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néral être menue, seche, déchargée de chair, & médiocrement longue. Elle est composée des oreilles, du toupet, du front, des carmies, des salieres, des yeux, du chanfrein, de la ganache, du canal, de la barbe ou barbouchet, du menton, des naseaux, du bout du nez, des levres. Le dedans de la bouche est composé des dents de devant, des crocs, crochets ou écaillons, des dents mâchelieres, des barres, de la langue & du palais. Voyez chacun de ces mots aux lettres qui leur conviennent.

Il y a des têtes de conformations différentes ; savoir, de longues, de larges ou quarrées, de courtes, de busquées ou moutonnées, & de petites ; mais la beauté d’une tête de cheval est d’être petite, déchargée de chair, de façon que les veines paroissent à-travers la peau ; celles qui approchent le plus de cette description approchent le plus de la beauté. Les têtes busquées ou moutonnées, c’est-à-dire celles qui depuis les yeux jusqu’au bout du nez, forment une ligne convexe quand on les regarde de côté, passent pour belles ; mais celles qui en les regardant ainsi, forment une ligne concave en s’enfonçant vers le milieu du chanfrein, & se relevant ensuite pour former les naseaux, sont les plus vilaines & les plus ignobles de toutes. C’est un défaut pour une tête d’être trop longue. Le front large qui fait la tête quarrée, n’est pas une beauté. La tête grosse est un défaut, de même que la tête mal attachée ou mal pendue, c’est-à-dire commençant un peu trop bas, & au dessous du haut du cou. Lisse en tête, voyez Chanfrein. Marqué en tête, voyez Etoile. La tête à la muraille, voyez Passeger. Porter bien la tête, la tête dans les nues, voyez Porter. Placer sa tête, voyez Placer. Relever la tête, voyez Relever. On dit aux voltes qu’un cheval a la tête dedans, lorsqu’on le mene de biais sur la volte, & qu’on lui fait plier un peu la tête en-dedans de la volte. Courir les têtes, exercice d’académie ; on place une tête de carton dans la carriere, & l’écolier tantôt armé d’une épée, & tantôt d’un dard, tâche de l’enlever ou de la frapper en courant à cheval à toutes jambes.

Tête, en termes de Marchand de modes, est un rang de blonde beaucoup plus étroite, qui sert comme de bord au côté du fichu qui touche sous le menton. Voyez Fichu. Ce petit rang est monté & froncé sur un ruban ainsi que les deux autres qui forment le bas du fichu.

Tête de cheveux, terme de Perruquier, c’est le côté des cheveux par où ils ont été coupés & détachés de la tête ; l’autre extrémité se nomme la pointe. C’est par le côté de la tête qu’on tresse les cheveux sur le métier pour pouvoir en faire une perruque. Voyez Cheveux.

Tête a perruque, (Perruquier.) ce sont des morceaux de bois sculptés, auxquels on a donné la forme & les dimensions d’une tête d’homme. Elle est ordinairement montée sur un pié ou pivot d’une hauteur suffisante pour que l’ouvrier puisse s’en servir commodément.

Il y a des têtes qui ne servent que pour y mettre les perruques, quand on veut les peigner & poudrer.

Il y en a d’autres qui sont faites exprès pour monter les perruques. Elles sont construites de la même maniere que les autres, excepté qu’on y attache en plusieurs endroits de petits clous ou pointes crochues, par le moyen desquelles le perruquier assujettit la coëfe quand il veut monter une perruque.

Comme on fait des perruques suivant la grosseur de la tête de ceux qui les commandent, & que les têtes ne sont pas toutes de la même grosseur, les perruquiers ont des têtes à perruques de six ou sept grosseurs différentes : ils les distinguent par les numéros 1, 2, 3, 4, &c. la plus petite est appellée du numéro 1, & ainsi de suite.

