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est plus courte. Il en est de ces différentes largeurs des sillons comme de la grandeur des degrés de deux différens cercles, les plus grands degrés se trouvant dans celui dont le rayon est plus grand. Ils sont plus nombreux, parce que les fils en sont plus fins, & qu’il y en a un plus grand nombre à étendues égales de la peau de l’un & de l’autre, ensorte qu’ayant moins de vuide sur l’animal à laine fine entre les fils pour se rapprocher & s’unir, il faut nécessairement qu’ils se mettent, pour ainsi dire, en plus petits floccons qu’en l’animal qui les a plus gros & plus distans entr’eux. Le plus de finesse des fils & leur plus grande proximité étant plus propre à arrêter la transpiration appellée le suint ; la laine en est plus pesante, quoique moins longue. Ce suint est si abondant, surtout dans le printems, qu’il se distingue singulierement sur l’animal à laine fine vers la jointure de ses épaules ; on le voit alors comme couler le long de la laine qu’il réduit là en une forme appellée par les bergers des aiguillettes, ressemblante assez à la frisure que les Perruquiers appellent en béquille. Article de M. Barthés le pere, de la société royale des Sciences de Montpellier.

TROUSSE, s. f. (Art milit.) espece de carquois où les arbalétriers & les archers mettoient leurs fleches. Le pere Daniel rapporte, dans l’histoire de la milice françoise, un mémoire du tems de Louis XI. concernant l’armure des francs archers, par lequel on voit que leurs trousses devoient être garnies au moins de dix-huit traits. Voyez Carquois. (Q)

Trousse, (Art milit.) grosse & longue botte de fourrage verd du poids de cinq à six cens livres, qu’on fait dans les fourrages en campagne pour la nourriture des chevaux dans le camp.

Chaque cheval qui revient du fourrage, est chargé d’une trousse & du cavalier qui le mene, qui est assis ou achevalé dessus. Voyez Fourrage. (Q)

Trousses de queues de cheval, en terme d’Aiguilletier, est un ruban de laine fendu en deux, dont chaque partie se termine par une touffe de laine éfilée & d’une autre couleur, qui est attachée au ruban par un fer à embrasser. Voyez Fer à embrasser.

Trousse, s. f. (terme de Barbier.) espece d’étui de cuir ou d’étoffe à deux, à trois ou à quatre divisions, dans l’une desquelles on met les rasoirs, dans une autre les peignes, dans une autre les ciseaux, &c. (D. J.)

Trousses, s. f. pl. (Charpent.) ce sont des cordages de moyenne grosseur dont on se sert pour lever de petites pieces de bois & autres médiocres fardeaux. (D. J.)

Trousse, s. f. (Fendrie.) c’est ainsi qu’on appelle chaque assemblage de taillans ou de couteaux de la machine à fendre le fer.

Trousses, s. f. (terme de mode.) espece de haut-de-chausses qui ne pend point en-bas, & qui serre les fesses & les cuisses ; elles font partie de l’habit de cérémonie des chevaliers de l’ordre ; c’étoit-là le haut-de-chausse qu’on portoit au seizieme siecle. (D. J.)

TROUSSEAU, s. m. (Gram.) nippes qu’une mere donne à sa fille, quand elle la marie, au-delà de sa dot. On en use de même avec celles qui entrent en religion.

On dit un trousseau de clés, pour un paquet de clés enfilées dans une corde ou un anneau qu’on appelle clavier.

Trousseau, s. m. (terme de Fondeur.) longue piece de bois taillée en cône, c’est-à-dire, plus menue par un bout que par l’autre, sur laquelle on forme les moules des pieces de canon. (D. J.)

Trousseau, (terme d’ancien monnoyage.) signifioit, lorsque l’on monnoyoit au marteau, le coin où étoit l’empreinte de l’effigie, laquelle fut longtems précédée par une croix.

Le trousseau étoit long d’environ sept à huit pouces ; après avoir posé le flanc sur la pile avec la main gauche, on posoit le trousseau sur le flanc à plomb des empreintes, & le tenant perpendiculairement de la main droite, on donnoit plusieurs coups sur ce trousseau avec une espece de marteau ou maillet de fer ; en conséquence le flanc se trouvoit monnoyé des deux côtés ; mais si quelque endroit étoit mal empreint, on réitéroit les coups de marteaux jusqu’à ce que le flanc fût monnoyé, autant bien que cette mauvaise manutention le pouvoit permettre. Voyez Pile.

TROUSSE-QUEUE, s. m. (Maréchal.) on appelle ainsi une espece de sac ou d’enveloppe dans laquelle on enferme la queue des chevaux de carrosse qui ont tous leurs crins, pour que la queue ne se crotte ni ne se salisse point. On met aussi un trousse-queue aux chevaux sauteurs pour la tenir en état, & empêcher qu’ils n’en jouent. Il est aussi long que le tronçon de la queue, & s’attache par des contresanglots au culeron de la croupiere & à des courroies qui passent entre les cuisses du cheval & le long des flancs jusqu’aux contresanglots de la selle.

TROUSSEQUIN, s. m. (terme de Sellier.) piece de bois cintré qui s’éleve sur l’arçon du derriere d’une selle, & qui sert à en affermir les battes. (D. J.)

TROUSSER, v. act. (Gram.) relever, replier, remonter plus haut. On trousse ou mieux retrousse un habit trop long ; une femme troussée est plus immodeste qu’une femme nue.

Trousser, terme de galere, (Marine.) c’est se courber en-dedans.

Trousser, (Maréchal.) se dit d’un cheval qui a des éparvins secs qui lui font trop lever les jarrets, à quelque allure que ce soit.

Trousser, en terme de Cuisine, c’est appliquer les pates d’un animal sur sa cuisse, ou les passer dans un trou qu’on fait près de chacune d’elles, & amener le bout des aîles sur son dos en les retournant.

TROUTE, voyez Truite.

TROUVAILLE, s. f. (Gram. & Jurisprud.) dans l’ancienne coutume d’Orléans signifie épave. Voyez Épave.

Droit de trouvaille, dans les coutumes de la mer, est la part qui appartient à ceux qui ont trouvé ou sauvé des marchandises perdues. (A)

TROUVER, RENCONTRER, (Synon.) nous trouvons, dit l’abbé Girard, les choses inconnues, ou celles que nous cherchons. Nous rencontrons les choses qui sont à notre chemin, ou qui se présentent à nous, & que nous ne cherchons point.

Les plus infortunés trouvent toujours quelques ressources dans leurs disgraces. Les gens qui se lient aisément avec tout le monde, sont sujets à rencontrer mauvaise compagnie.

Trouver se dit dans un sens très-étendu au figuré ; il signifie quelquefois inventer. Newton a trouvé le calcul des fluxions ; d’autrefois il signifie donner son jugement sur quelque chose. MM. de Port-Royal trouvent que Montagne est plein de vanité. (D. J.)

TROUVERE, s. m. (Poés. prov.) vieux mot françois, synonyme de troubadour. Voyez Troubadour.

C’est le nom que l’on donnoit autrefois, & que l’on donne encore aux premiers poëtes provençaux, inventeurs des syrventes, satyres & chansons, que les menétriers alloient chanter chez les grands. On appelloit aussi les trouveres trouvours & trouveurs.

Le président Fauchet nous apprend qu’il y avoit autrefois en France des personnes qui divertissoient le public sous les noms de trouveres, chanteres, conteurs, jongleurs ou jugleurs, c’est-à-dire menestriers chantant avec la viole. Les trouveres composoient les chansons, & les autres les chantoient ; ils s’assem-