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choisie qu’on tire seulement des belles fleurs qui ont au-moins trois ou quatre rangées de pétales. Quand on a recueilli cette graine, il ne faut pas l’exposer au soleil, mais la mettre répandue dans un lieu couvert. La saison favorable pour la semer est au commencement de Septembre. Elle leve au printems, & fleurit la seconde année. Quant aux racines de renoncules, il faut les conserver dans du sable sec pour les replanter à la fin de Septembre.

Lorsqu’on veut planter des renoncules en caisses ou en pots, on prend de la terre toujours nouvelle & bien préparées ; on met les oignons trois doigts avant en terre, & on leur donne un peu d’eau. Si on craint la gelée, on les couvre de l’épaisseur de deux doigts de terreau bien leger ; & si la gelée étoit forte, on met des cerceaux en dos d’âne sur les planches, avec des paillassons pendant la nuit. Pour les renoncules qui sont en pots, on les retire dans la serre pendant le froid ou les mauvais tems, & on y fait les mêmes façons qu’à celles qui sont en planches. Voyez de plus grands détails dans Miller sur cette matiere, car il a indiqué tout ensemble la culture des renoncules de Turquie & celle des renoncules semi-doubles de Perse. (D. J.)

Renoncule, (Mat. méd.) presque toutes les especes de renoncule sont des vrais poisons étant prises intérieurement, & sont des caustiques assez vifs, peu sûrs & souvent nuisibles dans l’usage extérieur : ainsi quelques vertus que les auteurs ayent attribué à plusieurs renoncules appliquées extérieurement, le mieux est d’avoir recours dans les cas où ils les prescrivent à des remedes plus éprouvés qui ne manquent pas.

La renoncule des prés, appellée aussi bassinet rampant, que les Botanistes regardent comme la même plante que celle que l’on cultive dans nos jardins, est la moins âcre, la plus tempérée. Plusieurs auteurs graves assurent même qu’on peut la prendre intérieurement sans le moindre danger. Mais cette plante ne possede aucune propriété singuliere qui puisse engager à en tenter l’épreuve : on peut au-moins la négliger comme inutile ; elle passe pour bonne contre les hémorrhoïdes très-douloureuses, étant employée sous forme de fomentation ou sous celle de cataplasme.

L’odeur des renoncules, même de celles qui sont cultivées, portent quelque fois à la tête ; on a vu des bouquets de renoncules causer des vertiges, des défaillances, des vapeurs à certains sujets : ces accidens sont pourtant très-rares.

Parmi les spécifiques indiqués dans les mémoires de l’académie royale de Suede pour l’année 1750, contre les maladies vénériennes, d’après les recherches que M. Pierre Kalm, membre de cette académie, a fait à ce sujet dans l’Amérique septentrionale, on trouve les racines d’une renoncule, de celle que les Botanistes appellent ranunculus foliis radicalibus reniformibus crenatis, caulinis dig tatis petiolatis, Gronovii flor. Virgin. 166, ranunculus Virginianus, flore parvo, molliori folio, Herman Hort. Lugd. Batav. 514, en françois renoncule de Virginie. Les sauvages de l’Amérique septentrionale ajoutent à la décoction de l’espece de raiponce, que les François appellent cardinale bleue, (remede dont il est fait mention à l’article Raiponce, voyez cet article), une petite quantité de racines de cette renoncule, lorsque la décoction simple de cardinale bleue ne produit aucun changement dans une maladie vénérienne invéterée. M. Kalm observe qu’il faut administrer ce remede avec précaution, vu qu’il est violent, & qu’une trop forte dose pourroit causer des superpurgations & des inflammations. L’auteur de ces observations ajoute même que c’est un poison très-violent, dont les femmes sauvages se servent pour se faire périr, lorsqu’elles sont maltraitées par leurs maris.

La racine de la renoncule bulbeuse & celle de la renoncule, qui est appellée aussi petite chelidoineou petite claire, petite scrophulaire, (voyez Scrophulaire, Mat. méd.) entre dans l’emplâtre diabotanum. (b)

Renoncule aquatique de Lapponie, (Botanique.) cette plante croît si promptement dans les rivieres de Lapponie, qu’en moins d’un mois & demi, c’est-à-dire depuis la mi-Juin jusqu’à la fin de Juillet, elle s’éleve à la hauteur de vingt piés ; & peut-être s’éleveroit-elle plus haut, si l’eau étoit plus profonde. Elle pousse en même tems des feuilles & des fleurs, dont toute la surface de l’eau est couverte ; elle meurt les premiers jours d’Août, ses graines étant parvenues en maturité. Linnœus flor. Lapp. 234. (D. J.)

RENOVATION, s. f. (Gram.) restitution d’une chose dans l’état où elle étoit antérieurement ; on dit la renovation du monde, la renovation des lois, la renovation des vœux.

RENOUÉE, s. f. polygonum, (Hist. nat. Botan.) genre de plante dont la fleur n’a point de pétales ; elle est composée de plusieurs étamines, soutenues par un calice en forme d’entonnoir & profondément découpée ; le pistil devient dans la suite une semence triangulaire, renfermée dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les fleurs naissent dans les aisselles des feuilles, & que les racines sont fibreuses. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Renouée, (Mat. méd.) cette plante tient un rang distingué parmi les vulnéraires astringens. On emploie très-communément son suc & sa décoction pris à l’intérieur contre les hémorrhagies. Chomel dit, dans son traité des plantes usuelles, qu’il a vu de si bons effets dans les cours de ventre & les dyssenteries, des lavemens préparés avec la décoction des feuilles de renouée, soit seules, soit mêlées avec les herbes émollientes, que ce remede pouvoit être regardé comme un spécifique dans ces maladies. On emploie aussi quelquefois ce suc & cette décoction à l’extérieur, aussi-bien que la plante pilée & réduite en forme de cataplasme dans le pansement domestique des plaies, contre le flux immodéré des hémorroïdes, &c. Quelques auteurs graves ont même prétendu que le marc de la décoction de cette plante ou la plante pilée, étant appliquée sous les aisselles, arrêtoit les hémorrhagies.

L’eau distillée de renouée est une de celles que les Apoticaires tiennent communément dans leur boutique ; mais elle ne vaut pas mieux que celle de plantain. Voyez Plantain. Les feuilles de renouée entrent dans le sirop de consoude, & dans la décoction astringente de la pharmacopée de Paris. &c.

RENOUER, v. act. (Gram.) nouer de nouveau. Voyez les articles Nœud & Nouer. Il se prend au simple & au figuré, renouer une corde brisée, un fil rompu ; renouer une ancienne liaison.

RENOUEUR, s. m. (Gram.) chirurgien qui s’occupe particulierement de la réduction des membres disloqués.

RENOUVELLEMENT, s. m. (Gram.) action par laquelle on renouvelle, ou l’on continue de donner à une chose la même force & vigueur qu’elle a eue autrefois. On dit le renouvellement d’un billet, d’une promesse, d’une obligation. Voyez Renouveller.

RENOUVELLER, v. act. (Gram.) confirmer une chose, ou la faire de nouveau, il se dit aussi de la continuation d’un écrit, d’un engagement. Il est ordinaire dans le commerce de renouveller les billets, les promesses & les obligations à leur échéance, c’est-à-dire d’en faire de nouvelles, ou d’en stipuler la continuation au bas des anciennes. Dict. de Comm. & de Trév.

RENSEMENCER, v. act. (Gram.) c’est ensemen-