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PISCES, (Astr.) nom latin de la constellation des poissons. Voyez Poissons.

PISCHINAMAAS, s. m. terme de relation, ministre de la religion mahométane en Perse, qui a soin de faire la priere dans les mosquées. On choisit ordinairement pour cette fonction des seüd-Emirs, c’est-à-dire, des descendans de Mahomet du côté paternel & maternel, ou des Chérifs, qui n’en descendent que par un côté.

PISCHKIESCH, (Hist. mod.) c’est ainsi que les Turcs nomment la taxe ou le présent que chaque prince établi par la Porte ottomane, paye au grand-seigneur & à ses ministres.

PISCINA, (Geog. mod.) petite ville, ou plutôt bourgade d’Italie, au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure, à un mille de la rive orientale du lac Celano.

C’est dans cette bourgade que naquit, le 14 Juillet 1602, Mazarini (Jules) qui devint cardinal, & premier ministre d’état en France. Il mourut à Vincennes le 9 Mars 1661, à 59 ans.

Voici ce qu’en dit M. de Voltaire. Le cardinal Mazarin ne fit de bien qu’à lui & à sa famille par rapport à lui. Huit années de puissance absolue ne furent marquées par aucun établissement glorieux ou utile ; car le collége des Quatre-Nations ne fut que l’effet de son testament. Il se donna toutes les grosses abbayes du royaume, ensorte qu’il étoit riche à sa mort, d’environ deux cens millions de notre monnoie actuelle ; & plusieurs mémoires disent qu’il en a amassé une partie par des moyens au-dessous de sa place. Etant près de mourir, il craignit pour ses biens, & il en fit au roi la donation, persuadé que le roi les lui rendroit, en quoi il ne se trompa pas.

Le seul monument qui fait honneur au cardinal Mazarin, est l’acquisition de l’Alsace. Il procura cette province à la France, dans le tems que la France étoit avec raison déchaînée contre lui ; & par une fatalité singuliere, il fit du bien au royaume, lorsqu’il y étoit persécuté, & n’en fit point dans le tems de sa grande puissance.

On le vit, dit un de nos écrivains, tranquille en agissant, souple & pliant sous l’orage, vain & orgueilleux dans le tems de son crédit ; habile à prévoir, songeant toujours à tromper ; insensible aux plaisanteries de la Fronde, méprisant les bravades du coadjuteur, & écoutant les murmures du peuple comme on écoute du rivage le bruit des flots de la mer.

Il y avoit dans le cardinal de Richelieu quelque chose de plus grand, de plus vaste & de moins concerté. C’étoit dans le cardinal Mazarin, plus d’adresse, plus d’artifices, & moins d’écarts. Richelieu étoit un implacable ennemi, & Mazarin un ami dangereux. On haïssoit l’un, & l’on se mocquoit de l’autre ; mais tous deux furent les maîtres de l’état ; tous deux ennemis déclarés des princes du sang : enfin tous deux fils de la fortune & de la politique, étalant un faste égal à celui des rois, opprimerent indignement les citoyens & la patrie. (D. J.)

PISCINE, s. m. (Hist. anc.) chez les anciens, c’étoit un grand bassin dans une place publique & découverte ou un grand quarré où la jeunesse romaine apprenoit à nager. Elle étoit entourée d’une haute muraille, pour empêcher que l’on n’y jettât des ordures. Voyez Nage ou Nager.

Ce mot est formé du latin piscis, poisson, à cause qu’en cet endroit les hommes en nageant, imitoient les poissons ; & parce qu’il y avoit aussi quelques-unes de ces piscines où l’on conservoit anciennement du poisson.

Piscine se disoit aussi du bassin quarré qui étoit au milieu d’un bain. Voyez Bain.

Piscine probatique, piscina probatica, c’étoit un étang ou un reservoir d’eau proche le parvis du tem-

ple de Salomon. Elle est ainsi appellée du grec προϐατον, brebis ou mouton, parce que l’on y lavoit le bétail destiné aux sacrifices. Voyez Sacrifice.

