Voyez le traité de l’abus par Fevret. (A)
Procureur du Roi de police, est celui qui fait les fonctions du ministere public au siege de la police ; en l’absence du juge, c’est lui qui siege. Voyez l’édit du mois de Novembre 1699, & la déclaration du 6 Août 1701, vers la fin. Voyez aussi Police & Procureur du Roi syndic. (A)
Procureur du roi syndic, c’est ainsi qu’on appelle à Nantes celui qui fait la fonction de procureur du roi au siege de la police, pour le distinguer du procureur du roi au siege du bailliage. (A)
Procureur substitué est celui auquel un fondé de procuration délegue le pouvoir d’agir en sa place ; ce qui ne se peut faire valablement, à-moins que la premiere procuration ne contienne le pouvoir de substituer. Voyez Mandat, Mandataire & Procuration. (A)
Procureur syndic est une charge dont la fonction consiste à gérer les affaires de quelque communauté. Les procureurs syndics ont été établis en titre d’office dans la plûpart des communautés ; mais par un édit postérieur, ces offices ont été réunis aux communautés, lesquelles par ce moyen choisissent leur syndic comme elles faisoient avant la création de ces offices. (A)
Procureur tiers, on sousentend référendaire, taxateur des dépens, est un procureur ad lites, qui est choisi par les parties ou par leurs procureurs, pour régler les contestations qui surviennent entre eux dans la taxe des dépens. Voyez ce qui a été dit ci-devant au mot Procureur, & ci-après Tiers référendaire. (A)
PROCYON, (Littér. astron.) il y a trois constellations que les anciens, de l’aveu de Pline, ont souvent confondues ; le chien, canis ; la canicule, canicula ; & l’avant-chien, procyon. Cette derniere constellation est formée de trois étoiles, & précede les deux autres. Elle se levoit du tems d’Auguste le 15 de Juillet, onze jours avant la canicule, qui se leve 24 heures avant le chien ou le syrius. Voyez Syrius & Canicule.
PRODICTATEUR, s. m. (Hist. rom.) officier qui avoit chez les Romains le même pouvoir que le dictateur. Après la bataille de Trasimene, où fut tué le consul Flaminius : dans le trouble général où jetta la perte de cette bataille, la ressource accoutumée fut de nommer un dictateur ; mais cette nomination n’étoit pas sans difficulté, le dictateur ne pouvoit être nommé dans Rome, & par l’un des deux consuls, puisque de ces deux magistrats l’un venoit d’être tué & l’autre étoit occupé contre les Gaulois. Le tempérament qu’on prit fut de créer un prodictateur, qui auroit le même pouvoir que celui auquel il étoit subrogé. (D. J.)
PRODIGALITÉ, (Morale.) vaine profusion qui dépense pour soi, ou qui donne avec excès, sans raison, sans connoissance & sans prévoyance. Ce défaut est opposé d’un côté à la mesquinerie, & de l’autre à l’honnête épargne, qui consiste à conserver pour se mettre à l’abri contre les coups du sort.
Se jetter dans la somptueuse profusion, c’est étendre sa queue aux dépens de ses aîles. Les Aréopagistes la punissoient, & les prodigues en plusieurs lieux de la Grece étoient privés du sépulchre de leurs ancêtres. Lucien les compare au tonneau des Danaïdes, dont l’eau se répand de tous côtés. Le philosophe Bion se moqua de l’un d’eux qui avoit consumé un fort grand patrimoine, en ce qu’au rebours d’Amphiaraus que la terre avoit englouti, il avoit englouti toutes ses terres. Diogene voyant l’écriteau d’une maison à vendre qui appartenoit à un autre prodigue, dit plaisamment qu’il se doutoit bien que les profusions de ce logis feroient enfin arriver un maître.
La dépouille des nations produisit dans Rome tous les excès du luxe & de la prodigalité. On n’y voyoit que des partisans de ce Duronius qui, étant tribun du peuple, fit casser les lois somptuaires des festins, criant que c’étoit fait de la liberté, s’il falloit être frugal contre son gré, & s’il n’étoit pas permis de se ruiner par ses dépenses si on en avoit la volonté.
Il y a déja long-tems, dit Caton en plein sénat, que nous avons perdu la véritable dénomination des choses ; la profusion du bien d’autrui s’appelle libéralité, & ce renversement a finalement jetté la république sur le penchant de sa ruine.
Les rois doivent sur-tout se précautionner contre la prodigalité, parce que la générosité bien placée est une vertu royale. C’est un conseil que donne la reine Vérité à Charles VI. dans le songe du vieil pélérin, adressant au blanc faucon à bec & piés dorés. On sait que ce livre singulier est un ouvrage écrit l’an 1389 par Philippe de Mayzieres, l’un des plus célebres personnages du regne de Charles V. On en conserve le manuscrit dans la bibliotheque des célestins de Paris & dans celle de S. Victor. Voici comme la reine Vérité, chap. lviij. parle à Charles VI. dans son vieux langage.
« Tu dois avoir, beau fils, une fraische mémoire de ton besayeul, le vaillant roi de Béhaigue, qui fut si large & si folage que souventefois advint que en sa cour royale les tables étoient dressées, & en la cuisine n’avoit pas trop grand funcert de viandes : il donna tant à héraulx & à ménestreils & vaillans chevaliers, que souvent lui étant en Prague sa maistre cité, il n’avoit pas puissance de résister aux robeurs du royaume qui en sa présence venoient rober jusqu’à ladite cité. Au contraire, beau fils, tu as exemple de ton grand-oncle Charles, empereur de Rome, fils du susdit roi de Béhaigue, lequel empereur grand clerc, saige, soubtil & chault, selon la renommée commune de l’empire, fut si eschars & avaricieulx, qu’il fut de ses sujets trop plus doubté que amé ».
Cependant un prince doit être en garde contre le piege que d’avides courtisans lui tendent quelquefois en affectant de faire devant lui l’éloge de la libéralité : ils cherchent, continue la reine, à vous rendre magnifique, dans l’espérance que vous deviendrez prodigue. Mais souvenez-vous que si vous donnez trop à quelques-uns, bientôt vous ne serez plus en état de donner à tous : dans le superflu d’un seul, plusieurs trouveroient le nécessaire.
« Beau fils, se tu vouldras trouver les chevaliers qui ont coustume de bien plumer les rois & les seigneurs, & par leurs soubtiles pratiques, sur fourme de vaillance rempli de flatterie, te feront vaillant & large comme Alexandre, en récitant souvent le proverbe du maréchal Bouciquault, disant : Il n’est peschier que en la mer ; & si n’est don que de roi ; attrayant de toy & de ta vaillant largesse tant d’eau en leur moulin, qu’il suffiroit bien à trente-sept moulins qui, par défault d’eau, les deux parts du jour sont oiseuls ».
La dispensation des graces, selon la reine Vérité, exige encore une attention : il faut qu’elles soient proportionnées au rang de ceux qui les reçoivent & à la qualité de leurs services.
« Beau fils, il te devroit souvenir des dons & de dépense de tes vaillans & prud’hommes rois ancesseurs, desquels le domaine étoit plein comme un œuf, & de leurs subjets ne tiroient nulle aide ; ils avoient grand trésor & sans guere : & toutesfois, quant à leur largesse & aux dons, tu trouveras en la chambre des comptes que quant il venoit d’oultre-mer un très-vaillant chevalier qui étoit tenu preux pour une grant largesse audit chevalier, le roi lui faisoit donner cent livres tournois, & à un