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mais les Zuingliens & les Calvinistes prétendent que Jesus-Christ n’est dans ce sacrement qu’en signe ou en figure, & qu’on ne l’y reçoit que par la foi.

Les Catholiques prouvent contre eux la vérité de cette présence par deux voies, celle de prescription, & celle de discussion.

La voie de prescription consiste à montrer que les Protestans sont mal fondés à prétendre que l’Eglise catholique n’a pas toujours cru la présence réelle, & que le changement qu’ils supposent être arrivé à cet égard dans sa doctrine, n’a pu s’y introduire ni avant ni après Berenger. Voyez Berengariens. C’est ce qu’ont poussé jusqu’à l’évidence plusieurs théologiens catholiques, & entre autres l’auteur de la perpétuité de la foi.

La voie de discussion est l’examen & la fixation du sens des passages, tant de l’Ecriture que des Peres, qu’on apporte pour ou contre la présence réelle. Ceux de l’Ecriture se réduisent aux paroles de la promesse, en saint Jean, c. vj. à celles de l’institution de ce sacrement, hoc est corpus meum, hic est sanguis meus, rapportés en saint Matthieu, xxvj. 26. Marc, xiv. 22. Luc, xxij. 19. & saint Paul, I. Cor. xj. 24. & enfin au sens que les Peres ont donné à ces paroles. Tout dépend pour l’éclaircissement de cette importante question, de savoir si elles doivent être prises dans le sens littéral ou dans un sens figuré, & dans lequel de ces deux sens les Peres les ont entendues. Cette matiere a été si bien éclaircie, sur-tout dans le dernier siecle, & les écrits des Catholiques sont si connus & si supérieurs à ceux des Protestans, qu’on nous dispensera d’entrer à cet égard dans un plus long détail.

PRÉSENT, adjectif, pris quelquefois substantivement ; (Gram.) les tems présens, ou substantivement, les présens dans les verbes, sont des tems qui expriment la simultanéité d’existence à l’égard d’une époque de comparaison.

Il y a plusieurs especes de présens, selon la maniere dont l’époque de comparaison y est envisagée. Si l’existence s’y rapporte à une époque quelconque & indéterminée, c’est un présent indéfini : si l’époque est déterminée, le présent est défini. Or l’époque ne peut être déterminée que par sa relation au moment de la parole ; & cette relation peut aussi être ou de simultanéité, ou d’antériorité, ou de postériorité, selon que l’époque concourt avec l’acte de la parole, ou qu’elle le précede, ou qu’elle le suit. De-là trois especes de présens définis, le présent actuel, le présent antérieur, & le présent postérieur.

Telles sont les vues générales qu’indique la Métaphysique des tems : mais je ne dois pas montrer ici jusqu’à quel point les usages des langues particulieres s’y conforment ou s’en écartent. Il faut voir au mot Tems, l’ensemble du système métaphysique, & sa liaison avec les usages des différens idiomes. (B. E. R. M.)

Présent, (Jurisprud.) dans les coutumes, se dit de celui qui demeure dans le même bailliage ou sénéchaussée, qu’une autre personne.

Celui qui a plusieurs domiciles en diverses provinces, est réputé présent dans toutes.

Celui qui n’a aucun domicile certain est réputé absent. Voyez le Maître sur Paris, titre des prescriptions.

Dans le style judiciaire on est réputé présent, quoiqu’on ne comparoisse pas en personne lorsque l’on est représenté par son avocat ou par son procureur. (A)

Présent, (Gram.) don gratuit, marque d’attachement, d’estime, ou de reconnoissance.

Présent mortuaire, dans l’ancien droit anglois, étoit un présent qu’on faisoit au prêtre lors de la mort de quelqu’un : c’étoit ordinairement le meilleur che-

val de son écurie, ou la meilleure vache de son étable ; ou au défaut de bestiaux, tout autre effet. Ce

présent mortuaire s’appelloit en quelques coutumes corse-présent, comme qui diroit corps-présent, parce que lorsque le prêtre levoit le corps, on lui délivroit ce présent.

