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de la longueur d’une demi-aune, & de la grosseur d’un doigt. Il devoit nécessairement avoir cette longueur, afin que le fœtus devenant fort, ne pût pas le rompre en s’étendant & se roulant de tout côté dans la matrice, & afin qu’il put servir à tirer plus aisément l’arrierefaix après l’accouchement.

La route que tient ce cordon de l’umbilic jusqu’au placenta n’est pas toujours la même. Quelquefois il va du côté droit au cou du fœtus, & l’ayant entouré, descend pour gagner le placenta. D’autres fois il va du côté gauche au cou, &c. D’autres fois il ne va point du tout au cou du fœtus, mais se porte d’abord un peu vers la poitrine, & tournant ensuite autour du dos, se rend de-là au placenta.

Après l’accouchement, on rompt ou on coupe le cordon près du nombril ; ensorte que ses vaisseaux, savoir les deux arteres, la veine & l’ouraque, deviennent entierement inutiles, & se desséchant, se bouchent & ne servent plus que de ligamens pour suspendre le foie.

Le docteur Boerhaave propose une question difficile ; savoir pourquoi tous les animaux mordent & déchirent le cordon umbilical de leurs fœtus, dès qu’ils sont nés, sans qu’aucun périsse d’hémorrhagie, tandis que l’homme perd tout son sang en peu de tems, si on ne fait une ligature au cordon avec soin, quoique le cordon soit plus long & plus entortillé dans l’homme, & que par conséquent il y ait moins à craindre l’hémorrhagie ; à cette question on a donné des solutions diverses. Tauvry accuse le luxe de l’homme & son sang plus dissous ; Chirac la lenteur avec laquelle les bêtes mordent, machent, & rompent le cordon.

D’autres ont allégué la grandeur des vaisseaux, qu’ils prétendent beaucoup plus vastes que dans les brutes ; mais Fanton a proposé par conjecture, le peu de nécessité de la ligature, & Schulzius nie que le fœtus humain perde son sang quoiqu’on ne lie pas le cordon. Dans ce cas Lamotte, Trew, &c. conviennent qu’il n’y a eu qu’une petite hémorrhagie. On trouve, il est vrai, des expériences contraires chez d’autres observateurs, tels que Mauriceau, Hildanus, Burgmann, Quellmalz, & Cramer, qui le sixieme ou le dixieme jour vit le sang sortir pour avoir bassiné le nombril d’une liqueur chaude. Au-reste, on ne peut mieux prouver combien les observateurs varient, & combien il est difficile d’asseoir un jugement sur leurs faits ; il n’y a qu’à rapporter les expériences de Carpi, qui a vû des fœtus de cheval & d’âne périr, après avoir rompu leur cordon.

UMBILICUS, (Lang. lat.) ce terme signifie le milieu d’une chose, le nombril. Dans Horace, ad umbilicum opus ducere, veut dire achever un ouvrage, y mettre la derniere main, parce que les Romains écrivant leurs ouvrages en long, sur des membranes ou écorces d’arbres, ils les rouloient après que tout étoit écrit, & les fermoient avec des bossettes de corne ou d’ivoire, en forme de nombril, pour les tenir fixes. (D. J.)

UMBILIQUÉE, coquille, (Conchyliolog.) coquille contournée en forme de nombril. Rondelet, ainsi qu’Aldrovandus, ont fait mal-à-propos un genre particulier des coquilles umbiliquées, car elles ne sont autre chose que les especes de limaçons, dont la bouche a dans ses environs une ouverture appellée en latin umbilicus, à-cause de sa ressemblance avec l’umbilic humain. (D. J.)