Jesus-Christ se servit de cette piscine pour opérer la guérison miraculeuse du paralytique. Daviler observe qu’il reste encore cinq arches du portique, & d’une partie du bassin de cette piscine. Doubdan dans son Voyage de la Terre sainte, dit qu’elle étoit enfoncée dans terre de deux pique, de profondeur, & d’environ cinquante de longueur sur quarante de largeur ; que les quatre côtés sont revêtus de pierres de tuile fort bien cimentées ; qu’on voit encore les degrés par où l’on y descendoit ; mais que le fond en est à sec & rempli d’herbes.

Piscine ou lavoir chez les Turcs, c’est un grand bassin au milieu de la cour d’une mosquée, ou sous les portiques qui l’environnent. Voyez Mosquée.

Sa forme est ordinairement un quarré long, bâti de pierre ou de marbre, où il y a un grand nombre de robinets. Les Musulmans s’y lavent avant que d’offrir leur prieres à Dieu, étant persuadés que cette ablution efface leurs péchés. Voyez Ablution.

PISCO, (Géog. mod.) ville de l’Amérique méridionale au Perou dans l’audience de Lima, à un quart de lieue de la mer. Il y avoit jadis près de ce port, une ville célebre située sur le rivage de la mer ; mais elle fut entierement ruinée par un furieux tremblement de terre, qui arriva le 19 d’Octobre de l’année 1682. Depuis ce tems-là, on a bâti la ville dans un lieu où le débordement ne parvient pas. Les habitans au nombre d’environ deux cens familles, sont un composé de metifs, de mulâtres, de noirs & de quelques blancs ; cependant les campagnes de Pisco produisent d’excellens vins en abondance, ainsi que des fruits merveilleux, ensorte que Pisco est un des plus beaux endroits de toute la côte du Pérou. Larade est d’une grandeur à pouvoir contenir une armée navale, & on y est à couvert des vents ordinaires. On mouille ordinairement à Paraca, qui est à deux lieues de distance, parce que la mer est trop male au rivage de Pisco. Long. 302. latit. mérid. 14.

PISCOPIA (Géog. mod.) île de l’Archipel, entre celle de Stanchio, & celle de Rhodes. C’est la Taluo de Pline, & la Telos de Strabon. Voyez Telos.

PISE, (Géog. mod.) ville d’Italie en Toscane, sur la riviere d’Arno, dans une plaine unie. Cette ville très-ancienne a été la capitale d’une république qui se rendit fameuse par ses conquêtes en Afrique, & dans la Méditerranée, où elle s’étoit emparée sur les Sarrazins des îles Baléares, de Corse & de Sardaigne. Son port situé à cinq milles de l’embouchure de l’Arno dans la mer, étoit un lieu d’un très-grand commerce.

Elle formoit au treizieme & quatorzieme siecle, une république florissante, qui mettoit en mer des flottes aussi considérables que celles de Gènes ; mais les Florentins assiégerent la ville de Pise, & la prirent en 1406. De ville libre qu’elle étoit, elle devint sujette, & n’a pu se relever depuis. Toutes ses rues tirées au cordeau, sont couvertes d’herbes : elles contiennent à peine quinze milles ames ; & cent mille habitans ne suffiroient pas pour les remplir.

L’évêché de cette ville fut érigé en métropole à la fin du onzieme siecle. La cathédrale est belle, quoique bâtie à l’antique. L’université fondée en 1339, a peu d’étudians. Pise est, à la vérité, le chef-lieu de l’ordre des chevaliers de S. Etienne, institué en 1561, mais cet ordre ne lui donne aucun lustre. Il s’est tenu dans cette ville deux conciles qui ne lui ont pas été avantageux ; l’un en 1409, & l’autre en 1511.

Elle est séparée en deux par l’Arno qu’on passe sur trois ponts, dont l’un est de marbre blanc. Ses fortifications sont mauvaises : sa situation est à 3 milles de la mer, 14 de Livourne, 12 sud-ouest de Lucques,