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partage en plusieurs parties. Voyez Champ, Ecusson.

En France, ceux qui savent le Blason, dont nous empruntons ce mot, n’ont qu’une sorte de parti, le même que notre parti en pal, qu’ils nomment simplement parti ; mais chez nous ce mot s’applique à toute sorte de partitions, & on ne s’en sert jamais sans y ajouter quelques mots pour caractériser la partition particuliere que l’on entend.

Ainsi nous avons parti en croix, en chef, en pal, en fasce, en bande droite, en bande gauche, en chevron, &c. Voyez Ecarteler.

L’inclination de nos ancêtres, comme l’observe de la Colombiere, étant fort portée aux faits d’armes & de chevalerie, ils étoient dans l’usage de conserver leurs armes coupées & fracassées, comme des marques honorables de leurs exploits courageux ; & ceux qui se sont trouvés aux actions les plus chaudes, étoient distingués par le plus de coupures & de brisures qui paroissoient sur leurs écus. Pour en perpétuer la mémoire, dit le même auteur, ils les faisoient peindre sur leurs boucliers, & par ce moyen les faisoient passer à la postérité. Et quand le Blason devint un art, & que les officiers reçurent ordre de choisir leurs armoiries, ils donnerent à ces coups des noms convenables à leur nature, & en prescrivirent quatre, dont tous les autres sont tirés : savoir parti (en anglois) ; parti en pal, coupé (en anglois) ; parti en face, tranché (en anglois) ; parti en bande droite, & taille (en anglois) ; parti en bande gauche. Voyez Coupé, Tranché, &c.

Parti en pal, c’est quand l’écusson est divisé perpendiculairement en deux par une coupure dans le milieu depuis le sommet jusqu’en bas. Voyez Pal, &c.

Parti en fasce, c’est quand l’écusson est coupé à-travers le milieu de côté en côté. Voyez Fasce.

Parti en bande droite, c’est quand la coupure descend depuis l’angle supérieur de l’écusson du côté droit jusqu’à l’angle inférieur qui lui est opposé. Voyez Bande.

Parti en bande gauche, c’est quand la coupure descend de l’angle gauche supérieur à-travers l’écusson jusqu’à l’angle inférieur qui lui est opposé.

De ces quatre portions ont été composées quantité d’autres de formes différentes & extraordinaires.

Spelman observe dans son Aspilogie, que les divisions dont on se sert à présent dans les écussons, étoient inconnues sous le regne de l’empereur Théodose ; qu’elles ont été introduites dans le tems de Charlemagne, ou après ; qu’elles étoient peu en usage chez les Anglois sous le regne d’Henri II roi d’Angleterre, mais beaucoup sous celui d’Edouard III.

La section droite de haut en bas, observe le même auteur, est appellée en latin palaris, à cause de sa ressemblance avec un poteau ou palus ; & il y a souvent deux armoiries entieres sur les côtés, celle des maris à droite, & celle des femmes à gauche. La section directe en-travers étant à la place d’une ceinture, est appellée baltica, &c.

Quand l’écusson est parti & coupé, on le nomme écartelé. Voyez Quartier & Ecartelé.

On appelle parti l’un de l’autre, lorsque l’écusson entier est chargé de quelque piece honorable coupée par la même ligne qui coupe l’écusson. Il y a une regle qui demande qu’un côté soit de métal, & l’autre de couleur : ainsi, il porte de sable parti d’argent, un aigle éployé parti de l’un sur l’autre. Bailleul, d’hermine parti de gueules.

Parti, (Jeu.) On dit au lansquenet faire le parti, donner le parti, lorsqu’il n’y a pas d’égalité dans les cartes, que celle du joueur est double : alors il est obligé de jouer trois contre deux, parce qu’il lui reste en main trois cartes en gain, & qu’il ne lui en reste que deux en perte. On joue quelquefois le parti

forcé, c’est-à-dire qu’on est obligé de prendre & de donner le parti.

PARTIAIRE, s. m. (Jurisprudence.) se dit de ce qui fait partie de quelque chose, ou de quelqu’un qui a une part dans quelque chose : par exemple dixme partiaire ou perciere, celle qui consiste dans la dixieme, onzieme ou douzieme gerbe. Voyez Dixme.

Fermier partiaire est celui qui rend au propriétaire une partie des fruits en nature, pour tenir lieu des fermages. Voyez Métayer. (A)

PARTIAL, adj. PARTIALITÉ, s. f. (Gramm.) il se dit d’un juge lorsqu’il panche à juger plus favorablement pour un côté que pour le côté opposé, par des raisons qui ne sont pas prises de l’équité rigoureuse. On dit aussi en général, vous avez apporte de la partialité à l’examen de cette question : vous vous êtes montré partial dans cette décision.

PARTIBUS IN, (Hist. ecclésiast.) c’est un terme latin que l’usage a rendu françois. On appelle un évêque in partibus, celui auquel on a donné un titre d’évêché dans un pays occupé par les infidelles. On sous-entend toujours infidelium, & même on l’y ajoute quelquefois. Cet usage de donner des évêchés in partibus, commença lorsque les Sarrasins chasserent les Chrétiens de Jérusalem & de l’Orient ; l’espérance de reconquérir ce pays-là, fit qu’on continua de nommer des évêques dans les lieux où il y en avoit eu, & cela a servi depuis aux coadjutoreries ; car on ne peut être coadjuteur sans être évêque, puisqu’un coadjuteur ordonne, confirme & fait toutes les autres fonctions épiscopales. Ainsi quand le roi nomme un coadjuteur, il le fait en même tems évêque in partibus. (D. J.)

PARTICIPANT, adj. qui partage avec d’autres quelques bénéfices ou émolumens.

En Italie on distingue les officiers participans comme protonotaires, &c. qui ont quelque fonction réelle, d’avec les officiers honoraires qui n’ont qu’un titre sans aucune fonction ni emploi. Voyez Protonotaire.

PARTICIPATION, s. f. (Gramm.) On dit, vous avez terminé cette affaire sans la participation de vos supérieurs : alors il est synonyme à consentement, à communication, à conseil, consultation, &c.

Participation, lettres de participation, (Hist. ecclés.) lettres que donne un ordre religieux à un séculier, pour participer aux prieres & bonnes œuvres de l’ordre.

Participation, (Commerce.) On appelle dans le commerce société en participation une des quatre sociétés anonymes que font les marchands. Voyez Société.

PARTICIPE, s. m. (Gram.) le participe est un mode du verbe qui présente à l’esprit un être indéterminé, désigné seulement par une idée précise de l’existence sous un attribut, laquelle idée est alors envisagée comme l’idée d’un accident particulier communicable à plusieurs natures. C’est pour cela qu’en grec, en latin, en allemand, &c. le participe reçoit des déterminaisons relatives aux genres, aux nombres & aux cas, au moyen desquelles il se met en concordance avec le sujet auquel on l’applique ; mais il ne reçoit nulle part aucune terminaison personnelle, parce qu’il ne constitue dans aucune langue la proposition principale : il n’exprime qu’un jugement accessoire qui tombe sur un objet particulier qui est partie de la principale. Quos ab urbe discedens Pompeïus erat adhortatus. Cæs. I. civil. Discedens est ici la même chose que tùm cùm discedebat ou discessit ; ce qui marque bien une proposition incidente : la construction analytique de cette phrase ainsi résolue, est, Pompeïus erat adhortatus eos (au lieu de quos) tùm cùm discessit ab urbe ; la proposition incidente discessit ab urbe est liée par la conjonstion cùm à l’adverbe antécédent tùm (alors,