Quand la tête de celui qui commande une perruque ne se trouve pas précisément de la grosseur de quelqu’une de ces différentes têtes à perruque, l’ouvrier se sert de la tête du degré immédiatement au-dessous, & supplée au défaut de grosseur par des cartes ou papiers qu’il place entre la tête & la coëffe. Voyez les figures.

Tête, en termes de Raffineur, est le petit bout d’un pain de sucre. Toute l’étude d’un rafineur est de faire de belles têtes au sucre, parce que comme c’est la derniere qui se fait, il est à présumer que le pain entier est parfait quand elle est belle ; & c’est pour cela que les marchands ne visitent que la tête des pains quand ils achetent de cette marchandise. Voyez les Pl.

Tête d’un rot, (terme de Rotiers.) ils nomment la tête d’un rot, la partie supérieure d’un rot, & la partie inférieure ils l’appellent le pié. (D. J.)

Tête, (Sculpture.) ornement qu’on place à la clé d’une arcade, d’une plate-bande, au-dessus d’une porte, d’une fenêtre, & en d’autres endroits. Ces sortes de têtes représentent quelquefois des divinités, des vertus, des saisons, des âges, &c. avec leurs attributs, comme un trident à Neptune, un casque à Mars, un caducée à Mercure, un diadème à Junon, une couronne d’épis de blé à Cérès, &c. On emploie aussi dans ces sortes d’ornemens, non-seulement des têtes d’hommes, mais des têtes d’animaux ; ainsi on met des têtes de cerfs sur la porte des parcs, des têtes de chien pour les chenils, des têtes de cheval pour une écurie, comme à la belle écurie de Chantilli, &c. (D. J.)

Tête, en termes de Serrurerie & Taillanderie, &c. est la partie du marteau qui est ordinairement quarrée, ou ronde, opposée à la panne ; elle doit être acérée.

Tête d’argue, s. f. (terme de Tireur d’or.) c’est la partie supérieure d’un gros billot quarré élevé de deux piés de terre, qui a deux entailles, dont l’une sert à placer & appuyer les filieres, & l’autre à faire passer les lingots par les pertuis des mêmes filieres pour les tirer à l’argne. Savary. (D. J.)

Tête, (Tisseranderie.) on nomme en terme de rotiers, la tête d’un rot, la partie supérieure du rot ; l’inférieure s’appelle le pié. (D. J.)

Tete, s. f. (terme de Manege.) Ce mot entre en plusieurs façons de parler de manege : ainsi on dit, passager un cheval la tête & les hanches dedans ; cette phrase signifie, porter un cheval de côté sur deux lignes paralleles au pas, ou au trot ; de sorte que le cheval pliant le cou, tourne la tête au-dedans de la volte, & regarde le chemin qu’il va faire. On dit qu’un cheval place bien sa tête, qu’il porte en beau lieu, en parlant de son action & de son encolure. On dit aussi qu’il a la tête dedans, quand il manie sur les voltes de biais, & en pliant un peu la tête. (D. J.)

Têtes, courir les, (terme de Manege.) ce qu’on nomme courir les têtes, est une sorte d’exercice à cheval, qui se fait en quatre courses à toute bride. La premiere pour enlever avec la lance une tête de carton posée pour cet effet sur un poteau ; la seconde pour lancer un dard contre une tête semblable ; la troisieme pour lancer un dard contre une tête de Méduse peinte sur un rond de bois ; & la derniere pour relever de terre une troisieme tête avec la pointe de l’épée. (D. J.)

Tête, en Fauconnerie, on dit faire la tête d’un oiseau, c’est-à-dire l’accoutumer au chaperon.

Tête, se dit aussi du bois de cerf, les cerfs quittent tous les ans leurs têtes, c’est-à-dire leur bois, on dit une tête bien née.

On connoît l’âge d’un cerf par la tête ; on dit qu’un cerf est à sa premiere tête. Voyez Dagues.

La deuxieme tête du cerf, est le bois qu’il pousse en commençant sa troisieme année dite porte six, parce