

Que dans l’univers la quantité de mouvement reste toujours la même ; ce qui est évident si on prend la somme totale des tendances & des forces vives.

Que l’accélération ou la retardation du mouvement dépend du plus ou moins de résistance des masses, & conséquemment de la nature des corps dans lesquels il est distribué ou communiqué.

Qu’on ne peut rendre raison de l’existence des corps mous, des corps élastiques, & des corps durs, qu’en supposant l’hétérogénéité des particules qui les composent. Voyez Dureté & Élasticité.

Que rien n’est mort dans la nature, mais que tout a une vie qui lui est propre & inhérente.

Que cette vérité si importante par elle-même, & par les conséquences qui en découlent, se trouve démontrée par les expériences que les Physiciens ont faites sur la génération, la composition, & la décomposition des corps organisés, & sur les infusions des plantes.

Que la plus petite partie d’un fluide quelconque, est peuplée de ces corps.

Qu’il en est vraissemblablement de même de tous les végétaux.

Que la découverte du polype, du puceron hermaphrodite, & tant d’autres de cette espece, sont aux yeux de l’observateur autant de clés de la nature, dont il se sert avec plus ou moins d’avantage, selon l’étendue ou la petitesse de ses vues.

Que la division que l’on fait ordinairement de la matiere en matiere vivante, & en matiere morte, est de l’homme & non de la nature.

Qu’il en faut dire autant de celle que l’on fait des animaux en genres, en especes, & en individus.

Qu’il n’y a que des individus.

Que le système universel des êtres ne représente que les différentes affections ou modes d’une matiere hétérogene, éternelle, & nécessaire.

Que toutes ces affections ou coordinations quelconques, sont successives & transitoires.

Que toutes les especes sont dans une vicissitude continuelle, & qu’il n’est pas plus possible de savoir ce qu’elles seront dans deux cens millions d’années, que ce qu’elles étoient il y a un million de siecles.

Que c’est une opinion aussi fausse que peu philo-

sophique, d’admettre sur l’autorité de certaines relations

l’extemporanéité de la formation de l’univers, de l’organisation & de l’animation de l’homme, & des autres animaux sensibles & pensans, des plantes, &c.

Que ce monde, ainsi que tous les êtres qui en font partie, ont peut-être été précédés par une infinité d’autres mondes & d’autres êtres qui n’avoient rien de commun avec notre univers & avec nous que la matiere dont les uns & les autres étoient formés ; matiere qui ne périt point, quoiqu’elle change toujours de forme, & qu’elle soit susceptible de toutes les combinaisons possibles.

Que l’univers & tous les êtres qui coéxistent passeront, sans que qui que ce soit puisse conjecturer ce que deviendront tous ces aggrégats, & quelle sera leur organisation.

Que ce qu’il y a de sûr, c’est que, quelle que soit alors la coordination universelle, elle sera toujours belle, & que comme il n’y a personne qui puisse accuser celle qui est passée, il est de même impossible qu’il y ait quelqu’être qui accuse celle qui aura lieu dans la succession de la durée, &c. &c.

Si on demande aux Unitaires quelle idée ils ont de la nature de Dieu, ils ne font nulle difficulté de dire qu’il est corporel & étendu.

Que tout ce qui n’est point corps est un pur néant. Voyez Matérialisme.

Que la spiritualité des substances est une idée qui ne mérite pas d’être réfutée sérieusement.

Que les plus savans peres de l’Eglise ne l’ont jamais connue.

Qu’ils ont tous donné un corps à Dieu, aux anges & aux ames humaines, mais un corps subtil, délié & aérien.

Que l’Ecriture favorise en mille endroits cette opinion.

Que le terme d’incorporel ne se trouve pas même dans toute la bible, ainsi que l’a remarqué Origene.

Que l’idée d’un Dieu corporel est si naturelle à l’homme, qu’il lui est impossible de s’en défaire tant qu’il veut raisonner sans préjugés, & ne pas croire sur parole ce qu’il ne comprend pas, & ce qui confond les idées les plus claires qui soient dans son esprit.

Qu’une substance incorporelle est un être contradictoire.

Que l’immensité & la spiritualité de Dieu sont deux idées qui s’entre-détruisent. Voyez Dieu.

Que l’immatérialisme est un athéisme indirect, & qu’on a fait de Dieu un être spirituel pour n’en rien faire du tout, puisqu’un esprit est un pur être de raison. Voyez Esprit.

Conséquemment à ces principes impies, ils soutiennent que l’homme est un.

Que le supposer composé de deux substances distinctes, c’est multiplier les êtres sans nécessité, puisque c’est employer à la production d’un effet quelconque le concours de plusieurs causes, lorsqu’une seule suffit. Voyez Ame.

Qu’il n’y a aucune différence spécifique entre l’homme & la bête.

Que l’organisation est la seule chose qui les différentie.

Que l’un & l’autre agissent & se meuvent par les mêmes lois.

Qu’après la mort leur sort est égal ; c’est-à-dire, que les élémens de matiere qui les composent se désunissent, se dispersent, & vont se rejoindre à la masse totale pour servir ensuite à la nourriture & à l’organisation d’autres corps. Voyez Immortalité, Animal, Animalité, &c.

Que s’il n’y a rien dans les mouvemens & les ac-