Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/761

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le verd se montre, s’étend, &, comme une gangrene, il gagne toute la capacité de la turquoise ; si dans les commencemens on abat la tache en retaillant la pierre, on arrête le progrès du mal, mais il est rare qu’il ne fasse bientôt de nouveaux ravages. Il y a toute apparence qu’une turquoise qui se gâte ainsi, porte dans elle-même quelque partie métallique, quelque particule de cuivre qui se dissout, & qui se chargeant de verd-de gris corrompt la couleur de la pierre. (D. J.)

TURREBA, s. f. (Hist. nat. Botan. exot.) nom donné par les peuples de Guinée & d’autres parties de l’Afrique à une espece d’excellente truffe, qu’ils trouvent en abondance dans leurs déserts stériles, à cinq ou six pouces sous le sable. (D. J.)

TURRIS-FERRATA, (Géog. anc.) lieu de la Pannonie, aux environs de Sirmium. Aurelius Victor nous apprend que c’est l’endroit où l’empereur Probus fut assassiné. (D. J.)

TURRITIS, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante qui ne differe de la julienne qu’en ce que ses siliques sont applaties, & du geroflier qu’en ce que ses semences ne sont pas bordées ; enfin on le distingue du chou par le port de la plante & par ses siliques applaties. Voyez Julienne, & Chou. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort distingue sept especes de ce genre de plante. La plus commune nommée turritis vulgaris, en anglois the large tower-mustard, a la racine blanche, fibrée comme celle du plantain ; elle pousse de cette même racine des feuilles oblongues ; velues, sinueuses en leurs bords, s’épandant çà & là par terre ; il s’éleve de leur milieu une tige à la hauteur de deux piés, ronde, ferme, solide, revêtue de petites feuilles pointues comme celles de la petite oseille, sans queues ; ses sommités ressemblent à celles de la juliane ; elles soutiennent de petites fleurs blanches à quatre pétales, disposées en croix : quand ces fleurs sont passées, il leur succede des gousses fort applaties qui renferment des semences menues, rougeâtres, âcres au goût. Cette plante croît aux lieux montagneux, pierreux, sablonneux, fleurit en Juin, & passe pour être incisive & apéritive. (D. J.)

TURSAN, le, (Géog. mod.) pays de France dans la Gascogne. Il est borné au nord par les landes, au midi par le Béarn, au levant par le bas Armagnac, & au couchant par la Chalosse. Il comprend la petite ville d’Aire & celle de S. Sever, qu’on surnomme capitale de Gascogne. On appelle en latin le Tursan, Tursanum, & il a toujours eu les mêmes vicomtes que ceux de Marsan. Il vint au pouvoir des seigneurs de Béarn, comme plusieurs autres vicomtés du voisinage. (D. J.)

TURSI, (Géog. mod.) en latin vulgaire Tursia ; petite ville d’Italie au royaume de Naples, dans la Basilicate, entre les rivieres d’Agri & de Sino, avec un évêché qui étoit auparavant à Anglona. Son terroir produit de l’huile, de l’anis, du safran & du coton. Long. 34. 8. lat. 40. 20.

TURTRELLE, voyez Tourterelle.

TURULIS, (Géog. anc.) fleuve de l’Espagne tarragonoise. Ptolomée, liv. II. ch. vj. marque son embouchure dans le pays des Hédétains, entre l’embouchure du Pallantia & la ville Dianium. (D. J.)

TURUNTUS, (Géog. anc.) fleuve de la Sarmatie européenne, selon Ptolomée, liv. III. chap. v. qui marque son embouchure entre celle du Rubon & celle du Chersinus. Cellarius, geogr. antiq. l. II. c. vj. croit que c’est aujourd’hui la riviere de Néva, appellée Weliko par les Moscovites.

TURZO, ou TURZA, (Géog. anc.) ville de l’Afrique propre, au midi d’Adrumete, selon Ptolemée, liv. IV. c. iij.

