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jalousie des gens de l’art qui s’opposent à leur établissement, les dégoutent, les décréditent, & les empêchent d’exercer leurs talens ; mais ces moyens seroient bien foibles contre des succès véritables ; & il n’est pas possible que ceux qui les auroient en partage, ne triomphassent bien-tôt de tous les obstacles que l’envie pourroit leur opposer.

Nous ne présumons pas, malgré la force invincible de toutes ces raisons, de voir jamais passer le regne des secrets en Médecine. Il est doux de tout espérer d’une maladie mortelle ; la mort surprend sans s’être fait craindre ; on la sent plutôt qu’on n’a songé à s’y résoudre : notre ignorance, notre foiblesse, notre goût pour le merveilleux, l’amour de la vie qu’on nous promet, dont l’opération est active, dont le bien touche par le sentiment ; la séduction facile de l’imagination occupée de ce seul objet ; le penchant naturel pour ce qui flatte nos desirs ; l’espérance dont on nous berce ; l’abandon même des gens de l’art, qui ce dent sans regret aux instances du malade ; tout cela, dis-je, doit triompher des principes les plus évidens, des raisonnemens les plus solides ; & il faudroit être bien peu philosophe, pour s’en étonner.

Nous ne prétendons pas par toutes ces réflexions contre les faux possesseurs de prétendus secrets, nier la possibilité d’en trouver de vrais & d’excellens. Il n’est pas douteux que la Médecine peut faire des progrès à cet égard ; & c’est par cette raison, que l’Angleterre a promis de si belles récompenses à la découverte d’un remede contre la pierre. Mais ceux qui trouveront ce remede ou autre semblable, loin d’avoir à redouter l’envie ou la jalousie de personne, doivent être assurés de leur fortune, de leur gloire, & de leur immortalité. (D. J.)

Secret, (Marine.) c’est l’endroit du brûlot où le capitaine met le feu pour le faire sauter.

Secret, s. m. terme d’Organiste ; ce mot signifie la caisse, la layette où l’on réserve le vent pour le distribuer selon les besoins. (D. J.)

SECRÉTAIRE, (Gram. & Jurisprud.) signifie en général celui qui aide à quelqu’un à faire ses expéditions, comme lettres, extraits, & autres opérations.

Il y a plusieurs sortes de secrétaires, dont l’état & les fonctions sont fort différens les uns des autres. Voyez les articles suivans. (A)

Secrétaire d’ambassade, est une personne que l’on met auprès d’un ambassadeur pour écrire les dépêches qui regardent sa négociation.

Il y a une très-grande différence entre un secrétaire d’ambassade & un secrétaire d’ambassadeur ; ce dernier est un domestique ou un homme de la maison de l’ambassadeur, au-lieu qu’un secrétaire d’ambassade est un ministre du prince même. Voyez Ambassadeur.

Secrétaire de conseiller est celui qui fait pour un conseiller l’extrait général des procès dont il est rapporteur.

Il n’y a pas plus de cinquante ans qu’on les appelloit simplement clercs de conseillers ; ils travailloient à leurs extraits chez le conseiller même, & le lieu où ils travailloient s’appelloit l’étude.

Dans les procès-verbaux qui se font en l’hôtel d’un conseiller, son secrétaire fait fonction de greffier. (A)

Secrétaire du conseil est celui qui tient la plume au conseil du roi. Ces secrétaires sont de deux sortes ; les uns qu’on appelle secrétaires des finances, qui tiennent la plume au conseil royal des finances ; les autres, qu’on appelle secrétaires & greffiers du conseil privé, qui tiennent la plume au conseil privé ou des parties : les uns & les autres sont au nombre de quatre, & servent par quartier. Voyez Conseil du roi.

Secrétaires de la cour de Rome, (Histoire moderne.) nous comprenons sous ce titre général différentes especes d’officiers de cette cour, qui portent tous le titre de secretaire, qualifié par les objets de leurs emplois, & dont nous allons détailler les fonctions.

Secrétaire du sacré college est un officier nommé par les cardinaux, qui a droit d’entrer au conclave, & qui écrit les lettres du college des cardinaux pendant la vacance du saint siege. Il assiste encore à toutes les assemblées générales qui se tiennent tous les matins pendant la durée du conclave, & à celles des chefs d’ordre. Il tient un registre exact de tous les ordres & decrets qui s’y donnent, aussi-bien que des délibérations qui se font dans les consistoires secrets, & qui lui sont communiquées par le cardinal vice-chancelier. Il assiste même à ces consistoires ; mais quand on crie extra omnes, il doit en sortir comme tous ceux qui ne sont pas cardinaux. Il a un substitut ou sous-secrétaire, qu’on nomme clerc national.

Secrétaire du pape ou secrétaire d’état. On nomme ainsi, pour se conformer à l’usage des autres cours, le cardinal à qui le pape confie l’administration des plus grandes affaires. C’est ce secrétaire qui écrit & qui signe par ordre de sa sainteté les lettres qu’on écrit aux princes, aux légats, nonces, & autres ministres de la cour de Rome dans les pays étrangers. Il signe les patentes de certains gouverneurs, des podestats, barigels ou prevôts, & autres officiers de l’état ecclésiastique. Lorsque les ambassadeurs des princes sortent de l’audience du pape, ils vont rendre compte au secrétaire d’état de ce qu’ils ont traité avec sa sainteté. C’est encore à lui que tous les ministres de Rome s’adressent pour lui rendre compte de ce qui regarde leurs charges, & recevoir ses ordres. Il a pour l’ordinaire la qualité de surintendant général de l’état ecclésiastique, qui lui est donnée par un bref, aussi-bien que celle de secrétaire d’état. Le pape a quelquefois deux secrétaires d’état.

Les autres secrétaires sont le secrétaire des chiffres, celui de la consulte, celui des mémoriaux ou du bon gouvernement, dont on connoît peu les fonctions, celui des brefs qui portent taxe, & le secrétaire des brefs secrets.

Il y avoit autrefois vingt-quatre secrétaires des brefs taxés, & leurs charges étoient vénales ; mais Innocent XI. les a supprimés, & n’en a conservé qu’un seul, dont la fonction est d’expédier les brefs qui doivent rétribution à la chambre apostolique, & de les taxer. Le secrétaire des brefs secrets est un officier qui fait les minutes des brefs, selon les ordres qu’il en reçoit du secrétaire d’état. Ces minutes ne sont ni visées, ni signées du cardinal prefet des brefs, parce qu’il n’a aucune autorité ni sur ces brefs, ni sur le secrétaire qui les expédie. Relation de la cour de Rome, de Jérôme Limadoro.

Secrétaire d’état est un des officiers de la couronne, qui fait au roi le rapport des affaires d’état de son département, & qui reçoit directement du roi ses ordres & commandemens, en conséquence desquels il expédie les arrêts, lettres-patentes, & autres lettres closes, les arrêts, mandemens, brevets, & autres dépêches nécessaires.

L’office de secrétaire d’état a quelque rapport avec l’office de ceux que les Romains appelloient magistri sacrorum scriniorum : ce terme scrinium pris à la lettre signifie escrin, coffret ou cassette destinée à garder les choses précieuses & secretes ; mais en cette occasion, il signifie portefeuille ou registre.

Il y avoit chez les Romains quatre offices différens, appellés scrinia palatina, savoir scrinia memoriæ, epistolarum, libellorum & dispositionum. Ceux qui exerçoient ces quatre différens emplois étoient appellés magistri scriniorum ; ce qui pourroit se rappor-