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au nom d’une assemblée, d’un corps. Dans chacun des six corps des marchands de la ville de Paris, c’est le grand garde qui porte la parole : les syndics & les jurés dans les communautés des arts & métiers, portent la parole chacun pour leur corps.

Porter, (Marine.) toutes les voiles portent, le vent est dans les voiles ; porter peu de voiles, c’est n’en déployer qu’une petite partie : porter, c’est-à-dire, gouverner, faire route, courir ou faire voiles ; ainsi l’on dit d’un vaisseau, qu’il porte au sud, qu’il porte le cap au sud, pour dire qu’il fait route au sud. On dit qu’il est porté d’un vent de sud, qu’il est porté d’un vent d’est, pour dire qu’il est conduit par l’un ou l’autre de ces vents : on dit aussi qu’il est porté d’un vent frais.

Porter sur l’ennemi, porter sur l’escadre rouge. Voyez Capporter le cap, Gouverner

Porter à route, c’est aller en droiture sans louvoyer, au lieu où l’on doit aller.

Porter, se dit quelquefois de la charge dont un vaisseau marchand est capable, & des équipages & canons dont il est monté. Ce vaisseau porte vingt pieces de canons, cent soldats, à proportion de matelots & d’officiers, & plus de deux mille tonneaux de marchandises.

Porter, terme de Blason, l’on dit de quiconque a des armes, qu’il porte les différentes pieces dont est chargé son écusson : si, par exemple, il y a trois lions rampans, on dit qu’il les porte. Voyez Piece, &c.

Porter, v. act. (Archit.) ce terme a plusieurs significations dans l’art de bâtir. On dit qu’une piece de bois ou qu’une pierre porte tant de long & de gros, pour dire qu’elle a tant de longueur & de grosseur. Par exemple, les deux pierres servant de cimaise au fronton du portail du Louvre, portent chacun 52 piés de long, sur 8 piés de large, & sur 18 pouces d’épaisseur.

Porter de fond, c’est porter à plomb, & par empattement dès le rez-de-chaussée.

Porter à cru ; on dit qu’un corps porte à crû, lorsqu’il est sans empattement ou retraite. Telle étoit anciennement la colonne dorique.

Porter à faux, c’est porter en saillie, & par encorbellement, comme un balcon en saillie, & le retour d’angle d’un entablement ; tel est celui, par exemple, de l’ordre toscan de la grotte de Meudon. On dit qu’une colonne ou qu’un pilastre porte à faux, quand il est hors de son aplomb. Dict. d’Archit.

Porter, (Jardinage.) on dit que les arbres qui sont chargés de beaucoup de fruits, portent beaucoup cette année.

Porter, en terme de Manége, signifie pousser un cheval, le faire marcher en avant d’un côté & d’autre, d’un talon sur l’autre ; le porter de côté, c’est le faire marcher sur deux pistes dont l’une est marquée par les épaules & l’autre par les hanches. Porter un cheval d’un côté & d’autre sur deux lignes paralleles, le porter d’un talon sur l’autre. Porter, chasser un cheval en avant.

On dit aussi qu’un cheval porte beau, ou en beau lieu, lorsqu’il a une encolure belle, haute, tournée en arc à la façon des cignes ; & qu’il tient la tête haute sans contrainte, ferme & bien placée. On dit qu’il porte bas, quand il a l’encolure molle, mal tournée, & qu’il baisse la tête. Tout cheval qui s’arme, porte bas ; mais il peut porter bas sans s’armer. Voyez s’Armer.

Lorsqu’il s’arme, il a l’encolure trop souple, & veut fuir la sujétion de la bride ; & quand il porte bas, il a l’encolure mal placée & mal tournée.

