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double ; & je ne connois point d’anciennes musiques où les tems soient divisés en trois parties égales.

Les modernes ont aussi plusieurs mesures à trois tems de différentes valeurs, dont la plus simple se marque par un 3, & se remplit d’une blanche pointée, faisant une noire pour chaque tems. Toutes les autres sont des mesures appellées doubles, à cause que leur signe est composé de deux chiffres. Voyez Mesures.

La seconde espece de triple est celle qui se rapporte, non au nombre des tems de la mesure, mais à la division de chaque tems en raison sous-triple. Cette mesure est, comme je viens de le dire, de moderne invention, & peut se subdiviser en deux classes ; mesures à deux tems, & mesures à trois tems ; dont les dernieres peuvent être considerées comme mesures doublement triples ; savoir 1°. par les trois tems de la mesure, & 2°. par les trois parties égales de chaque tems.

Les triples de ces dernieres especes s’expriment toutes en mesures doubles.

Voici donc une récapitulation de toutes les mesures triples en usage actuellement : celles que j’ai marquées d’une étoile, sont moins usitées en France.

1°. Triples de la premiere espece, c’est-à-dire dont la mesure est à trois tems, & chaque tems divisé selon la raison soudouble,

* * *
3. 3. 3. 3. 3. 3.
1 2 4 8 16

2°. Triples de la seconde espece, c’est-à-dire dont la mesure est à deux tems, & chaque tems divisé selon la raison sous-triple,

* *
6. 6. 6. 12. 12.
2 4 8 8 16

Ces deux dernieres mesures se battent à quatre tems.

3°. Triples composées, c’est à-dire dont la mesure est à trois tems, & chaque tems encore divisé en trois parties égales,

* *
9. 9. 9.
4 8 16

Voyez au mot Mesure, Planche & fig. des exemples de la plûpart de ces mesures triples. (S)

Triple droit, (Jurisprud.) c’est lorsqu’on paye trois fois le droit. Le double ou triple droit est une peine ordonnée par les édits bursaux, en cas de contravention. (A)

Triple nécessité, (Hist. mod.) suivant les anciennes coutumes d’Angleterre, c’étoit une taxe dont aucune terre ne pouvoit être exempte, & qui avoit pour objet la milice ou la nécessité de fournir des soldats, la réparation des ponts, & l’entretien des châteaux ou forteresses.

Quand les rois donnoient à l’Eglise des terres qu’ils exemptoient de toute charge & de tout service séculier, ils faisoient insérer ces trois exceptions dans les lettres, après la clause de l’exemption. Voyez Pontenage.

TRIPLÉ, adj. (Mathém.) on appelle ainsi le rapport que des cubes ont entr’eux : les solides semblables sont en raison triplée de leurs côtés homologues, c’est-à-dire, comme les cubes de ces côtés ; il ne faut pas confondre une raison triplée avec une raison triple. La raison triple est le rapport d’une grandeur à une autre grandeur qu’elle contient ou dans laquelle elle est contenue trois fois ; or il est très-évident que le rapport des cubes, qui est la raison triplée, est fort différent ; ainsi le rapport de 1 à 8 est une raison triplée de 1 à 2 ; & le rapport de 3 à 1 est une raison triple. (E)

Triplé, adj. en Musique, un intervalle triplé est celui qui est porté à sa triple-octave. Voyez Intervalle, Octave. (S)

TRIPLICITÉ ou TRIGONE, chez les Astrologues, est une division des signes qu’ils ont imaginée & introduite dans leur art, suivant le nombre des élémens. Chaque division contient trois signes. Voyez Signe.

On confond souvent triplicité avec trine aspect ; cependant à parler strictement, ce sont deux choses fort différentes ; car triplicité ne se dit que par rapport aux signes, & au contraire trine aspect s’entend proprement des planetes. Voyez Trine.

Les signes de triplicité sont ceux qui sont de même nature, & non pas ceux qui sont en trine aspect. Ainsi le lion, le sagittaire & le belier sont des signes de triplicité, parce qu’on suppose que ces signes sont tous de feu.

TRIPLIQUE, (Jurisprud.) est une troisieme réponse qui est faite à quelque plaidoyer ou écrit ; les défenses sont la premiere réponse à la demande ; les répliques sont la réponse aux défenses ; les dupliques sont la réponse aux répliques, & les tripliques la réponse aux dupliques.

L’ordonnance de 1667 a abrogé l’usage des dupliques & tripliques, au moyen de quoi, si l’on en fait encore quelquefois, elles ne doivent pas passer en taxe. Voyez Demande, Défenses, Dupliques, Réplique, Frais, Salaires, Taxe. (A)

TRIPODISQUE, le, (Géogr. anc.) Tripodiscus, village du Peloponnese dans l’Attique, sur le mont Géranien, avec un temple dédié à Apollon. Pausanias, l. I. c. xlij. rapporte ainsi l’histoire.

Sous le regne de Crotopus, roi d’Argos, Psamathé sa fille accoucha d’un fils qu’elle avoit eu d’Apollon ; & pour cacher sa faute à son pere qu’elle craignoit, elle exposa cet enfant. Le malheur voulut que les chiens des troupeaux du roi ayant trouvé cet enfant, le dévorassent. Apollon irrité suscita contre les Argiens le monstre Poene, monstre vengeur qui arrachoit les enfans du sein de leurs meres & les dévoroit. On dit que Coræbus touché du malheur des Argiens, tua ce monstre ; mais la colere du dieu n’ayant fait qu’augmenter, & une peste cruelle désolant la ville d’Argos, Corœbus se transporta à Delphes pour expier le crime qu’il avoit commis en tuant le monstre. La Pythie lui défendit de retourner à Argos, & lui dit de prendre dans le temple un trépié, & qu’à l’endroit où ce trépié lui échapperoit des mains, il eût à bâtir un temple à Apollon, & à y fixer lui-même sa demeure. Corœbus s’étant mis en chemin, quand il fut au mont Géranien, sentit tomber son trépié, & là il bâtit un temple à Apollon, avec un village qui de cette particularité fut nommé le Tripodisque. (D. J.)

TRIPOLI, s. m. ou Terre de Tripoli, (Hist. nat. Minéralogie.) en latin Tripela, terra Tripolitana. C’est ainsi qu’on nomme une terre argilleuse & ferrugineuse qui est rude au toucher, comme du sable, qui devient plus dure & plus compacte dans le feu, ce qui caractérise les argilles, & qui est ou grise, ou blanche, ou jaunâtre.

Le nom qu’on donne à cette terre, vient de ce qu’autrefois on en tiroit beaucoup des environs de la ville de Tripoli en Barbarie ; mais aujourd’hui on en trouve dans toutes les parties de l’Europe qui ne le cede en rien à celle de Barbarie.

La rudesse des parties qui composent le tripoli, fait qu’on l’emploie avec succès pour polir les métaux, le verre & les glaces. Les Fondeurs s’en servent aussi pour faire des moules, parce que cette terre est très-propre à résister à l’action du feu. Pour que le tripoli soit d’une bonne qualité, il faut qu’il soit