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dre renfermée dans la lumiere ; parce que son action pourroit faire sauter le boute-feu des mains du canonnier & le blesser.

Pour mettre le feu aux mines, on se sert aussi d’une traînée de poudre : on découvre l’extrémité de l’auge ou de l’auget qui renferme le saucisson d’environ six pouces ; on fait cette ouverture à deux piés en-dedans de la galerie de la mine, afin que la pluie & que l’eau qu’on pourroit jetter dessus du haut du parapet n’empêche point la poudre du saucisson de prendre feu : on fait ensuite une traînée de poudre pour avancer vers l’air, où le feu est naturellement plus agité ; on prend ensuite un morceau de papier, sur les extrémités duquel on met de petites pierres ou quelque chose de pesant, sans presser ou étouffer la poudre ; au milieu de ce papier on fait un trou pour passer le boulon, qui est un morceau d’amadou le plus épais & le plus moëlleux que l’on peut trouver. On lui donne un pouce ou environ de longueur, selon le tems dont on a besoin pour se retirer : on a attention que ce morceau d’amadou passe bien au milieu de la traînée de poudre que l’on écrase en poulevrin ; s’il touchoit à terre il ne mettroit point le feu à la poudre, attendu qu’il ne l’allume que lorsqu’il est consommé. Le papier sert à empêcher que quelque étincelle ne mette trop promptement le feu à la poudre. Les pierres que l’on met dessus sont pour le tenir dans une situation fixe. On a un autre morceau d’amadou de même dimension que le premier que l’on tient à la main, & auquel on met le feu en même tems qu’à celui qui doit le mettre à la mine ; il sert à faire connoître le moment où la mine doit faire son effet. Voyez Témoin. (Q)

Trainée, en terme de Vénerie, espece de chasse du loup, du renard, &c. qu’on fait en l’attirant dans un piege ou trape, par le moyen de l’odeur d’une charogne qu’on traîne dans une campagne, ou le long d’un chemin, jusqu’au lieu de la trape. (D. J.)

TRAINEMENT, s. m. (Hist. nat.) c’est ainsi qu’on nomme la progression des limaçons, des vers de terre, des sangsues, & autres animaux semblables, dont le mouvement n’est guere plus composé que celui des huitres dans son principe, quoiqu’il ait un effet plus diversifié. Ce mouvement consiste dans une contraction, par laquelle le corps long & étroit de l’animal s’accourcit, rentre en lui-même, & se ralonge ensuite. Dans cette maniere d’aller, une moitié du corps demeure appuyée sur la terre, s’y affermit par sa pesanteur, pendant que l’autre s’alonge & s’avance en glissant, puis s’affermit à son tour, & retire à elle la partie de derriere, à-peu-près de la même maniere que nous appuyant sur un pié, nous avançons l’autre, sur lequel nous nous appuyons ensuite. (D. J.)

TRAINER, v. act. (Gram.) c’est tirer après soi quelque chose qui porte à terre, ou immédiatement ou sur une machine interposée. On dit il faut tant de chevaux pour traîner ce fardeau ; il a traîné trois ans de suite la robe au palais ; traîner sur la claie ; traîner un filet ; se traîner ; traîner une troupe de femmes après soi ; il traînera long-tems de cette maladie ; cette affaire traînera en longueur ; son style traîne ; &c. Voyez les articles suivans.

Traîner, (coupe des Pierres) c’est faire méchaniquement une ligne parallele à une autre ligne donnée droite ou courbe, en traînant le compas ouvert de l’intervalle requis d’une ligne à l’autre, de maniere qu’une de ses pointes parcoure la ligne donnée, & que l’autre pointe, ou plutôt la ligne qu’on peut imaginer passer par les deux pointes, soit toujours perpendiculaire, ou également inclinée à la ligne donnée, ou à sa tangente si elle est courbe. Les menuisiers, au-lieu de compas, se servent pour cette opération d’un instrument qu’ils appellent trusquin. Voyez ce mot.

