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2°. La blessure du scrotum, l’érésipele, l’inflammation, l’ulcere, l’excoriation, la démangeaison, sont aisées à connoître, & demandent le même traitement que ces maladies en général. Le relâchement des bourses indique un suspensoire.

3°. L’humeur aqueuse qui occupe les tegumens, ou qui s’est amassée dans l’une ou l’autre des cavités du scrotum, ou dans les deux, ou même dans le sac qui est une prolongation du péritoine, se nomme hydrocele. Il faut traiter cette hydropisie en soutenant toute l’étendue du scrotum, sans comprimer le cordon des vaisseaux spermatiques, & en y appliquant les discussifs, ou bien après avoir fait une ouverture à la partie, il convient de tirer l’humeur, pourvu qu’en même tems on en prévienne le retour par les mêmes secours.

4°. Si les autres especes d’hernies du scrotum contiennent de l’air, ou qu’elles soient dans le sac formé par le péritoine, ou dans l’intestin qui est tombé ; on les nomme pneumatocele : il faut faire rentrer ces parties dans le ventre, & les tenir en respect à la faveur d’un bandage.

5°. Les tumeurs du testicule ou du corps pyramidal, variqueuses & charnues, qu’on nomme varicocele, circocele & sarcocele, doivent être traitées selon la méthode générale qui convient à ces sortes de maladies. (D. J.)

SCRUPULE, s. m. (Gram.) jugement incertain d’une action, en conséquence duquel nous craignons qu’elle ne soit mauvaise, & nous hésitons à la faire. Les gens à scrupule sont insupportables à eux-mêmes & aux autres ; ils se tourmentent sans cesse, & s’offensent de tout. Ce vice est la suite du peu de lumieres, du peu de sens, de la pusillanimité, de l’ignorance, & d’une fausse opinion de la religion & de Dieu.

Si l’on étoit plus éclairé, on verroit distinctement le parti qu’il y auroit à prendre ; si l’on avoit plus de courage, on ne balanceroit pas à agir ; si l’on avoit de Dieu l’idée d’un être miséricordieux & bienfaisant, on se reposeroit tranquillement sur le témoignage de sa conscience, fortement persuadé que cette voix de Dieu qui parle au-dedans de nous, ne peut jamais être en contradiction avec la même voix de Dieu, soit qu’elle se fasse entendre dans les livres saints, soit qu’elle s’adresse à nous par la bouche des prophêtes, des saints, des anges mêmes.

Il y a des scrupules de toute espece ; on n’en est pas seulement tourmenté en morale, il y en a dans les sciences & dans les arts. Un géometre scrupuleux s’impose la nécessité de démontrer des propositions dont l’évidence frappe tout homme qui entend les termes ; je ne sais à quoi servent ces démonstrations, dont chaque proposition prise séparément, n’est ni plus ni moins claire que l’énoncé du théorème ou du problême, & dont l’ensemble l’est moins, par la seule raison que pour être saisi, il suppose quelque contention d’esprit, que l’énoncé ne demande pas ?

Un écrivain scupuleux, modifie presque toutes ses propositions, il craint toujours de nier ou d’affirmer trop géneralement, & il écrit froidement ; il n’est jamais content, s’il n’a rencontré l’expression & le tour de phrase le plus propre à la chose qu’il énonce ; il ne se permet aucune inversion forte, aucune expression hardie ; il nivelle tout, & tout devient sous son niveau égal & plat.

Scrupule, s. m. (Hist. & Comm.) étoit le plus petit des poids dont se servoient les anciens. C’étoit chez les Romains la vingt quatrieme partie d’une once, ou la troisieme partie d’une dragme. Voyez Once, &c.

Scrupule est encore un poids qui contient la troisieme partie d’une dragme, ou qui pese 20 grains. Voyez Grain.

Chez les Orfevres le scrupule est de 34 grains. Voyez Poids.

Scrupule, en Chronologie. Le scrupule chaldéen est la partie d’une heure : les Hébreux l’appellent helakim. Les Juifs, les Arabes, & plusieurs autres peuples de l’orient en font un grand usage dans la supputation du tems.

Scrupules en Astronomie, Scrupules éclipsés, c’est la partie du diametre de la lune qui entre dans l’ombre ; pour exprimer cette partie, on se sert de la même mesure que l’on emploie à déterminer le diametre apparent de la lune. Voyez Doigt.

Scrupules de la demi-durée, c’est un arc de l’orbite de la lune, que le centre de cette planete décrit depuis le commencement de l’éclipse jusqu’à son milieu. Voyez Éclipse.

Scrupules d’immersion ou d’incidence, c’est un arc de l’orbite de la lune que son centre décrit depuis le commencement de l’éclipse jusqu’au tems où son centre tombe dans l’ombre. Voyez Immersion.

Scrupules d’émersion, est un arc de l’orbite de la lune, que son centre décrit depuis le premier instant de l’émersion du limbe de la lune jusqu’à la fin de l’éclipse. Voyez Emersion. Wolf & Chambers. (O)

Scrupule chaldaique, (Calend.) c’est la 1080e. partie d’une heure, dont les Juifs, les Arabes & autres peuples orientaux se servent dans le calcul de leur calendrier, & qu’ils appellent hélakim. Dix-huit de ces scrupules font une minute ordinaire. Ainsi il est aisé de changer les minutes en scrupules chaldaïques, & ceux-ci en minutes. On compte 240 de ces scrupules dans un quart d’heure. (D. J.)

SCRUPULEUX, adj. (Gram.) qui est sujet au scrupule ; on dit le scrupule de la conscience, le scrupule de l’oreille, un scrupule de langue.

SCRUPULI, s. m. (Jeux des Rom.) jeu de jettons auquel s’amusoient les soldats, & que plusieurs savans ont pris mal-à-propos pour le jeu des échecs. (D. J.)

SCRUTATEUR, s. m. (Gram.) qui recherche intimement, qui fouille au fond des ames, & qui y lit nos plus secrètes pensées. Cet attribut ne convient guere qu’à Dieu.

SCRUTATORES, (Antiq. rom.) on nomme ainsi certains officiers chargés de fouiller ceux qui venoient saluer l’empereur, pour voir s’ils n’avoient point d’armes cachées sur leurs personnes ; ces sortes d’officiers furent établis par l’empereur Claudius. (D. J.)

SCRUTIN, s. m. (Gram. & Jurisprud.) du latin scrutinium, qui signifie recherche, est une maniere de recueillir les suffrages, sans que l’on sache de quel avis chacun a été.

Il se fait par le moyen de billets cachetés ou pliés que chacun met dans un vase ou boëte, ou par des boules diversement colorées, qui sont des signes d’approbation ou d’exclusion.

Les meilleures élections sont celles qui se font par la voie du scrutin. parce que les suffrages sont plus libres que quand on opine de vive voix. Voyez Election. (A)

Scrutin, (Hist. rom.) dans tous les comices, les suffrages se donnerent toujours à haute voix jusqu’à l’an de Rome 614, qu’on introduisit l’usage des scrutins ; parce qu’on s’étoit apperçu que dans les élections des charges, le peuple de peur de déplaire aux grands, qui étoient à la tête des factions qu’ils avoient formées pour se rendre maîtres de l’état, ne donnoit plus sa voix avec hardiesse ; on employa sans succès le scrutin pour remédier au mal ; le peuple corrompu n’étant plus retenu par la honte de donner sa voix à de mauvais sujets, se laissa gagner par les présens ; c’est ainsi que s’introduisit la vénalité des suffrages