L’Encyclopédie/1re édition/FAUSSE-BRAYE
Fausse-Braye, c’est, dans la Fortification, une seconde enceinte au bord du fossé ; elle consiste dans un espace de quatre ou cinq toises au niveau de la campagne, entre le bord du fossé & le côté extérieur du rempart couvert, par un parapet construit de la même maniere que celui du rempart de la place. L’usage de la fausse-braye est de défendre le fossé par des coups, qui étant tirés d’un lieu moins élevé que le rempart, peuvent plus facilement être dirigés vers toutes les parties du fossé. Marolois, Fritach, Dogen, & plusieurs autres auteurs, dont les constructions ont été adoptées des Hollandois, faisoient des fausses-brayes à leurs places. On ne s’en sert plus à-présent ; parce que l’on a observé que lorsque l’ennemi étoit maître du chemin-couvert, il lui étoit aisé de plonger du haut du glacis dans les faces de la fausse-braye, & de les faire abandonner ; ensorte qu’on ne pouvoit plus occuper que la partie de cet ouvrage vis-à-vis la courtine. Quand le rempart étoit revêtu de maçonnerie, les éclats causés par le canon, rendoient aussi cette partie très-dangereuse : les bombes y faisoient d’ailleurs des desordres, auxquels on ne pouvoit remédier. Ajoûtez à ces inconvéniens la facilité que donnoit la fausse-braye pour prendre les places par l’escalade, lorsque le fossé étoit sec. Lorsqu’il étoit plein d’eau, la fausse-braye se trouvoit également accessible dans les grandes gelées. Tous ces desavantages ont assez généralement engagé les ingénieurs modernes à ne plus faire de fausse-braye, si ce n’est vis-à-vis les courtines, où les tenailles en tiennent lieu. Voyez Tenailles. La citadelle de Tournay, construite par M. de Megrigny, & non point par M. de Vauban, comme on le dit dans un ouvrage attribué à un auteur très-célebre, avoit cependant une fausse-braye. Mais M. de Folard prétend que cet ouvrage lui avoit été ajoûté, pour corriger les défauts de la premiere enceinte. (Q)