On dit qu’il porte au vent, quand il leve le nez aussi haut que les oreilles, & ne porte pas en beau lieu : la différence de porter au vent & de battre à la main, est que le cheval qui bat à la main, secoue la tête, & résiste à la bride ; & celui qui porte au vent, leve la tête

sans la secouer, & quelquefois bat à la main : le contraire de porter au vent, est de s’armer & de porter bas. La martingale ramene quelquefois des chevaux qui portent au vent. Voyez Martingale.

Porter, en terme de Manufacture & de Commerce d’étoffes & de tapisserie ; signifie la longueur & la largeur qu’elles ont. Ce drap porte vingt aunes de longueur sur une aune de largeur : cette tapisserie porte quinze à seize aunes. Voyez Aune.

Porter, terme de Paumier, qui signifie l’action d’une balle, qui frappe, soit de volée, soit du premier bond contre le mur de l’une ou l’autre des extrémités du jeu de paume.

PORTEREAU, s. m. (Archit. hydraul.) c’est une construction de bois qu’on fait sur de certaines rivieres, pour les rendre plus hautes en retenant l’eau ; ce qui facilite la navigation. Cette construction forme une espece de bonde d’etang ; elle consiste en une grande pale de bois qui barre la riviere, & qui s’éleve par le moyen d’un grand manche tourné en vis, quand quelque bateau arrive : ce manche est dans un écrou, & placé au milieu d’un fort chevalet.

On appelle encore portereau, en charpenterie, un bâton court de bris, qui sert pour porter des pieces au chantier, & de-là au bâtiment.

PORTEUR, (Commerce.) celui qui porte pour autrui. Il y a à Paris des porteurs de sel, des porteurs de grains & farines, & des porteurs de charbon, qui sont des officiers du roi ou de la ville.

Les porteurs de sel que l’ordonnance de la ville de l’an 1672 nomme jurés hanouards (vieux terme qu’on trouve dans une ordonnance du roi Jean en 1350), ont été établis pour porter le sel du bateau au grenier, & du grenier aux maisons des bourgeois, moyennant un certain droit qui leur est attribué par minot.

Les jurés porteurs de grains & farines doivent résider dans la ville, se trouver sur les ports & places, y décharger les sacs de grains & farines, les charger après que la vente en a été faite ; en quoi ils peuvent se faire aider par des gagne-deniers ou plumets qu’ils sont tenus de payer, sans que ceux-ci puissent rien exiger des marchands & bourgeois. Les jurés porteurs de grains ne doivent point s’entremettre d’achats de grains sur les ports & places, s’ils n’ont avec eux les bourgeois acheteurs, ni prendre des grains en payement de leurs droits.

Les jurés porteurs de charbon sont obligés de se rendre tous les jours sur les ports & places de la ville, pour porter le charbon chez le bourgeois, & peuvent se faire aider dans cette fonction par des gagne-deniers, aux mêmes conditions que les porteurs de grains. Ce sont eux enfin qui doivent porter au bureau de la ville les échantillons des charbons qui doivent servir à en fixer le prix, sur le rapport des jurés mesureurs. Dict. du Commerce.

Porteurs d’argent, (Comm.) c’est le nom que dans les caisses considérables & chez les gros marchands, négocians & banquiers, on donne à certains serviteurs qui sont uniquement employés à porter l’argent sur leur dos dans de petites hottes ou paniers d’osier faits exprès.

Ce sont ordinairement ces porteurs d’argent qui vont faire accepter les lettres-de-change ; qui les reçoivent à leurs échéances, & qui ont soin de faire faire des protêts faute de payement ou d’acceptation. Ils aident pareillement à peser & compter les sacs, à reporter ceux qui ne sont pas bons, & font tout le gros ouvrage de la caisse.

Ceux qui sont obligés à se servir de ces porteurs, n’en doivent point prendre sans répondant, ni qui ne sache lire & écrire, pour tenir bordereau de toutes les parties qu’ils vont recevoir en ville. Dict. de Com.

Porteur, Jurisprud.) On appelle un billet au porteur, celui qui n’est rempli du nom de personne