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d’une robe ensanglantée. Tisiphone est assise nuit & jour à la porte du tartare, où elle veille tans cesse. Dès que l’arrêt est prononce aux criminels, elle se leve armée d’un fouet vengeur, les frappe impitoyablement, & leur présente des serpens horribles ; bien-tôt après elle appelle ses barbares sœurs pour la seconder. Tibulle dit que Tisiphone étoit coeffée de serpens au-lieu de cheveux. Son nom signifie proprement celle qui venge les meurtres. (D. J.)

TISONNE, adj. (terme de Maréchal.) ce mot se dit des chevaux marqués de taches toutes noires, larges comme la main ou environ, éparses çà & là sur le poil blanc. (D. J.)

TISONNIER, s. m. (Forgeron.) outil de fer dont les ouvriers qui travaillent à la forge, se servent pour attiser le feu. Il y en a de deux sortes, l’un aplati par le bout en forme de palette, & l’autre dont le bout est coudé & tourné en crochet. (D. J.)

Tisonnier, outil de Fondeur en sable, est une barre de fer de trois piés de long pointue par un bout, dont on se sert pour déboucher les trous de la grille du fourneau. Voyez Fourneau & l’article Fondeur en sable, & les fig. Pl. du Fondeur en sable.

TISRI, s. m. (Hist. jud.) premier mois hébreu de l’année civile, & le septieme de l’année ecclésiastique ou sacrée. Les Hébreux le nomment rosch-haschana, c’est-à-dire le commencement de l’année. Il répond à la lune de Septembre, & a trente jours.

On célébroit au premier jour de ce mois la fête des trompettes. Voyez Trompettes.

Les années sabbatique & du jubilé commençoient le même jour. Voyez Jubilé & Sabbatique.

Le troisieme jour jeûne pour la mort de Godolias, fils d’Ahican, qui fut tué à Maspha, comme il est rapporté au IV. liv. des Rois, c. xxv. v. 29. & dans Jérém. c. xlj. v. 2.

Le cinquieme jeûne pour la mort de vingt des principaux docteurs juifs, & en particulier pour celle d’Akiba.

Le dixieme jour étoit la fête de l’expiation solemnelle. Voyez Expiation.

Le quinzieme la fête des tabernacles qui duroit sept jours. Voyez Tabernacles.

Le vingt-trois, les Juifs font la fête qu’ils appellent la réjouissance de la loi. Ils rendent graces à Dieu de la leur avoir donnée, & lisent le testament & l’histoire de la mort de Moïse, rapportée au Deuteronome, ch. xxxiij. & xxxiv. Dictionn. de la bible, tome III. p. 687.

TISSA, (Géog. anc.) petite ville de Sicile, au pié du mont Æthna, du côté du septentrion, près du fleuve Onobala, suivant la position que lui donne Ptolomée, l. III. c. iv. Silius Italicus, l. XIV. v. 268. écrit Tisse, & en fait un petit lieu :

. . . . Et parvo nomine Tisse.

On croit que c’est aujourd’hui Randazzo, ou du moins que la ville de Randazzo est bâtie auprès de l’endroit où étoit Tissc. Les habitans étoient nommés Tissenses, & non Tissinenses, comme écrit Pline, liv. III. c. viij. car Ciceron le décide ainsi. (D. J.)

TISSER, v. act. (Gramm.) c’est fabriquer sur le métier ou autrement, tout tissu ou un ouvrage d’ourdissage, quel qu’il soit, comme la toile, le drap, les étoffes, &c.

Tisser, v. act. terme de Friseuse de point, c’est coucher & ranger le tissu, selon l’ordre du patron ; pour faire du point, on cordonne, on tisse, on fait les brides, on brode, & finalement on fait les picots. (D. J.)

