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Sa racine est ronde, longue, grêle, divisée en plusieurs branches rougeâtres, entre lesquelles on trouve quelquefois de petits grains rouges. Elle pousse plusieurs tiges à la hauteur de plus d’un pié, rougeâtres, anguleuses, rameuses, garnies d’un bout à l’autre de feuilles qui sont arrondies, dentelées en leurs bords, rangées comme par paires le long d’une côte grêle, rougeâtre & velue. Ces tiges soutiennent en leur sommet des têtes rondes comme en peloton, garnies de petites fleurs purpurines formées en rosette, à quatre quartiers, ayant en leur milieu une touffe de longues étamines.

Ces fleurs sont de deux sortes ; les unes stériles qui ont un paquet d’étamines, les autres fertiles qui ont un pistil. Quand les fleurs fertiles sont passées, il leur succede des fruits à quatre angles, ordinairement pointus par les deux bouts, de couleur cendrée dans leur maturité. Ils contiennent quelques semences oblongues, menues, d’un brun roussâtre, d’une saveur astringente & un peu amere, & d’une odeur forte qui n’est pas désagréable.

Cette plante croît naturellement en des lieux incultes, sur les montagnes, les collines & dans les pâturages ; on la cultive dans les jardins potagers, & elle est fort en usage dans les salades. Elle fleurit en graine aux mois de Juin & de Juillet, & est très-vivace. (D. J.)

Pimprenelle, (Mat. med.) cette plante tient un rang distingué parmi les remedes altérans. Elle est regardée comme propre à purifier le sang, à en résoudre les arrêts légers, à donner du ressort aux parties, & à préserver des maladies contagieuses & même de la rage, &c. On ordonne fréquemment les feuilles de cette plante avec d’autres substances végétales, analogues, dans les bouillons & les apozèmes appellés apéritifs ; & il paroît que son extrait peut concourir en effet au très-léger effet médicamenteux de ces sortes de remedes. On compte aussi communément pour quelque chose, dans l’estimation de son action médicinale, un principe odorant très-foible dont elle est pourvue. Mais ce principe est en effet trop foible pour qu’on puisse compter sur son influence, & surtout lorsque la plante à essuyé la décoction, voyez Décoction. Ce parfum léger se rend pourtant très-sensible lorsque, selon un usage fort connu, on fait infuser à froid quelques feuilles de cette plante dans du vin ; mais il n’est pas permis de croire que le vin chargé de ce principe, & d’une quantité infiniment petite d’extrait, ait acquis une vertu apéritive & diurétique ; car la vertu diurétique est une de celles qu’on a attribuées à la primprenelle.

Une autre qualité pour laquelle on l’a beaucoup célebrée encore, & qui lui a mérité l’épithete de sanguisorba, c’est-à-dire capable de repomper ou d’étancher le sang, c’est sa prétendue efficacité pour arrêter les hémorrhagies : je dis prétendue, sans penser à rejetter le témoignage des auteurs qui la lui ont attribuée, & pour exprimer seulement que cette propriété n’est point constatée par des effets journaliers, par l’usage.

Les feuilles de pimprenelle entrent dans le sirop de guimauve composé, appellé de ibisco ; dans le sirop de guimauve de Fernel ; dans le mondificatif d’ache ; dans l’emplâtre de bétoine, &c. (b)

Pimprenelle blanche, (Mat. med.) Pimprenelle-Saxifrage, Bouquetine ou Boucace, grande & petite. Voyez Boucage.

PIN, s. m. (Hist. nat. Bot.) pinus ; genre de plante à fleur en chaton, composée de plusieurs étamines. Cette fleur est stérile : l’embryon naît séparément de la fleur, & devient dans la suite un fruit composé de feuilles en forme d’écailles, qui ont deux fosses. On trouve entre ces feuilles deux coques osseuses, ou noyaux souvent aîlés, qui renferment une amande

oblongue. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les feuilles naissent par paire, & qu’elles sortent de la même gaîne. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Pin, (Jardinage.) pinus, grand arbre toujours vert, qui se trouve en Europe & dans l’Amérique septentrionale. On connoît plus de vingt especes de pins, qui ont entr’elles des différences si variées, qu’il n’est guere possible d’en donner une idée sûre & satisfaisante par une description générale : il sera plus convenable de traiter de chacune en particulier. On les distingue en trois classes, relativement au nombre des feuilles qui sortent ensemble d’une gaîne commune ; c’est ce qui les a fait nommer pin à deux feuilles, pin à trois feuilles, & pin à cinq feuilles.

I. Pin à deux feuilles. Le pin sauvage ou pin de Genève, devient un grand arbre fort branchu, dont le tronc est court & souvent tortueux ; ses racines s’étendent beaucoup plus qu’elles ne s’enfoncent ; son écorce qui est grise dans la premiere jeunesse de l’arbre, devient rougeâtre à mesure qu’il avance en âge ; ses feuilles sont fermes, piquantes, filamenteuses & d’un pouce ou deux de longueur ; leur verdure est agréable & uniforme ; ses fleurs mâles ou chatons s’épanouissent au mois de Mai ; ses cônes commencent à paroître dans le même tems, mais il ne mûrissent qu’après le second hiver ; ils ont environ un pouce de diametre au gros bout sur deux à trois de longueur, ils sont pointus, & leurs écailles sont relevées d’éminences saillantes & recourbées vers la base, qui le rendent rude au toucher.

Cet arbre vient aisément de graine jettée au hasard, il croît assez promptement même dans des lieux incultes, il ne se refuse à aucun terrein quelqu’ingrat qu’il soit, & il ne faut ni soins ni précautions pour le multiplier, ni aucune culture pour l’élever. Il se plaît dans les lieux froids, sur les montagnes & à l’exposition du nord ; il réussit dans les terreins secs & légers, pauvres & superficiels, il ne se refuse ni au sable le plus stérile, ni à la craie la plus vive ; il profite également dans la terre forte & humide comme dans la glaise la plus dure ; enfin il vient partout où le terrein peut avoir trois pouces d’épaisseur. Cet arbre ne craint point les vapeurs salines de la mer, il résiste à l’impétuosité des vents & il s’accommode de tous les climats de l’Europe, où on le trouve jusqu’aux extrémités de la Laponie.

Le pin de Genève est peut-être le plus sauvage, le plus robuste, le plus agreste & le plus vivace de tous les arbres, il ne craint ni le froid, ni le chaud, ni la sécheresse. J’ai tenu pendant cinq ans un pin de cette espece, dans un pot de six pouces de diametre ; je l’ai toujours laissé au grand air sans le serrer pendant l’hiver, ni l’arroser dans les plus grandes sécheresses ; il a bravé toutes les vicissitudes des saisons, & malgré la petitesse du vase qui le contenoit, il s’est élevé à quatre piés, mais comme ses racines sortoient du pot, je le fis transplanter il y a dix ans dans un lieu inculte contre un rocher où il est plein de vie & où il fait autant de progrès que s’il y étoit venu de semence.

On ne peut multiplier cet arbre qu’en semant ses graines après les avoir tirées des cônes : on doit être assuré de leur maturité, lorsque leur couleur verte est devenue roussâtre, ce qui arrive dans le mois de Février qui est le tems propre à les cueillir, car dès que le hâle de Mars se fait sentir, les cônes s’ouvrent & les graines sont bien-tôt dispersées par le vent. On peut conserver pendant deux ou trois ans les cônes sans qu’ils s’ouvrent, en les tenant dans un lieu frais, mais exempt d’humidité, & quand on a tiré la graine des cônes, elle garde encore très-longtems sa vertu productrice. J’en ai fait