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ter à la pique, entendent que c’est traiter à la longueur de la pique à cause d’une certaine distance à laquelle les étrangers sont obligés de se tenir pour faire ce commerce, ne leur étant jamais permis d’entrer dans les ports, & n’étant même soufferts dans les rades que par une espece de collusion ; car il y a des armadilles ou vaisseaux de guerre qui veillent ou doivent veiller sans cesse, pour empêcher ce negoce visiblement préjudiciable à celui que les Espagnols d’Europe font en Amérique par leur flotte & leurs gallions. Dict. de commerce.

Pique, s. m. terme de Cartier, gros point noir qu’on met sur les cartes à jouer, & qui a été appellé pique, parce qu’il a quelque ressemblance avec le fer d’une pique ; ainsi on dit jouer de pique, tourner de pique, &c.

Pique de Montvalier, (Géog. mod.) ou la pique en un seul mot ; c’est la plus haute montagne des Pyrénées, & qui paroît s’elever en forme de pique d’où lui vient son nom. On la voit de 15 lieues sur les confins du diocese de Couserans. Longit. 17d. 12′. 53″. latit. 42d. 50′. 45″. (D. J.)

PIQUÉ se dit d’un fruit tel que le gland ou la châtaigne qui ayant séjourné sur la terre sont piqués des vers, ce qui les rend inféconds.

On dit aussi qu’un fruit est piqué, sur-tout les abricots, les prunes & les poires, quand les vers y ont fait des ouvertures pour y pénétrer.

Piqué, adj. en Musique, ce mot indique des sons secs & bien détachés, & s’applique particulierement aux instrumens à archet. (S)

Piqué, le poil piqué, voyez Poil.

Piqué, en terme de Brodeuse, c’est un point l’un devant l’autre sans mesure, ni compte des fils, il se répete à côté l’un de l’autre jusqu’à ce que la feuille ou telle autre partie soit remplie. Il faut pour faire un beau piqué que les points soient drus & égaux en hauteur.

PIQUECHASSE, s. m. terme d’Artificier, c’est un poinçon aigu & menu, qui sert à percer les chasses ou sacs à poudre, pour ouvrir des communications aux feux qu’elles doivent donner aux artifices qu’elles sont partir.

PIQUER, v. a. (Manufacture.) ce terme est d’un assez grand usage dans les manufactures & les communautés des arts & métiers.

Les tapissiers piquent des matelats, des couvertures ou courtepointes, des chantournés & des dedans & doublures de lits. Ils piquent aussi des matelats d’espace en espace avec une longue aiguille de fer, de la ficelle & des flocons de coton, pour les dresser & arrêter la laine entre les toiles ; ils piquent d’autres matelats avec de la soie & sur des desseins donnés par les dessinateurs pour leur servir d’ornement.

Les Tailleurs pour femmes piquent des corps de jupe & des corsets entre de la baleine pour les affermir.

Les Ceinturiers piquent des baudriers & ceinturons avec de la soie, de l’or & de l’argent pour les enrichir, &c.

Les faiseuses de bonnets les piquent, en y faisant avec l’aiguille plusieurs petits points quarrés en œil de perdrix ou autrement.

Piquer, v. act. (Charp. & Maçon.) piquer en Charpenterie, c’est marquer un piece de bois, pour la tailler & la façonner. Piquer en Maçonnerie, c’est rustiquer le parement ou les lits d’une pierre, c’est-à-dire que piquer signifie en fait de moilon le tailler grossierement ; on emploie le moilon piqué de la sorte aux voûtes de caves, aux puits & aux murs de clôture. Piquer signifie aussi faire sur les matériaux destinés à la construction extérieure les bâtimens, les petits points ou creux nécessaires pour leur servir d’ornement ; on pique de cette maniere la pierre de taille,

le grès & le moilon particulierement pour l’ordre toscan. (D. J.)

Piquer, terme de Bourrelier, &c. qui signifie faire avec du fil blanc une espece de broderie sur différentes parties de harnois de chevaux de carosse. Ils se servent pour cela d’une alene plus fine que les autres, qu’ils appellent alène à piquer, & passent dans les trous du fil de Cologne en plusieurs doubles qu’ils frottent de cire.

Piquer, en terme de Cordonnier, c’est faire des rangs de points tout-autour de la premiere semelle d’un soulier. (D. J.)

Piquer la botte, (même métier.) c’est coudre avec du fil blanc le tour des talons couverts.

Piquer, terme de Découpeur, c’est enlever avec un fer quelque partie d’une étoffe, & y faire une quantité de petites mouchetures. On pique de cette maniere les satins, les taffetas, les draps & les cuirs, particulierement ceux qui sont parfumés, & dont on fait quelques ouvrages pour l’usage des dames, tels que sont des corps de jupe & de souliers. (D. J.)

Piquer, en terme d’Epinglier, c’est percer les papiers à distances égales & en plusieurs endroits pour y attacher les épingles ; ce qui se fait avec un poinçon qui a autant de pointes, c’est-à-dire vingt-cinq, que l’on veut percer de trous : le papier est ployé en quarrés doubles que l’outil perce à-la-fois. Voyez les fig. & les Pl. de l’Epinglier ; ce poinçon s’appelle quarteron.

Piquer, v. act. terme de Manege, c’est donner de l’éperon au cheval pour le faire aller plus vîte, courir ou galoper.

Piquer des deux, (Maréchallerie.) c’est la même chose qu’appuyer. Voyez Appuyer.

Piquer un cheval, en terme de Maréchal, c’est le blesser avec un clou en le ferrant.

On appelle selle à piquer une selle à troussequin, dans laquelle on est tellement engagé qu’on peut soutenir les secousses que donnent les sauteurs, lorsqu’on les pique avec le poinçon. Voyez Poinçon.

Piquer, en terme de Pâtissier, c’est faire de petits trous sur une piece pour lui donner plus belle apparence.

Piquer, en terme de Piqueur de tabatiere, c’est percer avec une aiguille la piece pour la garnir ensuite de clous d’or, d’argent, &c. Voyez Aiguille & Garnir.

Piquer les cartons, (Relieur.) c’est faire trois trous en triangle vis-à-vis chaque nerf ou ficelle auxquelles le livre est cousu. On pique avec un poinçon proportionné selon la grosseur des ficelles. On dit piquer le carton.

Piquer la viande, (Rotisseur.) ce mot signifie la larder proprement, & la couvrir entierement de petits lardons ou morceaux de lard, conduits également avec la lardoire.

Piquer, (Serrurerie.) c’est tracer les places où doivent être posées les pieces & garnitures d’une serrure.

Piquer, n’est autre chose en terme de Sucrerie, que de démonceler à coups de pique. Voyez Pique. Les matieres trop mastiquées dans le bac à sucre. Voyez Bac a sucre.

Piquer, (même Manufacture.) est une opération par laquelle on fait des trous dans toute l’étendue de la terre & qui en traversent toute l’épaisseur. Plus on fait de ces trous, plus la terre se nettoie aisément.

Piquer une futaille, (Tonnelier.) se dit de la petite ouverture que le tonnelier, le marchand de vin, ou le cabaretier y font avec le foret, pour essayer & goûter le vin, soit pour le vendre, soit pour le mettre en perce. (D. J.)

PIQUET, s. m. Voyez Pieu, (Gramm.) c’est un bâton pointu par un bout, gros & long à proportion