Tisser, (Rubanier.) c’est la maniere de fabriquer la frange sur le moule, voici comment cela se fait ; après que les soies de la chaîne sont passées dans les lisses, ainsi qu’il a été dit ailleurs, le bout étant fixé sur l’ensuple de devant au moyen de la corde à en-

corder ; il est question d’y introduire la trame qui est

ordinairement composée de plusieurs bouts de soie retords ensemble, & dont on peut prendre tant de brins que l’on voudra. Cette trame est appellée retord. Voyez Retord. On approche de cette chaîne un moule de bois, qui est de la hauteur & figure que l’on veut donner à la frange ; c’est-à-dire uni, si la frange doit être unie, ou festonnée, si la frange doit être festonnée ; on voit ces différens moules dans les figures. L’ouvrier ouvrant son pas y introduit la trame au moyen de cette ouverture, en passant la soie qui la compose & qu’il tient de la main droite, & le moule de la gauche, & du côté gauche de la chaîne ; il commence cette introduction de trame par-dessous le moule, en tenant le bout de cette trame avec les mêmes doigts dont il tient le moule ; il ramene cette trame par-dessus ledit moule, puis il frappe cette duitte avec le doigtier ou coignée qu’il a à la main droite ; ensuite il enfonce un autre pas où il fait la même chose & continue de même ; on voit que cette continuité de tours est ce qui forme la pente de la frange qui sera guipée en sortant de dessus le métier, si elle le doit être, ou coupée sur le moule si c’est de la frange coupée ; lorsque le moule se trouve rempli, l’ouvrier prend une partie de cette pente qu’il fait glisser de dessus le moule (qui va pour cet effet un peu en rétrécissant par ce bout) du côté du rouleau de la poitrine, & tirant la marche du côté des lisses ; cette partie de pente ainsi hors du moule se tortille aisément par son propre rond, & par le secours des doigts de l’ouvrier qui entortillent un peu cette partie ayant les doigts passés dedans, ce qui l’oblige à se tourner & à former ce qu’on appelle coupon, & que l’on voit sur les métiers de la Planche ; ces différens coupons débarrassent le moule, à l’exception d’une certaine quantité de duittes que l’on y laisse pour le tenir en respect, & en laissant la plus grande portion libre pour recommencer le travail.

TISSERAND, s. m. terme générique, ce nom est commun à plusieurs ouvriers travaillans de la navette, tels que sont ceux qui font les draps, les tiretaines, & quelqu’autres étoffes de laine, qui sont appellés tisserans-drapans, tisseurs ou tissiers : ceux qui fabriquent les futaines se nomment tisserands-futainiers ; & ceux qui manufacturent les basins sont appellés tisserands en basins. Pour ce qui est des autres artisans qui se servent de la navette, soit pour fabriquer des étoffes d’or, d’argent, de soie, & d’autres étoffes mélangées pour faire des tissus & rubans ; ils ne sont point nommés Tisserands : les premiers sont appellés marchands, maîtres, ouvriers en draps d’or, d’argent, de soie, & autres étoffes mélangées, ou simplement ouvriers de la grande navette ; & les autres maîtres tissutiers-rubaniers ; ou bien ouvriers de la petite navette. (D. J.)

Tisserand, s. m. (Lainage.) ouvrier qui travaille de la navette dans les manufactures de lainage, & qui fait sur le métier, de la toile, des draps, des ratines, des serges, & autres étoffes de laines ; c’est-à-dire toutes ces étoffes telles qu’elles sont, avant d’avoir été au foulon & d’avoir reçu aucun apprêt. Savary. (D. J.)

Tisserand, s. m. (Toilerie.) artisan dont la profession est de faire de la toile sur le métier avec la navette : en quelques lieux on le nomme toilier, telier ou tissier. En Artois & en Picardie, son nom est musquinier. (D. J.)

TISSEUR, terme de Manufacture, ouvrier qui travaille sur le métier avec la navette, à la fabrique de toutes sortes d’étoffes de lainage & de toileries. (D. J.)

TISSU, terme de Manufacture, qui se dit de toutes sortes d’étoffes, rubans & autres ouvrages semblables, faits de fils entrelacés sur le métier avec la navette, dont les uns étendus en longueur s’appellent