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Après les amputations des membres on se servoit anciennement de répercussifs pour fortifier la partie supérieure. Par exemple, après l’amputation de la jambe, le défensif s’appliquoit quatre travers de doigts au-dessus du genou. Il étoit composé de sang de dragon, de bol d’Arménie, de terre sigillée, d’aloës, de mastic, mélée en consistance de miel dans des blancs d’œufs & de l’huile rosat ; on appliquoit cette composition sur des étoupes trempées dans de l’oxicrat. Cette pratique négligée par les modernes, pourroit être remise en usage avec succès ; on ne manqueroit pas de raisons pour en faire connoître l’utilité.

Quand on applique des répercussifs au commencement des tumeurs inflammatoires, il faut les prendre dans la classe des rafraîchissans, & avoir égard au degré de chaleur. On peut consulter à ce sujet Fabrice d’Aquapendente, au livre I. du pentateuque chirurgical, article du phlegmon, & le premier tome du recueil des pieces qui ont concouru pour le prix de l’académie royale de Chirurgie, dans lequel on trouvera deux mémoires sur cette question… Déterminer les différentes especes de répercussifs, leur maniere d’agir, & l’usage qu’on en doit faire dans les différentes maladies chirurgicales. (Y)

RÉPERCUSSION, terme de Méchanique, qui signifie la même chose que réflexion. Voyez Réflexion.

Répercussion, s. f. terme de Chirurgie, action des remedes répercussifs. La connoissance de la distribution vasculeuse dans toutes les parties du corps, rend raison de la maniere d’agir des remedes qui font rentrer dans les vaisseaux les humeurs extravasées. Ce sont des substances froides & astringentes qui font contracter les fibres, & poussent comme par compression les fluides dans les veines. Dans les engorgemens inflammatoires, l’astriction que les répercussifs donnent aux vaisseaux, fait retrograder l’humeur, & la renvoie vers les anastomoses supérieures & collatérales ; la répercussion est une espece de refoulement subit, à la différence de la résolution qui se fait peu-à-peu, & par l’atténuation des particules du fluide engagé. Aussi les résolutifs n’ont-ils presque jamais d’inconvénient ; & les remedes capables de causer la répercussion sont dangereux dans tous les cas où leur usage peut être efficace, & où ils sont contre-indiqués. Voyez Répercussifs. Lors même qu’ils ne peuvent opérer la répercussion, ils ont des inconvéniens, comme de causer la gangrene dans les phlegmons, en fixant l’humeur qui n’a pas assez de fluidité pour céder à l’action répulsive, & en suffoquant le principe vital par un engorgement absolu ; ou de procurer l’induration dans le cas où l’humeur est épaisse & visqueuse, en dissipant l’humeur aqueuse qui sert de véhicule aux sucs albumineux & gélatineux, &c. (Y)

Répercussion, en terme de Musique ; est une répétition fréquente des mêmes sons. V. Répétition.

C’est ce qui arrive souvent dans la modulation où les cordes essentielles de chaque mode, celles qui composent la triade harmonique, doivent être rebattues plus souvent que pas une des autres, sur-tout dans le plein-chant. Entre les trois cordes de cette triade, les deux extrèmes, c’est-à-dire la finale & la dominante, qui font proprement la répercussion du ton, doivent être plus souvent rebattues que celle du milieu ou la médiante, qui n’est que la répercussion du mode. (S)

REPERCUTER, v. act. (Gramm.) Voyez les articles Répercussif & Répercussion.

REPERDRE, v. act. (Gramm.) c’est perdre ce que l’on a ou gagné, ou acquis, ou trouvé, ou déja perdu une premiere fois. Voyez Perdre & Perte.

RÉPERTOIRE, s. m. (Littérature.) terme francisé du latin reperire, trouver. On entend par ce mot un

lieu où les choses sont disposées par ordre, de maniere qu’on peut les y trouver aisément lorsqu’on en a besoin. On ne l’emploie guere que pour exprimer un recueil de matieres qu’on fait pour sa propre commodité. Voyez Recueil.

Les tables des livres, quand elles sont exactes & bien faites, sont aussi des répertoires qui indiquent les matieres traitées dans les ouvrages. Les lieux communs sont des répertoires, mais dont l’utilité n’est pas généralement reconnue. Voyez Lieu commun, Topique

Répertoire, (Teneurs de livres.) nom que le teneur de livres donne à une sorte de livre formé de vingt-quatre feuillets, qui se tient par ordre alphabétique. Il sert à trouver avec facilité sur le grand livre, ou livre de raison, les divers comptes qui y sont portés, les autres noms du répertoire sont alphabet, table ou index. Ricard. (D. J.)

Répertoire anatomique, (Architecture.) c’est une grande salle près de l’amphithéatre des dissections, où l’on conserve avec ordre des squeletes d’hommes & d’animaux. Tel est le répertoire du jardin du roi, à Paris. (D. J.)

REPESER, (Commerce.) peser une seconde fois. Voyez Peser & Poids.

REPETER, v. act. (Gramm.) c’est dire plusieurs fois. On ne sauroit trop répéter aux hommes ce qu’il leur importe de savoir. Les auteurs se répetent souvent. On a répété les signaux. On a répété cette piece. On répete cet effet. Les échos répetent ce qu’on leur confie. Voyez les articles Répétition.

RÉPETITEUR, s. m. (Gram.) maître qui fait répéter à des écoliers les leçons de leurs professeurs. On a un répétiteur de Grammaire, de Philosophie, de Mathematiques.

RÉPETITION, s. f. (Gramm.) il y a trois sortes de répétitions ; des répétitions nécessaires, des répétitions élégantes, & des répétitions vicieuses.

Il y a des répétitions si nécessaires, qu’on ne sauroit les obmettre, sans faire une mauvaise construction ; exemples : le fruit qu’on tire de la retraite, est de se connoître, & de connoître tous ses défauts. Si l’on disoit simplement, le fruit qu’on tire de la retraite est de se connoître & tous ses défauts, on parleroit mal, car se connoître ne seroit pas bien construit avec tous ses défauts. Il n’avoit point en cela d’autres vues que de lui apprendre, & d’apprendre à chacun par son exemple, à obéir avec soumission, & à mortifier son jugement propre ; apprendre est répété ici, par la même raison que connoître est répété dans le premier exemple.

Il y a d’autres répétitions nécessaires pour la régularité du style, ou pour la netteté ; exemple, d’où viennent tous vos troubles & vos peines d’esprit ? tous ne se construit pas bien avec peines, qui est féminin ; ainsi il faut dire, & toutes vos peines ; mais quand deux substantifs seroient du même genre, il ne faudroit pas laisser de répéter quelquefois tout ; comme l’ancien serpent s’armera contre vous de toute sa malice & de toute sa violence, & non pas de toute sa malice & sa violence. Voici deux exemples qui regardent la netteté : faites état d’acquérir ici une grande patience, plutôt qu’une grande paix ; vous la trouverez cette paix, non pas su la terre, mais dans le ciel. Le mot de paix répété, rend le discours plus net ; car sans cette répétition, le pronom la pourroit se rapporter à patience aussi-bien qu’à paix. La vue de l’esprit a plus d’étendue que la vue du corps. Si l’on disoit que celle du corps, celle seroit équivoque avec étendue.

Les répétitions élégantes sont celles qui contribuent à la politesse & à l’ornement ; en voici des exemples ; les grands se plaisent dans les défauts, dont il n’y a que les grands qui soient capables ; j’oublie que je sois malheureux, quand je songe que vous ne m’avez pas oublié ; il s’est efforcé de connoître Dieu, qui par sa