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Ject. ij. a donné la méthode pour la transmutation d’une courbe en une autre, & se sert avec beaucoup d’élégance de cette transmutation pour résoudre différens problèmes qui ont rapport aux sections coniques.

On peut remarquer que le problème de M. Newton sur la transmutation des courbes, est le même que celui que M. l’abbé de Gua a résolu dans les usages de l’analyse de Descartes, sur la courbe ou l’ombre que forme la projection d’une courbe quelconque exposée à un point lumineux. (O)

Transmutation, (Alchimie.) voyez Hermétique, Philosophie, & Pierre philosophale.

TRANSPARENCE, ou DIAPHANÉITÉ, s. f. en Physique, signifie la propriété en vertu de laquelle un corps donne passage aux rayons de lumiere.

La transparence des corps a été attribuée par quelques auteurs au grand nombre de pores ou interstices qui se trouvent entre les particules de ces corps ; mais cette explication, selon d’autres, est extrèmement fautive ; parce que la plûpart des corps opaques & solides, que nous connoissons dans la nature, renferment beaucoup plus de pores que de matiere, ou du-moins beaucoup plus de pores qu’il n’en faut pour donner passage à un corps aussi délié & aussi subtil que celui de la lumiere. Voyez Pore.

Aristote, Descartes, &c. attribuent la transparence à la rectitude des pores ; ce qui, selon eux, donne aux rayons de lumiere le moyen de passer à-travers les corps, sans heurter contre les parties solides, & sans y subir aucune réflexion : mais Newton prétend que cette explication est imparfaite, puisque tous les corps renferment une quantité de pores, qui est plus que suffisante pour transmettre ou faire passer tous les rayons qui se présentent, quelque situation que ces pores puissent avoir les uns par rapport aux autres.

Ainsi la raison pour laquelle les corps ne sont pas tous transparens, ne doit point être attribuée selon lui, au défaut de rectitude des pores, mais à la densité inégale de leurs parties, ou à ce que les pores sont remplis de matieres hétérogenes, ou enfin, à ce que ces pores sont absolument vuides : car dans tous ces cas, les rayons qui y entrent subissant une grande variété de réflexions & de réfractions, ils se trouvent continuellement détournés de côté & d’autre, jusqu’à ce que venant à tomber sur quelques parties solides du corps, ils se trouvent enfin totalement éteints & absorbés. Voyez Rayon & Réflexion.

C’est pour ces raisons, selon Newton, que le liége, le papier, le bois, &c. sont des corps opaques, & qu’au contraire le diamant, le verre, le talk, sont des corps transparens : la raison, selon lui, est que les parties voisines dans le verre & le diamant, sont de la même densité ; de sorte que l’attraction étant égale de tous les côtés, les rayons de lumiere n’y subissent ni réflexion, ni réfraction ; mais ceux qui entrent dans la premiere surface de ces corps, continuent leur chemin jusqu’au bout sans interruption, excepté le petit nombre de ceux qui heurtent les parties solides : au contraire les parties voisines dans le bois, le papier, &c. different beaucoup en densité ; de sorte que l’attraction y étant fort inégale, les rayons y doivent subir un grand nombre de réflexions & de réfractions ; par conséquent les rayons ne peuvent passer à-travers ces corps, & étant détournés à chaque pas qu’ils font, il faut qu’ils s’amortissent à la fin, & qu’ils se perdent totalement. Voyez Opacité. Chambers.

TRANSPARENT, c’est la même chose que diaphane. Voyez Diaphane, &c. Ce mot est formé du latin pellucco, je brille à-travers.

Transparent, est opposé au mot opaque. Voyez Opaque.

TRANSPIRATION, s. f. en Médecine, action par laquelle les humeurs superflues du corps sont poussées dehors par les pores de la peau. Voyez Évacuation, Pore & Peau.

Il y a dans la peau une infinité de ces pores de la transpiration, dont les plus considérables sont les orifices des conduits qui viennent des glandes miliaires. Voyez Glande & Miliaire.

Quand la transpiration est assez abondante pour être apperçue par les sens, comme dans la sueur, on l’appelle la sensible transpiration ; quand elle échappe aux sens, comme dans l’état ordinaire du corps, elle prend le nom d’insensible transpiration. Voyez Sueur.

Lorsqu’on se sert simplement, & sans aucune addition ou adjectif, du mot transpiration, il s’entend toujours de l’insensible transpiration.

Transpiration s’emploie aussi par quelques auteurs pour signifier l’entrée de l’air, des vapeurs, &c. dans le corps par les pores de la peau. Voyez Air.

Cardan explique par le moyen de cette transpiration le phénomene prodigieux d’une femme, dont les urines de chaque jour pèsoient 27 livres ; quoique tous les alimens qu’elle prenoit, tant secs que liquides, n’allassent pas au-delà de quatre livres. Le docteur Baynard croit qu’il y a dans les hydropiques quelque transpiration semblable. Voyez Hydropisie.

Les anciens, Hippocrate, Galien, &c. connoissoient cette espece d’évacuation ; mais Sanctorius fut le premier qui la réduisit à quelques regles déterminées. On lui est redevable de l’invention & de la perfection de la doctrine de l’insensible transpiration.

Les vaisseaux par lesquels se fait la transpiration, s’ouvrent obliquement sous les écailles de l’épiderme ou de la surpeau, ils sont d’une petitesse inconcevable. Suivant un calcul de Leewenhoeck, il paroît que l’on peut couvrir avec un grain commun de sable, cent vingt-cinq mille embouchures ou orifices extérieurs de ces vaisseaux. Voyez Cuticule ou Épiderme, Glande miliaire, &c.

De chaque point du corps, & par toute l’étendue de la cuticule, il transude continuellement une humeur subtile qui sort de ces vaisseaux.

Des expériences bien confirmées ont appris que la quantité de matiere poussée au-dehors par cette voie, étoit plus considérable que celle qui se rendoit par toutes les autres. Voyez Selle, Urine, &c.

En supposant une diete modérée, un âge moyen, & une vie commode, Sanctorius a trouvé en Italie que la matiere de l’insensible transpiration étoit les de celle que l’on prenoit pour aliment ; de-sorte qu’il n’en restoit que les pour la nutrition, & les excrémens du nez, des oreilles, des intestins, de la vessie. Voyez Excrément.

Le même auteur démontre, que l’on perd en un jour par l’insensible transpiration autant qu’en quatorze jours par les selles ; & en particulier, que pendant la durée de la nuit, on perd ordinairement seize onces par les urines, quatre par les selles, & plus de quarante par l’insensible transpiration.

Il observe aussi qu’un homme qui prend dans un jour huit livres d’alimens, en mangeant & en buvant, en consume cinq par l’insensible transpiration : quant au tems, il ajoute que cinq heures après avoir mangé, cet homme a transpiré environ une livre ; depuis la cinquieme heure jusqu’à la douzieme, environ trois livres ; & depuis la douzieme jusqu’à la seizieme, presque la moitié d’une livre.

La transpiration insensible surpasse donc de beaucoup toutes les évacuations sensibles prises ensemble. Et il suit des expériences de Sanctorius, qu’on perd davantage en un jour par la transpiration, qu’en