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Relief de garde est celui qui est dû par le gardien pour la jouissance qu’il a du fief de son mineur.

Relief d’héritier, est celui qui est dû au seigneur par le nouveau vassal pour la propriété à lui échue par succession collatérale ; c’est la même chose que le relief propriétaire ou de propriété. Voyez la coutume de Saint-Pol, & ci-après Relief propriétaire.

Relief d’homme étoit une amende de cent sous un denier, que le plege ou caution étoit obligé de payer, faute de faire représenter l’accusé qui avoit été élargi moyennant son cautionnement, & moyennant cette amende le plege en étoit quitte ; c’est ainsi que ce relief est expliqué dans le chap. cjv. des établissemens de S. Louis en 1270 : il en est encore parlé dans le chap. cxxj.

Relief d’illico, c’étoient des lettres qu’un appellant obtenoit en la petite chancellerie pour être relevé de l’illico, c’est-à-dire de ce qu’il n’avoit pas interjetté son appel au moment que la sentence avoit été rendue.

Présentement il n’est plus nécessaire d’appeller illico, ni d’obtenir des lettres de relief d’illico, mais on obtient des lettres de relief d’appel, ou un arrêt pour relever l’appel, ce qui tire toujours son origine de l’usage où l’on étoit d’obtenir des lettres d’illico ou de relief d’illico. Voyez ci-devant Appel, Appellation, Relief d’appel.

Relief de laps de tems, ce sont des lettres de chancellerie par lesquelles le roi releve quelqu’un de ce qu’il a manqué à faire ses diligences dans le tems qui lui étoit prescrit, & lui permet d’user de la faculté qu’il avoit, comme s’il étoit encore dans le tems. Ces lettres sont de plusieurs sortes, selon les objets auxquels elles s’appliquent. Il y a des lettres de relief de tems de prendre possession de bénéfice ; d’autres appellées relief de tems sur rémission, lorsqu’un impétrant de lettres de rémission ne s’est pas présenté dans le tems pour faire entériner ses lettres ; & ainsi de plusieurs autres.

Relief de mariage est celui que le mari doit pour la jouissance qu’il a du fief de sa femme, c’est la même chose que le relief de bail.

Quelques coutumes affranchissent le premier mariage de ce droit, comme la coutume de Paris, art. 36. d’autres l’accordent au seigneur pour tous les mariages indistinctement, comme la coutume d’Anjou. Voyez ci-devant Relief de bail, & Guyot en son traité des Fiefs, tome II. du relief, ch. v. (A)

Relief a merci, est le nom que l’on donne en quelques lieux au revenu d’un an que le nouveau vassal est tenu de payer au seigneur ; il a été ainsi appellé parce qu’il étoit à la volonté du seigneur, & non pas qu’il fût ad mercedem. Voyez la coutume locale de S. Piat, de Seclin sous Lille.

Relief de monnoyer ou Monnoyeur, ce sont des lettres de chancellerie par lesquelles le roi mande à une cour des monnoies de recevoir quelqu’un en qualité de monnoyeur, encore que son pere ne se soit pas fait recevoir en ladite qualité ; étant nécessaire, pour être reçu dans ces sortes de places d’être issu de parens monnoyeurs. Voyez Monnoies & Monnoyeur.

Relief de noblesse, ce sont des lettres du grand sceau, par lesquelles le roi rétablit dans le titre & les privileges de noblesse quelqu’un qui en étoit déchu, soit par son fait, ou par celui de son pere ou de son aïeul. Voyez Réhabilitation.

Relief de plume, c’est un droit de rachat ou rente seigneuriale, qui ne consiste qu’en une prestation de poule, geline ou chapon. Voyez la coutume de Théroanne, art. 9. & le Glossaire de M. de Lauriere au mot Plume.

Relief principal, est celui qui est dû pour le

fief entier. Il est ainsi appellé lorsqu’il s’agit de distinguer le relief dû par chaque portion du fief. Voyez la coutume d’Artois, art. 102.

Relief propriétaire ou de propriétaire, ou Relief de propriété, est celui qui est dû au seigneur par le nouveau propriétaire du fief, à la différence du relief de bail & du relief de mariage, qui sont dûs pour la jouissance qu’une personne a du fief sans en avoir la propriété. Voyez l’ancienne coutume d’Amiens, celles de S. Omer, Montreuil, & le style des cours du pays de Liege, & les articles Relief de bail, Relief de mariage.

Relief rencontré, voyez Rachat rencontré.

Relief de rente, la coutume de Thérouanne, art. 11. appelle ainsi celui qui est dû au seigneur à la mort du tenant cottier. Voyez le Glossaire de M. de Lauriere.

Relief simple, est lorsqu’il n’est dû que le relief de propriété par la femme, & non le relief de bail, ou bien quand il n’est dû aucun chambellage, à la différence du relief double qui est dû, l’un pour la mutation de propriétaire, l’autre pour la jouissance du baillistre. Voyez la coutume d’Artois, art. 158. & Maillart sur cet article, & la coutume de Ponthieu, art. 28. 29. 31.

Relief de succession, est celui qui est dû pour mutation d’un fief par succession collatérale, ou même par succession directe dans ces coutumes auxquelles il est dû relief à toutes mutations, comme dans le Vexin françois.

Relief de surannation, sont des lettres de chancellerie par lesquelles sa majesté valide & permet de faire mettre à exécution d’autres lettres surannées ; c’est-à-dire dont l’impétrant a négligé de se servir dans l’année de leur obtention Voyez Chancellerie, Lettres de chancellerie, Surannation. (A)

Relief, (Architecture.) c’est la saillie de tout ornement, ou bas relief, qui doit être proportionné à la grandeur de l’édifice qu’il décore, & à la distance d’où il doit être vu. On appelle figure de relief, ou de ronde bosse, une figure qui est isolée, & terminée en toutes ses vues. (D. J.)

Relief, (Sculpture.) ce mot se dit des figures en saillie & en bosse, ou élevés, soit qu’elles soient taillées au ciseau, fondues ou moulées. Il y a trois sortes de reliefs. Le haut relief, ou plein relief, est la figure taillée d’après nature. Le bas relief est un ouvrage de sculpture qui a peu de saillie, & qui est attaché sur un fond. On y représente des histoires, des ornemens, des rinceaux, des feuillages, comme on voit dans les frises. Lorsque dans les bas-reliefs il y a des parties saillantes & détachées, on les appelle demi-bosses. Le demi-relief est quand une représentation sort à demi-corps du plan sur lequel elle est posée. Voyez Relief-bas, (Sculpt.) (D. J.)

Relief, (Peint.) le relief des figures est un prestige de l’art, que l’auteur de l’Histoire naturelle ne pouvoit pas laisser passer sans l’accompagner de quelqu’un de ces beaux traits qui lui sont familiers. Apelle avoit peint Alexandre la foudre à la main, & Pline s’écrie à la vue du héros, « Sa main paroit saillante, & la foudre sort du tableau ». Il n’appartient qu’à cet écrivain de rendre ainsi les beautés qui le saisissent. Il emprunte ailleurs un style plus simple, pour dire que Nicias observa la distribution des jours & des ombres, & eut grand soin de bien détacher ses figures. Un lecteur qui n’appercevra dans cette phrase que le clair obscur & le relief sans leur rapport mutuel, n’y verra que le récit d’un historien ; les autres y découvriront l’attention d’un connoisseur à marquer la cause & l’effet, & à donner, sous l’apparence d’un exposé historique, une leçon importante en matiere de peinture. (D. J.)