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Pointes dont se servent les Graveurs en taille-douce ; les ouvriers font eux-mêmes ces pointes avec des aiguilles cassées de différentes grosseurs. On les emmanche au bout d’un petit morceau de bois ou de canne, & on leur fait la pointe sur la pierre à huile, faisant attention à les rendre bien vives & bien rondes, afin qu’en gravant on puisse s’en servir en tout sens.

On fait aussi des pointes émoussées qui servent à calquer, voyez Calquer, à graver de grands sujets & des paysages.

Outre ces pointes, on en fait encore de plus grosses avec des burins passés, que l’on appelle pointes seches : elles servent à graver sur le cuivre à cru des objets délicats & qui ne sont point susceptibles de grande force, comme les lointains, les montagnes, les bâtimens, les nuées, &c. Il y a une façon d’ébarber cette gravure ; c’est de l’ébarber positivement dans le sens qu’elle a été faite. Voyez Ébarber, & les fig. Planches de la Gravure.

Pointe à graver en bois, qu’aucun dictionnaire (excepté celui des monogrammes) n’appelle de son véritable nom, le confondant avec le burin, est un instrument composé d’une lame d’acier mise dans un manche de bois fendu & tortillé d’une ficelle. Cet outil a plutôt la forme d’un canif que de tout autre instrument. Voyez à Gravure en bois sa description & son usage.

Pointe à mettre un diamant, outil qui sert aux Graveurs en pierres fines. C’est une tige de cuivre à l’extrémité de laquelle est monté un diamant, dont l’usage est (après que la pointe est montée sur le touret) de creuser diligemment les parties des pierres que l’on grave, qui doivent être profondes, & que la poudre d’éméril ou de diamant n’useroit qu’en beaucoup de tems.

Pointe, ustensile d’Imprimerie dont se sert le compositeur pour corriger les formes ; c’est un ferrement aigu, de la figure d’une grosse aiguille ou carrelet, monté sur un petit manche de bois tendre ; avec cette pointe l’ouvrier pique le dessous de l’œil de la lettre qu’il a dessein d’ôter, & y supplée à l’instant celle qui doit la remplacer. Les ouvriers de la presse se servent aussi de la pointe pour compter le papier dans les petits nombres, mais plus ordinairement pour enlever les ordures qui surviennent dans l’œil de la lettre pendant le tems même qu’ils travaillent.

Pointe du tympan, terme d’Imprimerie, elle est composée d’une branche & d’un aiguillon, & est attachée au tympan avec deux vis, afin d’aider à faire le registre.

Pointes-naïves, (Joaillerie.) c’est le nom que les Diamantaires & Lapidaires donnent à certains diamans bruts d’une forme extraordinaire, qui se tirent particulierement de la mine de Soumelpont, autrement de la riviere de Gonel, au royaume de Bengale.

Pointes, outils de Lapidaires, ce sont de petits morceaux ou pieces de fer que les Lapidaires rapportent sur leur tour, & au bout desquels ils enchassent une pointe de diamant ; elles servent à percer des pierres précieuses quand ils en ont besoin. (D. J.)

Pointe a gratter, dont les Facteurs d’orgue se servent pour gratter les tuyaux & toutes les piéces d’étain & de plomb, qu’il faut souder dans la partie où la soudure doit être appliquée, est une moitié de ciseaux que l’on emmanche, comme on voit à la fig. 66. Planche d’Orgue ; on tient cet outil ensorte que le manche B passe entre le petit doigt & le doigt annulaire de la main droite ; le pouce & le doigt indicateur de la même main étant appliqués sur la partie C, ou même plus avant sur le fer pour le tenir plus fermement. Voyez les articles Soudure & Orgue.

Pointe, terme de manege : un cheval fait une pointe, lorsqu’en maniant sur les voltes, il ne suit pas régulierement ce rond, & que sortant un peu de son train ordinaire, il fait une espece d’angle ou de pointe à sa piste circulaire. Pour empêcher qu’un cheval fasse des pointes, & faire ensorte qu’il s’arrondisse bien, il faut avoir soin de hâter la main.

Pointe de l’arçon, sont les parties qui forment le bas de l’arçon de devant d’une selle. Voyez Selle & Arçon.

Pointe, (Marine.) ce mot se dit d’une longueur de terre qui avance dans la mer, comme la pointe de Scage en Sutlande. La pointe d’un mole, d’une digue, est la partie de ces constructions la plus avancée dans l’eau.

A la pointe de l’est, de l’ouest, du nord, du sud ; c’est-à-dire, à la pointe d’une terre qui regarde quelqu’une de ces différentes parties du monde.

Pointe de l’éperon ; c’est la derniere piece de bois & la plus avancée au-devant du vaisseau, sur laquelle quelque figure d’un monstre marin ou d’un lion est ordinairement appuyée. Voyez Eperon.

Pointes de compas de mer, ou de boussole, ou traits de compas ; c’est chacune des marques & des divisions de la boussole, ou du compas de mer. Il y en a trente-deux qui marquent les vents. Un rumb de vent vaut quatre pointes ; un demi-rumb vaut deux pointes ; & un quart de rumb en vaut une, en supposant huit rumb de vents principaux.

Pointe a tracer, (Marqueterie.) outil d’ébéniste ; c’est une pointe d’acier, par exemple, d’une très-grosse aiguille à coudre, ou d’un bout de lame d’épée, emmanchée d’un petit manche de bois, garni d’une frette ; il sert à ces ouvriers pour tracer sur les feuilles de bois, dont le placage doit être fait, le contour des desseins, selon lequel elles doivent être découpées. Voyez les fig. Planches de Marqueterie.

Pointe de pavé, (Mâçonnerie.) c’est la jonction en maniere de fourche, des deux ruisseaux d’une chaussée en un ruisseau, entre deux revers de pavé.

Pointe a tracer, (Menuiserie.) les menuisiers de placage & de marqueterie s’en servent pour tracer leurs desseins sur les feuilles de métaux ou de bois, qu’ils veulent contourner avec la scie ; elle a encore quelques autres usages dont on parle ailleurs. Cet outil est une espece de poinçon d’acier, avec un manche de bois proportionné à sa petitesse. (D. J.)

Pointe de cheveux, (Perruquier.) c’est cette extrémité de cheveux par où les Perruquiers commencent à tourner la boucle de la frisure : l’autre bout s’appelle la tête ; c’est par la tête que les cheveux se tressent.

Pointe, terme de Plumassier ; on nomme dans le commerce des plumes d’autruche noires, fin à pointe, les grandes plumes noires qui sont propres à faire des panaches ; les moindres de cette qualité s’appellent petit noir à pointe plate. (D. J.)

Pointe, terme de Reliure, outil qui sert à couper le carton de la couverture, d’une largeur & longueur convenables à la tranche ; il est de fer avec un manche de bois, de dix-huit ou vingt pouces de long, y compris le manche. Le bout de l’outil est coupé en chanfrain & très-tranchant.

Pointe, (Outil de Sculpt. & de Tailleur de pierre.) la pointe des Sculpteurs en marbre, & des Tailleurs de pierre, est une espece de ciseau de fer acéré, aigu par un bout, avec une tête de l’autre. Ils servent, les uns pour ébaucher leur ouvrage, ce qu’on appelle approcher à la pointe ; les autres pour percer des trous, & travailler dans les endroits étroits & profonds, où les ciseaux quarrés ne pourroient approcher. Les Sculpteurs nomment pointe double ou dent de chien, un ciseau quarré partagé en deux par