L’Encyclopédie/1re édition/RAIPONCE ou REPONCE

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RAIPONCE ou REPONCE, s. f. rapunculus, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, & à-peu-près en forme de cloche, mais ouverte & découpée de façon qu’elle représente une étoile. Le pistil est ordinairement fourchu, & le calice de la fleur devient dans la suite un fruit divisé en trois loges, qui renferme des semences le plus souvent petites. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort compte dix especes de ce genre de plante, dont la principale est à fleur bleue, à racine bonne à manger, rapunculus flore cæruleo, radice esculentâ, I. R. H. 113. en anglois the blue spiked rampion.

Sa racine est longue & grosse comme le petit doigt, ordinairement simple & blanche ; elle pousse une ou plusieurs tiges à la hauteur de deux piés, grêles, anguleuses, cannelées, velues, garnies de feuilles étroites, pointues, sans queue, collées ou adhérentes à la tige par une base un peu large, légerement dentelées sur les bords, & empreintes d’un suc laiteux.

Ses fleurs naissent aux sommets de la tige & des branches sur de longs pédicules : chacune de ces fleurs est une cloche évasée, & coupée ordinairement sur les bords en cinq parties, de couleur bleue ou purpurine, quelquefois blanche, soutenue sur un calice fendu en cinq pieces. Lorsque la fleur est passée, il lui succéde un fruit membraneux, divisé en trois loges, qui renferment plusieurs semences, menues, luisantes, roussâtres.

Toute la plante donne du lait comme les autres campanules. Elle vient sur les bords des fossés dans les prés, & dans les champs. Elle fleurit en Juin, & on la cultive aussi dans les potagers. D. J.)

Raiponce, (Diete, Mat. méd.) petite raiponce de carème ; raiponce sauvage ou grande raiponce, & raiponce d’Amérique ou cardinale bleue, espece de lobelia de Linnæus.

La racine des deux premieres plantes, & surtout celle de la premiere, se mange assez communément en salade, soit crue, soit cuite. Lorsqu’elle est jeune & tendre, les bons estomacs la digerent assez bien ; elle passe même pour fortifier ce viscere, & pour aider à la digestion. On l’emploie fort rarement à titre de remede. Elle est mise cependant au rang des apéritifs diurétiques, & regardée même comme utile dans la gravelle.

La troisieme est une des plantes que M. Kalm, savant naturaliste suédois, a proposées comme un spécifique contre les maladies vénériennes, dont il a appris le secret des sauvages de l’Amérique septentrionale, & qu’il a publié dans les mém. de l’acad. royale des Sciences de Suede, pour l’année 1750.

C’est la racine de cette plante qui fournit ce spécifique. On en prend cinq ou six soit fraîches, soit séchées. On les fait bouillir pour en faire une sorte de coction ; on en fait boire abondamment au malade, dès qu’il est reveillé ; & il continue d’en faire sa boisson ordinaire dans le cours de la journée ; elle doit être légerement purgative ; si elle agissoit trop vivement, il faudroit la faire moins forte. Pendant l’usage du remede, il faut s’abstenir de liqueurs fortes, & des alimens trop assaisonnés : le malade continue sa boisson ; il s’en sert même pour bassiner & fomenter les parties extérieures du corps sur lesquelles le mal a fait impression : il ne faut que quinze jours ou trois semaines pour parvenir à une guérison totale. Extrait du mémoire ci-dessus cité dans le journal de médecine, Février 1760. Quand le mal est très-invétéré, & que le remede ci-dessus décrit est insuffisant, on le rend plus efficace en y joignant une petite quantité de racine de la renoncule de Virginie. Voyez Renoncule, Mat. méd. (b)