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Racine de la langue. Voyez Langue.

Racine, (Critique sacrée) ῥίζα ; ce mot se prend au figuré dans l’Ecriture, soit en bonne, soit en mauvaise part, pour origine, principes, descendans, soit au propre soit au figuré. Racine amere. Hébr. xij. 15. ῥίζα πικρά, c’est une méchante racine. Il y a, dit l’Ecclés. xxj. 15. une finesse pleine d’amertume, c’est-à-dire une méchanceté. L’auteur du I. liv. des Macch. j. 2. appelle Antiochus une racine criminelle, ῥίζα ἁμαρτωλός, c’est-à-dire un prince dont les actions sont criminelles. L’Ecriture donne aussi figurément des racines aux vertus. La racine de la sagesse, dit le fils de Syrach, c. j. 24. est la crainte du Seigneur, & ses branches donnent une longue vie. (D. J.)

Racines, (Chronolog.) certains points qu’on prend pour époques.

Racine, couleur de (terme de Teinturier) on appelle couleur de racine, en terme de teinturier, la couleur fauve qui est une des cinq couleurs simples & matrices. Elle se fait communément avec de l’écorce de noyer, de la feuille & de la coque de noix. (D. J.)

RACK ou ARAK, (Hist. mod.) liqueur spiritueuse très-forte, que les habitans de l’Indostan tirent par la fermentation & la distillation du suc des cannes de sucre, mêlé avec l’écorce aromatique d’un arbre appellé jagra. Cette liqueur est très-propre à enivrer ; son usage immodéré attaque les nerfs, suivant Bernier, & produit un grand nombre de maladies dangereuses. On ne sçait si c’est la même que les Anglois apportent des Indes orientales, & dont ils font le punch le plus estimé parmi eux, quoiqu’il ait communément une odeur de vernis assez désagréable pour ceux qui n’y sont point accoutumés ; cependant on prétend que ce rack ou arak est une eau-de-vie tirée du ris par une distillation qui vraisemblablement a été mal faite, à en juger par le goût d’empyreume ou de brûlé qu’on y trouve. On apporte pourtant quelquefois des Indes orientales une espece de rack plus pur & plus aromatisé, qui paroît avoir été fait avec plus de soin & qui peut-être a été rectifié ou distillé de nouveau comme l’esprit de vin. Une très-petite quantité de ce rack mêlé avec une grande quantité d’eau, fait un punch beaucoup plus agréable que celui que les Anglois nomment rack-punch ordinaire. Quoi qu’il en soit, les voyageurs semblent s’être beaucoup plus occupés de boire ces liqueurs dans le pays, que de nous les faire connoître.

RACKELSBURG, (Géog. mod.) petite ville d’Alemagne dans la basse Stirie, nommée par les anciens Raclitanum, & par les Vandales Radcony. Elle est sur la gauche du Muer, à 8 milles au-dessous de Gratz. Elle a été incendiée & rebâtie plusieurs fois ; Elle a pour sa défense un château sur une montagne ; les Turcs furent battus devant cette place l’an 1418. Long. 34. 30. latit. 46. 55. (D. J.)

RACLE ou Gratoir, s. f. (Marine.) petit ferrement tranchant qui est emmanché de bois, & qui sert à ratisser les vaisseaux pour les tenir propres.

La racle double, est une racle à deux tranchans.

Grande racle, est celle qui sert à nettoyer les parties qui sont sous l’eau.

Et la petite racle, est celle qui sert à nettoyer les parties qui sont hors de l’eau. (Z)

Racle, terme de riviere, est l’endroit d’une riviere, où le terrein pendant un certain espace a plus de profondeur.

RACLER, v. act. (Grammaire.) ratisser quelque chose, en ôter les inégalités & le superflu. Les Parcheminiers & les Corroyeurs raclent, ceux-ci leurs cuirs, ceux-là les peaux dont ils fabriquent le parchemin & le vélin.