Traîner en plâtre, v. act. (Archit.) c’est faire une corniche, ou un cadre, avec le calibre qu’on traîne sur deux regles arrêtées, en garnissant de plâtre clair ce cadre ou cette corniche, & les repassant à plusieurs fois, jusqu’à ce que les moulures ayent leur contour parfait. (D. J.)

Traîner, v. n. terme de jeu de Billard ; c’est conduire quelque tems sa bille sur le tapis, sans qu’elle quitte le bout de l’instrument, & c’est une chose permise en général ; mais il est défendu de traîner, quand la bille tient du fer ; pour lors il faut jouer de bricole, ou donner un coup sec. (D. J.)

TRAINEUR, (Art milit.) soldat qui quitte son rang par paresse, maladie, foiblesse, ou quelqu’autre raison, & reste en arriere dans les marches. Les paysans ont tué les traîneurs.

Traîneurs, (Commerce) ceux qui conduisent des traîneaux. Ce terme est principalement en usage en Hollande. Ils sont établis par les magistrats lorsque les eaux sont fermées, c’est-à-dire, lorsque les canaux étant glacés, les barques publiques ne peuvent plus y être conduites ; ils ont les mêmes privileges & franchises que les maîtres routiers & les maîtres ordinaires de vaisseaux. Voyez Routier, dict. de Com.

TRAION, s. m. (Maréchal.) bout du pis d’une jument, qu’on presse pour en faire sortir le lait.

TRAIRE, v. act. (Gram. œcon. rust.) c’est tirer le lait aux vaches, aux brebis, aux chevres.

TRAIT, s. m. (Archit.) ligne qui marque un repaire ou un coup de niveau. On donne aussi ce nom, dans la coupe des pierres, à toute ligne qui forme quelque figure.

Trait biais. Ligne inclinée sur une autre, ou en diagonale, dans une figure.

Trait corrompu. Trait qui est fait à la main, c’est-à-dire sans compas & sans regle, & qui ne forme aucune courbe déterminée ou réguliere.

Trait quarré. C’est une ligne qui, en en coupant une autre à angle droit, rend les angles d’équerre. C’est donc la maniere de faire une perpendiculaire à une ligne donnée ; si cette ligne est courbe comme un cercle ou une ellipse, la perpendiculaire à sa tangente, s’appelle trait quarré sur la ligne courbe, & au bout de la ligne courbe, lorsqu’elle l’est à une de ses extrémités.

Le trait se prend encore en architecture pour le dessein & la coupe artiste des pierres qui sont taillées hors de leurs angles, pour faire des ouvrages biaisés. Filibert de Lorme a écrit le premier dans notre langue du trait, ou de la coupe des pierres ; ensuite le pere Derran, jésuite ; & enfin M. Frezier ; Voyez Trait, stéréotom.

Le trait est aussi la figure d’un bâtiment projetté, tracé sur le papier, dans laquelle avec l’échelle & le compas on décrit les différentes pieces d’un appartement, avec les proportions que toutes les parties doivent avoir. Il est nécessaire avant de commencer les élévations d’un édifice, de tracer le plan de chaque étage, après quoi il faut faire la coupe ou profil de tout le bâtiment ; ensuite l’on peut, pour se rendre compte de la totalité, rassembler sur un même dessein ce que l’on appelle scenographie ou perspective. (D. J.)

Traits, ce sont dans l’Artillerie les cordages qui servent au charroi & transport des pieces & des munitions ; ils se comptent par paires de traits communs ou bâtards ; ils font partie du harnachement des chevaux. (Q)

Trait de compas, ou Trait de vent, (Marine.) Voyez Rumb.

Trait quarré, (Marine.) on sous-entend voile à : c’est une voile qui a la forme d’un rectangle.

Trait, s. m. terme de Balancier ; c’est ce qui fait pancher un des bassins de la balance, plus que l’autre.