PRAESENTALIS, s. m. (Hist. anc.) inspecteur des postes : cet homme veilloit à ce que personne ne courût sans la permission de l’empereur ; il accompagnoit la cour par-tout où elle se transportoit.

PRÉSENTATION, s. f. (Hist. des Juifs.) il y avoit chez les Juifs deux sortes de présentations ; la premiere est celle que les parens, pour obéir à la loi de Moise, faisoient de leurs enfans premiers nés. L’autre présentation, est celle que les mêmes Juifs faisoient à Dieu de leurs enfans, ou d’autres choses qu’ils lui avoient vouées ; car c’étoit un de leurs usages de se vouer eux-mêmes, ou de vouer leurs enfans, soit pour toujours, soit avec la réserve de pouvoir les racheter. Il y avoit pour cela autour du temple de Jérusalem, des appartemens destinés aux femmes & aux hommes, qui y devoient accomplir le vœu qu’ils avoient fait, ou que leurs parens avoient fait pour eux. C’est ainsi que Samuel ayant été voué au Seigneur, pour être employé à son service, demeura au tabernacle depuis l’âge de trois ans, Rois, I. xxiv.

La fête de la Présentation de la Vierge qui s’introduisit chez les Latins dans le xiv. siecle, n’est appuyée sur aucune tradition raisonnable. (D. J.)

Présentation de la Vierge, (Théolog.) nom d’une fête qu’on célebre dans l’Eglise romaine le 21 Novembre, en mémoire de ce que la sainte Vierge fut présentée au temple par ses parens pour y être élevée. Voyez Vierge.

Pour justifier cette origine, on prétend qu’il y avoit de jeunes filles qui étoient élevées dans le temple de Jérusalem, & l’on allegue en preuve ces paroles du second livre des Machabées : Sed & Virgines quæ conclusæ erant, proecurrebant ad Oniam. C’est le sentiment de Menochius sur ce passage, & Nicelas de Lyra ajoute qu’on élevoit dans le temple ou dans de grands bâtimens qui en étoient voisins, de jeunes filles jusqu’à ce qu’elles fussent mariées.

Emmanuel Commnene, empereur des grecs, qui régnoit en 1150, fait mention de cette fête dans une de ses ordonnances, & elle étoit déja fort célebre parmi les grecs, chez lesquels quelques-uns croient qu’elle fut instituée des le onzieme siecle, comme il paroît par des homélies de George de Nicomédie, contemporain de Photius. Elle ne passa en occident qu’en 1372, où sur l’avis qu’eut Gregoire XI. de l’usage des grecs, il établit une solemnité semblable.

M. de Launoy & M. Baillet remarquent, qu’anciennement la présentation de la Vierge se prenoit activement pour la présentation de J. C. au temple, & que depuis on a ordonné pour objet à cette fête la présentation de la personne de la sainte Vierge au temple au jour de la purification de sa mere ; mais comme cette loi n’avoit lieu que pour les mâles premiers nés, on a encore changé en supposant qu’elle n’avoit été présentée au temple qu’à un certain âge où elle étoit en état de rendre service. Mais cela n’a aucun fondement dans l’histoire, & très-peu dans les usages des Juifs : il est vrai qu’on célébroit cette fête dans l’église grecque au 21 Novembre, sous le nom d’entrée de la mere de Dieu au temple, terme équivoque, & qui peut signifier la présentation de J. C. au temple, comme celle de la Vierge ; mais dans le siecle suivant, Germain, patriarche de Constantinople, expliqua cette fête de la présentation même de la sainte Vierge au temple, & depuis les grecs, les Cophtes & les Moscovites l’ont célébrée sous cette idée. Quoique Grégoire XI & Charles V, roi