TUSCA, (Géog. anc.) fleuve d’Afrique aux con-

fins de la Numidie, selon Pline, l. V. c. iij. Le nom

moderne est Guav-il-barbar, selon Jean Léon. Ce fleuve séparoit la Numidie de l’Afrique propre, où commence aujourd’hui l’état de Tunis. (D. J.)

TUSCULANE, s. f. (Littérat.) c’est le titre que Cicéron a donné à un de ses ouvrages qu’il a nommé questions tusculanes, qui sont des disputes sur divers lieux communs de la philosophie morale. Comme la maison de campagne où l’on suppose que cet ouvrage fut composé, ou qu’on regarde comme la scène des disputes qu’il contient, se nommoit Tusculum, l’auteur en a pris occasion d’appeller ce recueil questions tusculanes. C’est ainsi que M. Huet, alors abbé d’Aulnay, & depuis évêque d’Avranches, a donné à un de ses livres qu’il avoit composé dans cette abbaye, le nom de quæstiones alnetanæ. Au reste, les tusculanes de Cicéron forment cinq livres, dont le premier est sur le mépris de la mort, le second sur la patience ou la force d’esprit pour supporter les afflictions, le troisieme sur l’adoucissement des peines, le quatrieme sur les autres passions de l’ame, & le cinquieme enseigne que la vertu suffit pour rendre l’homme heureux. M. l’abbé d’Olivet, de l’académie françoise, a donné une fort belle traduction des tusculanes.

TUSCULUM, (Géog. anc.) ville d’Italie dans le Latium, au nord de la ville d’Albe, à douze lieues de Rome, bâtie au haut d’une colline fort élevée par Télégone ils d’Ulysse & de Circé, dit Silius Italicus. Sa situation sur une colline lui a fait donner par Horace le surnom de supernum :

Superni villa candens Tusculi.

Strabon & Plutarque font le nom de cette ville de deux syllabes, & écrivent Τοῦσκλον ; Ptolomée écrit Τούσκουλον, & tous les Latins Tusculum ; c’étoit un municipe auquel Cicéron donne l’épithète de clarissimum.

Marcus Porcius, l’un des plus grands hommes de l’antiquité, naquit l’an de Rome 519 à Tusculum. II commença à porter les armes à l’âge de 17 ans, & il fit paroître non-seulement beaucoup de courage, mais le mépris des voluptés, & même de ce qu’on nomme les commodités de la vie. Il étoit d’une sobriété extraordinaire, & il n’y avoit point d’exercice corporel qu’il regardât au-dessous de lui. Au retour de ses campagnes, il s’occupoit quelquefois à labourer ses terres, équipe comme ses esclaves, se mettant à table avec eux, mangeant du même pain, & buvant du même vin qu’il leur donnoit. Mais en même tems il ne négligeoit pas la culture de l’esprit, & sur-tout l’art de la parole. Il vint à Rome, fut choisi tribun militaire par les suffrages du peuple, ensuite on le fit questeur, & de degré en degré il parvint au consulat & à la censure.

Sa sagesse lui fit donner le surnom de Caton, qui passa à ses descendans. Pour le distinguer des autres du même nom, on l’appelle tantôt priscus, l’ancien, parce qu’il fut le chef de la famille Porcia, & tantôt censorius, censeur, à cause qu’il exerça la censure avec une grande réputation de vertu & de sévérité : Horace l’appelle intonsus, parce que les anciens Romains ne se faisoient couper ni les cheveux, ni la barbe avant l’an de Rome 454, comme il paroît par les médailles consulaires qui précedent ce tems-là.

De ses deux femmes, Licinie & Salonie, il eut deux fils qui firent les branches des Liciniens & des Saloniens. Caton d’Utique étoit de la seconde branche, & l’arriere-petit-fils de Caton le censeur. Ce censeur n’avoit qu’un petit héritage dans le pays des Sabins ; mais dans ce tems-là, dit Valere Maxime, chacun se hâtoit d’augmenter le bien de sa patrie & non pas le sien, & on aimoit mieux être pauvre dans un empire riche, que d’être riche dans un empire pauvre.