Racler, en terme de Mesureurs de grains, signifie ôter avec la racloire ou radoire, ce qu’il y a de trop de grains sur les minots, boisseaux, & autres mesures lorsqu’elles ne doivent pas être données combles. Voyez Mesure & Comble ; on dit aussi rader. Voyez Rader, Dictionn. de comm.

Racler, (Jardinage.) se dit d’une allée où il n’y a point d’herbes, & où il ne faut que passer le racloir pour la nettoyer.

Racler ou Gratter, en terme d’Orfevre en grosserie, c’est polir avec le grattoir les parties creuses d’une piece d’orfevrerie, où la lime, de quelque espece qu’elle soit, ne peut être introduite. Voyez Gratter & Grattoir.

RACLEUR, s. m. terme de Mesureur de grains, c’est une sorte de morceau de bois, qui est large d’environ trois doigts, avec un rebord, & qui sert à couper le blé quand on le mesure sur les ports de Paris.

RACLIA, (Géog. mod.) écueil de l’Archipel, à 3 milles de Skinosa, entre les îles de Naxie & de Nio, à environ 4 lieues de l’une & de l’autre. Cet écueil a une douzaine de milles de circuit. Les moines d’Amorgos qui habitent Raclia, y font nourrir huit ou neuf cens chevres ou brebis.

Il semble d’abord que le nom de Raclia soit tiré d’Héraclée ; mais outre que les géographes anciens n’ont fait mention d’aucune île de ce nom, il y a beaucoup d’apparence que celle dont il s’agit ici a été connue sous le nom de Nicasia, que Pline, Etienne le géographe, Suidas, & Eustathe, placent auprès de Naxos. (D. J.)

RACLINE ou RACLINDE, (Géog. mod.) île de la mer d’Ecosse, au-delà du cap de Cantyr, du côte de l’est-sud-ouest, & à quatre milles seulement des côtes d’Irlande ; on la prend pour l’île Rienea de Pline. Voyez Ricina.

RACLOIR, s. m. terme de Serrurier, fer tortillé, gros comme le pouce ou environ, qui est attaché à de certaines portes, & accompagné d’un anneau de fer, avec lequel on touche le racloir, afin d’avertir les gens du logis, qu’ils aient à ouvrir la porte. (D. J.)

Racloir, (Reliure.) les Relieurs-doreurs se servent de cet outil pour unir les tranches du livre & les gouttieres avant d’y mettre l’or, & pour en ôter la superficie de la marbrure. C’est un morceau de bon acier d’environ un pié de long, évidé dans sa longueur, & ayant au milieu une queue de fer emmanchée comme un marteau à un morceau de bois arrondi. Le racloir est arrondi pour ratisser les gouttieres ; de l’autre bout il est quarré pour les tranches de la tête & de la queue des volumes. On a de ces outils de différentes largeurs pour les volumes plus ou moins gros. Voyez Pl. de la Reliure.

Racloir, (Tonnelier.) instrument avec lequel les Tonneliers nettoient les douves des futailles en-dedans ; cet outil se nomme une essette. Voyez Essete.

RACLOIRE, s. f. instrument destiné à racler la langue pour enlever une pituite limoneuse qui exude de ses glandes. Dans l’état de santé, la langue est chargée, sur-tout au réveil, d’une lymphe blanchâtre & mucilagineuse : c’est cette humeur qui se porte sur les dents, s’y attache, & produit ces incrustations tartareuses qui sont les causes éloignées de la carie. On prévient ces inconvéniens dans leur principe, en s’assujettissant à se bien racler & nettoyer la langue tous les matins, avant que de se rincer la bouche ; il faut aussi avoir la précaution d’ôter le limon dont les dents sont couvertes. Bien des personnes se servent d’une petite regle d’écaille, souple & flexible, longue de sept à huit pouces, & large d’environ trois lignes. On la tient par les deux bouts, qu’on approche l’un de l’autre à un pouce de distance ; le centre courbé en arc est porté dans la bou-