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sée d’une courtine, de deux flancs & de deux faces ; le rempart de la courtine contenant le parapet, & le talut n’a que cinq toises d’épaisseur ; mais le rempart des flancs & des faces en a sept. Voyez tab. fortif. fig. 21 litt. e.

La seconde que M. de Vauban trouve de fort bonne défense, n’est composée que de deux faces élevées sur les lignes de défenses ; son rempart & ses faces sont paralleles.

La troisieme sorte ne differe de la seconde qu’en ce que son rempart est parallele à la courtine de la place. Telle est celle que M. de Vauban a construite à Landau & au neuf Brisach.

Elles sont toutes trois de bonne défense pour le fossé, & elles sont si basses, que le canon des assiégeans ne peut y atteindre avant qu’ils soient maîtres du chemin couvert, & qu’ils y aient planté leur artillerie.

La tenaille sert à augmenter la défense du fossé. Les coups qui partent de cet ouvrage qui est peu élevé, sont plus dangereux que ceux qui sont tirés des flancs de la place. La premiere espece de tenaille, c’est-à-dire, celle qui a des flancs, se nomme tenaille à flancs ; les deux autres se nomment tenailles simples. M. le maréchal de Vauban qui est l’inventeur des tenailles, après s’être d’abord servi des tenailles à flancs, leur a préféré dans la suite les simples, parce que les flancs des premieres peuvent être aisément enfilés du rempart de la demi-lune. Cet inconvénient ne se trouve point dans la tenaille simple, mais aussi son feu est fort oblique.

Pour construire la tenaille à flancs, il faut 1°. mener (Pl. I. des fortif. fig. 8.) la ligne GH parallele à la courtine RS, & éloignée de trois toises de cette ligne ; 2° mener les lignes GI & HK paralleles aux flancs RE, SF, à la distance de cinq toises ; 3°. tirer les lignes de défense AS & BR ; puis du sommet M de l’angle flanquant, il faut prendre de part & d’autre MN, MP égales chacune à la moitié de MI & MK, & des points N & P abaisser les perpendiculaires NO, PQ sur les lignes de défense BR, AS. Ces perpendiculaires seront les flancs de la tenaille ; I N & PR en seront les faces, & OQ la courtine ; 4°. à trois toises du trait principal on lui menera en-dedans des paralleles à la distance de trois toises, pour déterminer son parapet. On donnera cinq ou six toises au terreplein de la tenaille vis-à-vis les faces, & deux ou trois à celui de la courtine.

Si la distance de la ligne GH à la courtine OQ est moindre que de cinq toises, on commencera par mener une parallele de deux toises à la ligne GH pour le terre-plein de la tenaille vis-à-vis la courtine, & ensuite une autre parallele à la distance de trois toises de cette ligne, qui terminera la longueur des flancs NO, PQ par sa rencontre avec ces flancs, & qui sera le côté extérieur du parapet de la courtine de la tenaille.

Il y a une banquette à la tenaille, comme au parapet du corps de la place ; on en construit même ordinairement deux vis-à-vis les faces, parce que pour couvrir les flancs, on en éleve davantage le parapet. La tenaille se partage en deux parties par un petit fossé MV qu’on pratique au milieu de sa courtine. On communique dans les deux parties de la tenaille par un petit pont qui les joint ensemble.

Pour construire la tenaille simple, il faut aussi mener d’abord (Pl. I. de fortification fig. 9.) une parallele DC à la courtine AB, qui en soit éloignée de trois toises : tirer après cela les lignes de défense OB, PA, & mener des paralleles DE, CF aux flancs AG, BH à la distance de cinq toises. On mene ensuite des paralleles au trait principal EMF, à la distance de trois toises, pour avoir le parapet de la tenaille, & d’autres paralleles à cette derniere à la dis-

tance de cinq ou six toises pour en avoir le terreplein.

Lorsque les lignes KX, NY qui terminent le terreplein de la tenaille, rencontrent la ligne DC parallele à la courtine dans des points X & Y (Pl. I : de fortification fig. 10.) éloignés de plusieurs toises du milieu de la tenaille, alors cet ouvrage est brisé dans cette partie. On termine dans ce cas le terreplein du milieu de la tenaille par une parallele ADC prise à la distance de deux ou trois toises de cette ligne, & le parapet par une autre parallele à la distance de trois toises de la précédente ; elle donne le côté extérieur de la partie RS de la tenaille, c’est-à-dire qu’elle coupera les lignes EM, MF dans des points R & S qui termineront la brisure de la tenaille.

Il est évident par la construction qu’on vient de donner des différentes tenailles, que cet ouvrage est entierement isolé ou détaché de la place. Sa distance au revêtement du rempart le met à l’abri des éclats causés par la ruine ou la destruction du rempart. Sa situation vis-à-vis la courtine ne permet pas qu’il soit enfilé. Ainsi la tenaille a tous les principaux avantages de la fausse braie sans en avoir les défauts. Aussi M. le Maréchal de Vauban l’a-t-il substituée aux fausses braies. Voyez Fausses braies. (Q)

TENAILLÉE, s. f. en terme d’Epinglier, c’est une quantité de tronçons que l’empointeur prend à-peu-près pour les porter sur la meule. Il les tient dans les deux mains comme on le voit Pl. de l’Epinglier, représenté ; on les fait rouler entre les doigts en avançant & retirant alternativement les pouces des deux mains pour présenter les différens côtés des tronçons à la meule. Voyez les fig. de la même Planche.

TENAILLER, v. act. (Hist. des sup.) c’est tourmenter un criminel avec des tenailles ardentes. On ne condamne guere à ce supplice que ceux qui ont attenté à la personne du roi. Ravaillac fut ténaillé aux mamelles, aux bras & aux cuisses, pour avoir assassiné Henri IV.

TENAILLONS ou grandes lunettes, sont des ouvrages qui couvrent les faces des demi-lunes, & qui leur servent d’espece de contre-gardes.

Le terme de tenaillons ne paroît avoir été en usage que depuis le siege de Lille, en 1708. On appelle ainsi les grandes lunettes dans la relation de ce fameux siege, & ce terme est actuellement plus commun & mieux établi parmi les militaires que celui de grandes lunettes.

Pour construire les tenaillons ou grandes lunettes, il faut prolonger les faces BD, CD de la demi-lune, (Pl. V. des Fortifications, fig. 1.) indéfinitivement au-delà de sa contrescarpe ; prendre EF de 30 toises, & HG de 15 ; tirant ensuite la ligne GF, l’on aura la moitié de la lunette, donc GF & FE seront les faces ; HE & HG les demi-gorges. Si l’on fait la même opération sur le prolongement de l’autre face CD de la demi-lune X, on aura la lunette ou le tenaillon tracé.

La lunette a un rempart, un parapet, & un fossé le long de ses faces, comme la demi-lune : son rempart est seulement de 3 piés plus bas que celui de la demi-lune, & son fossé a la même largeur que celui de cet ouvrage. La lunette ou tenaillon est flanqué de la face du bastion & de celle de la demi-lune. (Q)

TENAN, (Géog. mod.) petite province du royaume de Tonquin, la plus orientale de ce royaume. Elle rapporte principalement du riz. (D. J.)

TENANCIER, s. m. (Gram. & Jurisprud.) est celui qui tient & possede un héritage ou sa part d’un tenement ou domaine ; les co-tenanciers sont ceux qui tiennent conjointement un même domaine. Voyez Personnier, Tenement. (A)

TENANT, s. m. (Hist. de la chevalerie.) on appelloit proprement tenans, ceux qui ouvroient le car-