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tion qui est une conséquence légitime d’une vérité connue par la démonstration ou par l’expérience. Concluons donc que le possible est, à proprement parler, tout ce à quoi répond quelque idée. Les Cartésiens ont apperçu cette idée du possible quand ils l’ont défini, ce qui peut être apperçu clairement & distinctement par notre ame. Cependant, quand on s’en tient-là, l’idée du possible n’est pas suffisante & applicable à tous les cas. Car de ce que nous n’avons pas une idée d’une chose, & même de ce que nous ne pouvons pas l’acquérir, il ne s’ensuit pas qu’elle doive être exclue des possibles. Tout ce que nous concevons est possible. Fort bien ; mais tout ce que nous ne concevons pas n’est pas possible. Point du tout. Nous ne pouvons décider de l’impossibilité d’une chose que lorsque nous avons démonstration de la contradiction qu’elle renferme. Voyez Impossible.

La possibilité des choses ne dépend point de la volonté de Dieu ; car si les choses n’étoient possibles que parce que Dieu l’a voulu ainsi, elles deviendroient impossibles s’il le vouloit autrement ; c’est à-dire, que tout seroit possible & impossible en même tems, ce qui est contradictoire. Voyez Essence.

POSSON, s. m. (Comm.) que l’on nomme aussi poisson ou roquille, petite mesure pour les liqueurs, qui contient la moitié d’un demi-septier, ou un quart de chopine de Paris. Voyez Poisson. Dictionnaire du Commerce.

POST-COMMUNION, s. f. (Hist. ecclés.) antienne ou verset d’un pseaume que le prêtre récite & que le chœur chante à la Messe lorsque le prêtre a communié. L’on appelle aussi post-communion une oraison que le prêtre récite immédiatement avant que de dire Ite, missa est.

Dans la primitive Eglise la post-communion étoit une action beaucoup plus longue & plus solemnelle. D’abord le premier diacre exhortoit le peuple par une formule assez longue, & dont on trouve un exemple dans les Constitutions apostoliques, liv. VIII. ch. xiv. à remercier Dieu des bienfaits qu’il avoit reçus dans la participation aux saints mysteres. Ensuite l’évêque recommandoit le peuple à Dieu par une oraison d’action de grace relative à tous les besoins spirituels & corporels des fideles. On en trouve une dans l’ouvrage que nous venons d’indiquer, ch. xv. Ces actions de graces se faisoient toujours en nombre pluriel, & au nom de toute l’Eglise. Nous avons conservé des traces de tous ces usages dans les dernieres collectes ou post-communions que nos prêtres récitent immédiatement avant la fin de la Messe ; & outre cela, la courte priere placeat qu’ils disent avant que de donner la bénédiction, comprend en général ce que les anciens évêques énonçòient d’une maniere plus détaillée dans leur action de grace. Bingham. Orig. eccles. tom. VI. lib. XV. cap. vj. §. 1. & 2.

POSTDAM ou POTZTEIN, (Géog. mod.) ville & maison de plaisance du roi de Prusse, dans la moyenne marche de Brandebourg, à 4 milles de Berlin, dans une île que forment le Havel & la Sprée, & qui a 4 lieues de tour. La maison de plaisance est agréable, & la ville s’augmente tous les jours. Long. 31. 13′. latit. 52. 36′. (D. J.)

POSTE. s. m. dans l’Art militaire, c’est un lieu propre à camper des soldats. Ce mot vient du latin positus, placé ; d’autres le dérivent de potestas, puissance.

Un poste signifie un terrein fortifié ou non, où l’on place un corps d’hommes pour y rester & se fortifier, afin de combattre l’ennemi. Ainsi l’on dit, le poste fut relevé, le poste fut abandonné, le poste fut pris ou emporté l’épée à la main.

Un terrein occupé par un parti, afin de protéger le front d’une armée & découvrir les postes qui sont derriere s’appelle un poste avancé. Chambers.

Poste d’honneur à la guerre, c’est celui qui est jugé le plus périlleux. On donne les postes d’honneur aux plus anciens ou aux premiers régimens. Les flancs des lignes dans la formation de l’armée étant les endroits les plus exposés & les plus dangereux, sont les postes d’honneur de l’armée.

Il y a dans l’infanterie quatre postes d’honneur.

Le premier est la droite de la premiere ligne ; le second est la gauche de cette même ligne ; le troisieme, la droite de la seconde ligne ; & le quatrieme, la gauche de cette ligne. Cependant, par un ancien usage, le régiment des gardes, qui est le premier régiment de France, se place toujours au centre de la premiere ligne.

A l’égard de la cavalerie, comme elle est divisée en deux corps, savoir de la droite & de la gauche, elle a huit postes d’honneur, dont les quatre premiers sont les mêmes que ceux de l’infanterie ; le cinquieme est la gauche de la premiere ligne de l’aîle droite ; le sixieme est la droite de la premiere ligne de l’aîle gauche ; le septieme, la gauche de la seconde ligne de l’aîle droite ; & le huitieme est la droite de la seconde ligne de l’aîle gauche.

Dans les différentes brigades de l’armée, les régimens suivent la même regle entr’eux, c’est-à-dire que le premier ou le plus ancien se met à la droite de la brigade ; le deuxieme à la gauche, le troisieme & le quatrieme, s’il y en a un quatrieme, se mettent au centre.

Dans les brigades qui ferment la gauche des lignes, la gauche est alors le poste d’honneur ; ainsi le premier régiment occupe cette place, & le second la droite, &c. (Q)

Poste, s. f. (Hist. anc. & mod.) les postes sont des relais de chevaux établis de distance en distance, à l’usage des couriers chargés de porter les missives, tant du souverain que des particuliers ; ces relais servent aussi à tous les voyageurs qui veulent en user, en payant toutefois le prix réglé par le gouvernement.

La nécessité de correspondre les uns avec les autres, & particulierement avec les nations étrangeres, a fait inventer les postes. Si l’on en croit plusieurs historiens, les hirondelles, les pigeons & les chiens ont été les messagers de quelques nations, avant que l’on eût trouvé des moyens plus sûrs pour aller promptement d’un lieu dans un autre.

Hérodote nous apprend que les courses publiques, que nous appellons postes, furent inventées par les Perses ; il dit que de la mer greque qui est la mer Egée, & la Propontide jusqu’à la ville de Suze, capitale du royaume des Perses, il y avoit pour cent onze gîtes ou mansions de distance. Il appelle ces mansions basilicos stathmos, id est mansiones regias, sive diversoria pulcherrima : il y avoit une journée de chemin de l’un à l’autre gîte ou mansion.

Xénophon nous enseigne que ce fut Cyrus même qui, pour en rendre l’usage facile, établit des stations ou lieux de retraite sur les grands chemins, somptueusement bâties, assez vastes pour contenir un nombre d’hommes & de chevaux, pour faire en peu de tems beaucoup de chemin ; & ordonna aux porteurs de ses ordres qu’à leur arrivée à l’une des postes ou stations, ils eussent à déclarer le sujet de leur course à ceux qui y étoient préposés, afin que des uns aux autres les nouvelles parvinssent jusques au roi. Ce fut dans l’expédition de Cyrus contre les Scythes que ce prince établit les postes de son royaume environ 500 ans avant la naissance de Jesus-Christ.

On prenoit aussi quelquefois les chevaux & les navires par force. Comme les chevaux destinés aux courses publiques étoient ordinairement poussés à grands coups d’éperons, & forcés de courir malgré