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différente espece. Voyez Multiplication, Division. (E)

Simple pacte, (Jurisprud.) promesse, contrat, ou engagement qui n’est point motivé par rapport à la valeur recue au tems du payement, &c. & qui ne donne point d’action en justice. Voyez Contrat, Convention, Pacte, &c.

Simple propriété, que les lois romaines appellent une propriété, est celle du propriétaire à qui le fond de l’héritage appartient, tandis qu’un autre en a l’usufruit. Elle est opposée à pleine propriété. Voyez Pleine, Usufruit & Propriété.

Simple appel, voyez Appel.

Simple garantie, voyez Garantie.

Simple bénéfice, voyez Bénéfice.

SIMPLICITÉ, s. f. (Gram.) qualité qui donne à l’être le nom de simple. Voyez les articles Simple.

Simplicité, (Art orat.) la simplicité dans l’élocution, est une maniere de s’exprimer, pure, facile, naturelle, sans ornement, & où l’art ne paroît point ; c’est assurément le caractere de Térence. La simplicité d’expression n’ôte rien à la grandeur des pensées, & peut renfermer sous un air négligé des beautés vraiment précieuses.

Heureux qui se nourrit du lait de ses brebis,
Et qui de leur toison voit filer ses habits ;
Qui ne sait d’autre mer que la Marne ou la Seine ;
Et croit que tout finit ou finit son domaine.

Voilà une peinture simple & charmante de la tranquillité champêtre, parce que c’est l’expression naïve des choses par leurs effets.

La simplicité se trouve dans l’ode avec dignité.

Le Ciel qui doit le bien selon qu’on le mérite,
Si de ce grand oracle il ne t’eût assisté,
Par un autre présent n’eût jamais été quitte
Envers ta piété.

Cette stance de Malherbe dans son ode à Louis XIII. est d’une parfaite simplicité ; les deux stances suivantes méritent encore d’être citées.

Le fameux Amphion dont la voix nompareille
Bâtissant une ville étonna l’univers,
Quelque bruit qu’il ait eu, n’a point fait de merveilles
Que ne fassent mes vers.

Par eux de tes hauts faits la terre sera pleine
Et les peuples du Nil qui les auront ouis
Donneront de l’encens, comme ceux de la Seine,
Aux autels de Louis.

Le même poëte va me fournir un exemple plus parfait de simplicité admirable ; c’est dans sa paraphrase du pseaume 145.

En vain pour satisfaire à nos lâches envies
Nous passons près des rois tout le tems de nos vies
A souffrir des mépris, à ployer les genoux ;
Ce qu’ils peuvent n’est rien, ils sont ce que nous sommes ;
Véritablement hommes,
Et meurent comme nous.

La simplicité noble est d’aussi bonne maison que la grandeur même ; & comme elle vient du même principe de bon esprit, qui doute qu’elle ne se sente du lieu dont elle est sortie, & que par-tout où elle se rencontre elle ne conserve sa dignité, ses droits, ou pour le moins l’air & la mine de sa naissance ?

Mais si cette simplicité noble retrace de grandes images, elle ne differe pas du sublime ; Homère & Virgile sont des modeles de cette derniere simplicité.

Racine l’a bien connue, & j’en cite pour preuve ces vers d’Andromaque.

Ne vous souvient-il plus, seigneur, quel fut Hector ?
Nos peuples affoiblis s’en souviennent encor !
Son nom seul fait trembler nos veuves & nos filles :
Et dans toute la Grece il n’est point de familles
Qui ne demandent compte à ce malheureux fils
D’un pere ou d’un époux qu’Hector leur a ravis.


(Le chevalier de Jaucourt.)

SIMPLIFIER, v. act. (Gramm.) rendre simple. On simplifie une question en écartant toutes les conditions inutiles. On simplifie un problème en le réduisant à un autre moins compliqué, ou en faisant dépendre sa solution d’une seule recherche. On simplifie une affaire, une phrase, &c.

SIMPLUDIAIRE, s. m. (Antiq. rom.) on donnoit chez les Romains ce nom à certains honneurs funèbres qu’on rendoit quelquefois aux morts. Festus dit que c’étoient les funérailles accompagnées de jeux dans lesquels on ne faisoit paroître que des danseurs, des sauteurs, des voltigeurs. Ces especes de funérailles étoient opposées à celles qu’on nommoit indictives, & dans lesquelles outre les danseurs & les sauteurs dont on a parlé, il y avoit des désulteurs qui sautoient d’un cheval sur un autre, & peut-être aussi voltigeoient sur des chevaux. Voyez Rollin, Antiq. rom.

SIMPULATRICES, s. f. pl. (Littérat.) mot tiré de simpulum, & que Festus donne aux vieilles femmes qui avoient soin de purifier les personnes qui les consultoient, pour avoir été troublées dans leur sommeil par des visions nocturnes & des songes effrayans. Pollux appelle ces femmes ἀπομάκτριαι. Elles prescrivoient ordinairement l’eau de mer pour purification, Θάλασσα κλύζοι πάντα τῶν ἀνθρώπων κακὰ, dit Eurypide. Un mot d’Aristophane exprime toute cette cérémonie, θεῖον ὄνειρον ἀποκλύζειν. (D. J.)

SIMPULE, s. m. (Antiq. rom.) simpulum ; vase fait en forme de burette avec un long manche ; les Romains se servoient de ce vase dans les libations qu’ils faisoient aux dieux. Pline, liv. XXXV. c. xij. nomme cette espece de vase simpuvium, & dit qu’il y en avoit de terre cuite.

SIMULACRE, (Gramm. & Hist. de l’idolat.) vieux mot consacré, qui signifie idole, image, représentation. Il en est si souvent parlé dans l’Ecriture-sainte, qu’il importe de rechercher la source de ce genre d’idolâtrie.

L’origine des simulacres vient de ce que les hommes se persuaderent que le soleil, la lune & les étoiles étoient la demeure d’autant d’intelligences qui animoient ces corps célestes, & en regloient tous les mouvemens. Comme les planetes étoient de tous ces corps célestes les plus proche de la terre, & celles qui avoient le plus d’influence sur elles, ils en firent le premier objet de leur culte. Telle a été l’origine de toute l’idolâtrie qui a eu cours dans le monde. On servit ces intelligences célestes par des tabernacles, des chapelles, des temples, ensuite par des images & des simulacres. C’est pourquoi lorsque les peuples firent leurs dévotions à quelqu’une d’elles, ils dirigeoient leur culte vers la planete dans laquelle ils supposoient qu’habitoit cette intelligence divine, objet de leurs adorations. Mais ces corps célestes se trouvant la plûpart du tems sous l’horison, ils ne savoient comment les invoquer dans leur absence.

Pour remédier à cet inconvénient, ils eurent recours aux statues dans lesquelles ils croyoient qu’après leur consécration, ces intelligences étoient aussi présentes par leurs influences, que dans les planetes ; & que toutes les prieres qu’on leur adressoit avoient autant d’efficacité devant l’une que devant l’autre.