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nant réformé à la suite d’une compagnie maintenue sur pié, & il y demeure toujours avec l’avantage d’être conservé dans son rang d’ancienneté, & en état de monter aux charges vacantes, selon la date de sa commission ou de son brevet. Dictionn. milit. (D. J.)

RÉFORMER, en Jurisprudence, signifie changer de forme & rectifier quelqu’acte ; on dit reformer des conclusions. (A)

REFOULÉ, adj. (Hydraul.) on dit que l’eau est refoulée, quand elle est forcée de monter soit dans un corps de pompe, soit en descendant d’une montagne pour remonter sur une autre. (K)

REFOULEMENT, s. m. l’action de refouler. Voyez Refouler.

Refoulement du grain, terme de mesurage ; c’est l’entassement & le resserrement que fait un tas de grain. Ce refoulement a ses variétés, dont on peut juger par les différentes manieres dont on mesure le grain, ce qui n’est pas d’une petite conséquence, tant pour les acheteurs que pour les vendeurs. Car, par exemple, lorsque deux hommes, tenant un sac, laissent tomber de haut le grain dans le minot, le refoulement augmente le poids de cette mesure d’une livre. Cette maniere de mesurer se pratique à la grève & sur les ports : mais dans les bateaux, comme au quai de l’Ecole, où la maniere est différente, on y plonge la mesure de haut en bas, & en la retournant on la secoue fortement ; quand elle s’acheve d’emplir, le balancement fait une augmentation de trois livres par minot, au lieu qu’à la halle & dans les marchés ordinaires, le blé se coule à la main, & les marchands & laboureurs ne veulent pas même que l’on batte la mesure avec le rouleau dont on la rase. (D. J.)

REFOULER, v. act. c’est fouler de-rechef. Voyez les articles Foule & Fouler.

Refouler, terme de Marine ; c’est aller contre la marée. On dit que la marée refoule lorsqu’elle descend.

Refouler, en terme de Tabletier-Cornetier ; c’est l’action de former les fonds de toutes les sortes de cornets, à jouer, ou à écrire ; ce qui se fait ainsi. La matiere échauffée au feu se met en-travers dans un billot qui tire son nom de son usage. Chaque bout de la piece est appuyé sur une plaque. Le mandrin qui est dedans ne va point jusqu’à l’extrémité où l’on veut faire le fond, & par le moyen d’un coin de bois mis à l’un ou l’autre bout, entre la plaque contre laquelle l’ouvrage est arrêté, & une autre qui est derriere celle-ci, la corne s’alonge aux coups de marteau, & le vuide se ferme enfin.

Refouler, c’est en terme de Chasse, retourner sur ses pas.

REFOULOIR, s. m. c’est dans l’Artillerie, un bâton ou hampe, qui porte à son extrémité une tête de bois de forme cylindrique, avec laquelle on presse la poudre dans la piece, de même que le fourage ou le tampon qu’on met dessus. Quelques auteurs donnent le nom de fouloir à cet instrument, mais refouloir est son vrai nom. Voyez cet instrument en E, Pl. VI. de Fortification, fig. 6. (Q)

REFOURNIR, terme de commerce ; fournir ou se fournir de nouveau. Voyez Fournir.

REFRACTAIRE, adj. (Métallurgie.) mot dont on se sert dans les fonderies pour désigner les mines qui, soit par elles-mêmes, soit à cause des substances avec lesquelles elles sont jointes, n’entrent point en fusion, ou du moins se fondent très-difficilement.

On nomme aussi pierres réfractaires ou apyres, celles que l’action du feu ne peut convertir ni en chaux, ni en verre, comme les talcs, &c.

REFRACTÉ, adj. (Optique.) se dit d’un rayon de

lumiere qui a souffert une ou plusieurs refractions. On l’appelle aussi rayon rompu. Voyez Refraction.

REFRACTION, s. f. terme de Méchanique, est le détour, le changement de direction qui arrive à un mobile quand il tombe obliquement d’un milieu dans un autre qu’il pénétre plus ou moins facilement, ce qui est cause que le mouvement de ce corps devient plus ou moins oblique qu’il n’étoit auparavant, & s’éloigne de sa rectitude. Voyez Milieu.

Par exemple, si une balle A, (Pl. Méchanique, fig. 52.) se meut dans l’air, suivant la ligne AB, & qu’elle frappe obliquement la surface de l’eau CD, elle n’ira point en E, mais elle se détournera vers F. De même si la balle se meut dans l’eau suivant la ligne AB, & qu’elle tombe obliquement sur la surface de l’air CD, elle n’ira point directement au point E, ni au point F, mais elle se détournera vers G. C’est ce détour dans l’un & l’autre cas que l’on nomme réfraction ; & on le distingue par le moyen de la perpendiculaire MI ; celle qui se fait suivant BG est appellée réfraction en s’approchant de la perpendiculaire, ou vers l’axe de réfraction ; & l’autre B F, réfraction en s’éloignant de la perpendiculaire, ou de l’axe de réfraction.

Plusieurs auteurs regardent, après Descartes, comme une loi de la réfraction qui a lieu dans tous les corps & dans tous les milieux, qu’un corps qui entre obliquement d’un milieu qui lui résiste dans un autre où il rencontre moins de résistance, se rompt en s’approchant de la perpendiculaire, & qu’en passant d’un milieu plus rare dans un autre plus dense, il s’éloigne de la perpendiculaire.

Ces auteurs en concluent que si les rayons de lumiere qui entrent de l’air dans l’eau s’approchent de la perpendiculaire ; au lieu qu’une balle qu’on jette dans l’eau s’en éloigne ; cela prouve que l’eau résiste moins que l’air au mouvement de la lumiere, quoiqu’elle fasse plus de résistance à celui de la balle.

Mais on ne sauroit trop s’étonner que les Philosophes aient été si longtems dans l’erreur sur ce sujet. Il est vrai qu’il paroît naturel de faire dépendre la réfraction de la lumiere des mêmes principes que la réfraction des corps solides. Mais quand on examine attentivement les phénomenes qui naissent de la réfraction de la lumiere, & qui ne s’accordent point du tout avec les circonstances qui accompagnent la réfraction des corps solides ; on est d’abord frappé de cette différence. Il est prouvé que la réfraction d’un rayon de lumiere qui a traversé le verre d’un récipient, augmente à mesure que les coups de piston raréfient l’air contenu dans ce récipient. Quelle difficulté pour les cartésiens ? Diront-ils que la machine pneumatique augmente l’embarras du milieu qu’elle raréfie, & que le rayon ne doit jamais éprouver plus de résistance que lorsque le récipient est aussi purgé d’air qu’il est possible ? Ils doivent le dire sans doute, & ils ne peuvent se dispenser d’admettre que les corps les plus denses sont ceux qui ouvrent le passage le plus libre à la lumiere. Etrange conséquence, bien propre à dégouter du principe ; on doute qu’il y ait des adoucissemens capables de lui faire perdre ce qu’elle a de révoltant. Voici pourtant une difficulté encore plus considérable. Si la résistance du milieu cause la réfraction de la lumiere, comme elle cause la réfraction des corps solides, il suit qu’un rayon qui souffre plusieurs réfractions, doit perdre sensiblement de son mouvement, & qu’il le perdra même entierement, ainsi qu’il arrive à un corps solide qui traverse un fluide. Or l’expérience dément encore ici la comparaison que doivent faire les Cartésiens ; & s’il arrive qu’un rayon qui traverse plusieurs milieux perde sensiblement de sa lumiere, il n’en faut attribuer la cause qu’à la perte réelle de