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que néanmoins le nombre des coups de fouet ne passât jamais celui de quarante, afin, dit le législateur, que votre frere ne sorte point de votre présence indignement déchiré. Deuter. xxv. 3. or, dans la crainte de passer le nombre des coups prescrits par Moïse, l’usage s’établit chez les Juifs d’ordonner pour les plus graves fautes trente-neuf coups de fouet, & non quarante. C’est pour cela que S. Paul, dans la deuxieme épitre aux Corinth. ch. xj. 24. leur dit, j’ai reçu des Juifs cinq différentes fois quarante coups de fouet, moins un, τεσσαράκοντα παρὰ μίαν. Le récit des souffrances de cet apôtre arrache les larmes : il avoit été sept fois chargé de chaînes, & battu de verges, selon Clément dans son épit. aux Corinthiens, S. Paul lui-même ; j’ai été trois fois battu de verges, & lapidé une fois ; j’ai fait naufrage trois fois. Je me suis trouvé dans mes voyages en périls des fleuves, des brigands, des gens de ma nation, des gentils, des faux-freres ; en peines & en travaux, en veilles, en jeûnes, souvent nud, & souvent accablé par le froid, la soif & la faim. (D. J.)

Quarante heures, prieres de, (Théolog.) dévotion très-usitée dans l’église romaine, qui consiste à exposer le S. Sacrement trois jours de suite pendant quarante-heures à la vénération des fideles. Ces prieres sont accompagnées de sermons, saluts, &c. on les fait ordinairement dans le jubilé, dans les calamités publiques, &c.

Quarante langues, voyez Moqueur.

QUARANTENIER, s. f. (Marine.) sorte de petite corde de la grosseur du petit doigt, dont on se sert pour raccommoder les autres cordes.

QUARANTIE, s. f. (Hist. de Venise.) ce mot se dit en parlant de la république de Venise, & signifie cour composée de quatre juges. On distingue de trois sortes de quarantie ; savoir la vieille quarantie civile, la nouvelle quarantie civile, & la quarantie criminelle. Cette derniere juge tous les crimes, excepté les crimes d’état, qui sont de la compétence du conseil des dix. La nouvelle quarantie civile connoît des appels des sentences rendues par les juges de dehors. La vieille quarantie civile connoît des appellations des sentences rendues par les subalternes de la ville. Amelot. (D. J.)

QUARANTIEME, s. m. (Arithmétiq.) en fait de fractions ou nombres rompus de quelque tout que ce soit, un quarantieme s’écrit de cette maniere  ; on dit aussi un quarante-unieme, un quarante-deuxieme, un quarante-troisieme, &c. & ces différentes fractions s’écrivent de même que celle ci-dessus, à l’exception que l’on met un 1, un 2, un 3, a la place du zéro qui est après le quatre, ce qui marque ainsi , &c. on dit encore deux quarantiemes, trois quarantiemes, &c. que l’on écrit de cette maniere . Le quarante-huitieme de vingt sols est cinq deniers, qui est une des parties aliquotes de la livre tournois. Ricard. (D. J.)

Quarantieme, s. m. (Droit des fermes.) droit qui se leve à Nantes & dans toute sa prevôté sur les marchandises qui passent devant S. Nazaire, en montant de Nantes à la mer. Ce droit exorbitant revient à six deniers par livre du prix de la marchandise. Il est au choix du fermier de le prendre en marchandises, ou en argent.

Quarantiéme jour, (Médec.) les anciens fixoient à ce jour la durée des maladies aiguës, & donnoient le nom de chroniques à celles qui duroient plus long-tems. On voit néamoins des maladies aiguës durer pendant soixante jours, mais c’est communément l’effet du traitement du médecin.

QUARDERONNER, v. act. (Charp.) c’est rabattre les arrêtes d’un poutre, d’une solive, d’une porte, &c. en y poussant un quart de rond entre deux filets. (D. J.)

QUARELET, voyez Carrelet.

QUARIATES, (Géogr. anc.) ancien peuple de la Gaule narbonnoise, selon Pline, l. III. c. iv. Le P. Hardouin conjecture qu’ils occupoient les diocèses de Senez & de Digne en Provence.

QUARQUENI, (Géog. anc.) ancien peuple de la Gaule transpadane, selon Pline, l. III. c. xix. Il étoit dans le pays qui est aujourd’hui l’état de Venise, vers la Marche Trévisane & le Frioul.

QUARRE, s. f. terme de Chapelier, c’est en terme de chapelier le tour de la forme du chapeau par le haut. (D. J.)

Quarre, s. f. (Chauderonnerie.) la quarre d’un chauderon, d’un poëlon, ou d’une marmite, est l’endroit où le fond de ces ouvrages se joint au bord. Faire la quarre d’un chauderon, c’est l’arrondir avec le maillet de buis sur cette espece d’enclume ronde, qu’en terme de chauderonnerie on nomme une boule. Dict. du comm.

Quarre, s. f. terme de Cordonnier, la quarre d’un soulier signifie le bout ; & chez les tailleurs la quarre d’un habit veut dire la taille du haut d’un habit. (D. J.)

QUARRÉ, s. m. en Géométrie, est une figure à quatre côtés, dont les côtés & les angles sont égaux. Voyez Figure, Quadrilatere, &c.

Pour trouver l’aire d’un quarré, cherchez la longueur d’un côté ; multipliez-le par lui même, le produit sera l’aire du quarré. Voyez Aire & Mesure.

Ainsi si la longueur d’un côté est 345, l’aire sera 119025 ; & si le côté du quarré est 10, l’aire sera 100.

Puis donc qu’une toise contient 6 piés, qu’un pié contient 12 pouces, &c. une toise quarrée contient 36 piés quarrés ; un pié quarré contient 144 pouces quarrés, &c.

Les propriétés du quarré sont que ses angles sont tous droits, & par conséquent ses côtés perpendiculaires les uns aux autres ; que la diagonale le divise en deux parties égales ; que la diagonale du quarré est incommensurable avec les côtés, &c. Voyez Diagonale & Incommensurable.

A l’égard du rapport des quarrés, ils sont les uns aux autres en raison doublée de leurs côtés. Par exemple, un quarré dont le côté est double d’un autre, est quadruple de cet autre quarré.

Un nombre quarré est le produit d’un nombre multiplie par lui-même. Voyez Nombre.

Ainsi 4 produit de 2 multipliés par 2, ou 16 produit de 4 multipliés par 4, sont des nombres quarrés.

Ces nombres sont appellés nombres quarrés, parce qu’on peut les arranger en forme de quarrés, en faisant que la racine ou le facteur soit le côté du quarré. Voyez Racine.

La différence de deux nombres quarrés, dont les racines ne sont pas l’unité, est un nombre impair, égal au double de la racine du plus petit en y ajoutant une unité.

On a par ce moyen une méthode facile de construire des nombres quarrés pour un nombre de racines qui procedent suivant la suite naturelle des nombres ; pour cela le double de la racine augmenté de l’unité doit toujours être ajouté au quarré précédent.

Ainsi si n = 1 ; 2n + 1 = 3 : si n = 2, donc 2n + 1 = 5. si n = 3, donc 2n + 1 = 7. si n = 4, donc 2n + 1 = 9. &c. ainsi on forme des nombres quarrés en ajoutant continuellement des nombres impairs.

Racine quarrée est un nombre qu’on considere comme la racine d’une seconde puissance, ou d’un nombre quarré ; ou bien, un nombre qui multiplié par lui-même produit un nombre quarré. Voyez Racine.