UMBLE, s. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) poisson du lac de Lausanne, qui ressemble au saumon par la forme du corps, par le nombre & la position des nageoires, par les visceres ; aussi a-t-on donné à ce poisson le nom de saumon du lac de Lausanne. Voyez Saumon. Il a la bouche grande, & garnie de dents, non-seulement aux deux mâchoires, mais encore sur

la langue ; la tête est de couleur livide ; les couvertures des ouies ont une belle couleur argentée, à l’exception de l’extrémité qui est d’un jaune doré. Ce poisson est très-bon à manger ; il a la chair seche & dure, sur-tout lorsqu’il est vieux ; il a jusqu’à deux coudées de longueur lorsqu’il a pris tout son accroissement. Rondelet, hist. des poissons des lacs, chap. xij. Voyez Poisson.

Umble-chevalier, (Hist. nat. Ichthiolog.) poisson qui se trouve aussi dans le lac de Lausane ; il ressemble entierement au saumon & à la truite saumonée pour la forme du corps, & par le nombre & la position des nageoires ; il ne differe de l’umble simplement dit, qu’en ce qu’il est plus grand. Le dos a une couleur mêlée de bleu & de noir, & le ventre est d’un jaune doré. La chair de ce poisson est dure & seche ; la tête passe pour la partie la plus délicate, comme dans le saumon. Rondelet, histoire nat. des poissons des lacs, chap. xiij. Voyez Poisson.

UMBRE, voyez Ombre.

UMBRIATICO, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, sur le Lipuda, à 20 milles au nord de Sancta-Severina, dont son évêché est suffragant. Longit, 34. 52. lat. 39. 27. (D. J.)

UMBRIE, Umbria, (Géog. anc.) contrée d’Italie, bornée au nord par le fleuve Rubicon, à l’orient par la mer Supérieure & par le Picenum ; au midi encore par le Picenum & par le Nar ; au couchant, par l’Etrurie, dont elle étoit séparée par le Tibre.

Cette contrée qui étoit partagée en deux par l’Apennin, est appellée par les Grecs ὀμβρικὴ, du mot ὄμβρος, imber, à cause des pluies qui avoient inondé le pays. Pline, l. III. ch. xiv. appuie cette origine ; Umbrorum gens antiquissima Italiae existimatur, ut quos Umbrios à gracis putent dictos, quod inundatione terrarum umbribus superfuissent.

Solin dit, que d’autres ont prétendu que les Umbres étoient descendus des anciens Gaulois : c’est ce qui ne seroit pas aisé à prouver. On pourroit dire néanmoins avec fondement, que les Sénonois habiterent la partie maritime de l’Umbrie, depuis la mer jusqu’à l’Apennin, & qu’ils se mêlerent avec les Umbres : mais les Sénonois ne furent pas les premiers des Gaulois qui passerent en Italie.

Quoi qu’il en soit, les auteurs latins ont tous écrit le nom de cette contrée par un u, & non par un o, comme les Grecs. Etienne le géographe en fait la remarque. Après avoir dit, le peuple étoit appellé Ὄμβρικοι, Ombrici ; & Ὄμβροι, Ombri ; il ajoute λέγονται Οὖμβροι παρὰ τοῖς Ἰταλικοῖς συγγραφεῦσι, dicuntur ab Italis scriptoribus Umbri.

L’Umbrie étoit la patrie de Properce, & il nous l’apprend lui-même au premier livre de ses élégies :

Pioxima supposito contingens Umbria campo
Me genuit terris fertilis uberibus.

On dit au pluriel, Umbri, & au singulier, Umber, selon ces vers de Catulle, in egnatium.

Si Urbanus esses, aut Sabinus, aut Tyburs
Aut parcus Umber, aut obesus Hetruscus.

On voit la même chose dans une inscription de Préneste, rapportée par Gruter, p. 72. n. 5.

Quos Umber sulcare solet, quos
Tuscus arator.

L’Umbrie maritime, ou du-moins la plus grande partie de ce quartier, qui avoit été habitée par les Galois Sénonois, conserva toujours le nom d’Ager gallicus ou gallicanus, après même que le pays eut été restitué à ses premiers habitans ; c’est ce qui fait que Tite-Live, l. XXXIX. c. lxiv. dit coloniæ duæ potentia in Picenum, Pisaurum in gallicum agrum deductæ sunt. (D. J.)