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tourner le pilori quatre fois pendant qu’ils y sont attachés.

On tient que ce genre de peine fut introduit par l’empereur Adrien contre les banqueroutiers, leurs fauteurs & entremetteurs ; c’est ce que Diogene Laërce entend, lib. VI. lorsqu’il dit, voluit eos catamidiari in amphiteatro, id est derideri & ibi ante conspectum omnium exponi.

On donne aussi quelquefois le nom de pilori aux simples poteaux & échelles patibulaires qui servent à-peu-près au même usage ; mais la construction des uns & des autres est différente, & le pilori proprement dit est celui qui est construit de la façon dont on vient de le dire. Voyez Echelle patibulaire.

Sauval, en ses antiquités de Paris, dit que dans un contrat de l’année 1295, le pilori des halles de Paris s’appelle puteus dictus lori ; il conclut de-là que pilori est un nom corrompu & tiré de puits lori, c’est-à-puits d’une personne nommée Lori, & que ce gibet fut à la place ou aux environs de ce puits & qu’il en prit le nom.

Cependant Ducange au pilorium ou spilorium fait venir pilori de pila, & en françois pilier, d’où l’on a fait pilorier ; il cite les anciens textes où ce terme se trouve, tels que les lois des bourgs d’Ecosse, le monasticum anglicanum, une charte de Thibaut comte de Champagne de l’an 1227, qui est dans le trésor de l’église de Meaux, l’ouvrage intitulé fleta, les coutumes de Nevers, de Melun, de Meaux, de Sens, d’Auxerre.

Menage le dérive de piluricium, comme qui diroit petit poteau.

Spelman le dérive du mot françois pillent ; mais l’opinion de Ducange paroît la plus vraissemblable.

Quoi qu’il en soit de l’étymologie de ce mot, il est constant que le pilori des halles à Paris est un des plus anciens, & que Sauval croit que jusqu’au xiij. & xiv. siecle, & même jusqu’au xv. que ce fut peut-être le seul lieu patibulaire qu’il y eut à Paris, & où les criminels du plus haut rang subirent la peine de leur révolte & de leurs autres crimes.

L’ancien pilori consistoit en une cour accompagnée d’une écurie, d’un appentis haut de sept piés sur neuf de longueur, & d’un couvert où se gardoient la nuit les corps des malfaiteurs avant que d’être portés à Montfaucon.

Celui qui subsiste présentement a été construit plus de 300 ans après. On n’y fait plus d’exécutions à mort, il ne sert que pour exposer les banqueroutiers frauduleux ; on y expose aussi en-bas les corps des criminels qui ont été exécutés dans la ville en attendant qu’on leur donne la sépulture.

Près de ce pilori est une croix au pié de laquelle les cessionnaires devoient venir déclarer qu’ils faisoient cession, & recevoir le bonnet verd des mains du bourreau ; mais il y a long-tems que cela ne se pratique plus. Voyez Banqueroute, Bonnet verd, Cession & Faillite.

Bacquet, Loisel & Despeisses prétendent qu’un seigneur haut-justicier ne peut avoir un pilori en forme dans une ville où le roi en a un, qu’en ce cas le seigneur doit se contenter d’avoir une échelle ou carcan.

Cependant Sauval remarque qu’à la place de la barriere des Sergens du petit-marché du fauxbourg S. Germain, il y avoit autrefois un autre pilori & près de-là une échelle, & que l’un ou l’autre servoit pour exécuter ceux que les juges de l’abbé avoient condamnés, selon le genre de peine que le condamné devoit subir ; lorsqu’il y avoit peine de mort, le jugement s’exécutoit au pilori.

Le pilori est un signe de haute-justice, néanmoins Lauriere, en son glossaire au mot pilier, dit qu’en quelques endroits les moyens justiciers ont aussi droit de pilori.

Dans la ville de Lyon, où il n’y a point de pilori, on se servit en 1745 d’une cage de fer portée sur une charrete pour tenir lieu de pilori, à l’égard d’un banqueroutier frauduleux qui fut ainsi promené par la ville. Voyez les coutumes de Bearn, tit. XLIV. & ci-devant le mot Echelles patibulaires. (A)

PILORIER, exposer un criminel au pilori, lui faire faire les tours ordonnés par sa sentence ou par son arrêt de condamnation. Ibid.

PILORIS, s. m. sorte de rat des îles Antilles, fréquentant les montagnes & les bois ; sa grosseur est trois fois plus considérable que celle des rats domestiques ; il a le poil blanchâtre tirant sur le roux, & la queue courte à proportion de son corps ; sa chair est blanche, grasse & délicate, mais elle sent si fort le musc, qu’il n’y a que les negres qui puissent en manger après l’avoir fait bouillir très-long-tems en changeant d’eau.

PILOSELLE, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante qui a été décrit sous le nom d’hieracium. Voyez Hieracium.

Cette plante est nommée par le vulgaire oreille de rat ou de souris, & en anglois semblablement the mouse-ear. C’est dans le système de Tournefort la vingt-deuxieme espece de genre de plante qu’il nomme dens leonis ; la plûpart des autres botanistes l’appellent en latin pilosella repens ou minor. Linnæus le nomme hieracium foliis integerrimis, ovates, caule repente, scapo unifloro, Hort. Cliffors. 388.

Sa racine est longue comme le doigt, menue, garnie de fibres. Elle pousse plusieurs tiges grêles, sarmenteuses, velues, qui rampent à terre & y prennent racine. Ses feuilles sont oblongues, arrondies par le bout, ressemblantes à des oreilles de rat ou de souris, revêtues de poil, vertes en-dessus, veineuses, blanchâtres, lanugineuses en-dessous & d’un goût astringent.

Ses fleurs sont à demi-fleurons, semblables à celles de l’hieracium, mais plus petites, jaunes, soutenues chacune par un calice écailleux & simple, & portées sur un pédicule délié & velu. Après que les fleurs sont passées, il leur succede des semences menues, noires, uniformes & aigrettées.

Cette plante croit aux lieux arides & maigres, sur le côteaux incultes, dans les terres sablonneuses & aux bords des grands chemins. Elle fleurit en Mai, Juin & Juillet ; elle est très-amere, & passe en Medecine pour posséder des vertus vulnéraires, astringentes & détersives. (D. J.)

Piloselle, (Mat. médic.) Voyez Oreille de Souris.

PILOSITES, s. m. pl. (Hist. ecclésiast.) nom que les Origenistes donnoient aux Catholiques, parce que ceux-ci prétendirent que nous ressusciterons tous avec toutes les parties de nos corps jusqu’au moindre poil.

PILOT ou PILOTIS, s. f. (Archit. hydraul.) piece de bois de chêne ronde, employée de sa grosseur, affilée par un bout, quelquefois armée d’un fer pointu, & à quatre branches & fretée en sa couronne de fer qu’on enfonce en terre pour affermir un terrein.

On se sert pour enfoncer les pilots d’une machine appellée sonnette, & on estime ainsi le tems & la dépense que cause l’enfoncement.

On commence à sonder le fonds où l’on veut travailler : cette opération fait connoître la densité du terrein dans lequel le pilot doit être enfoncé. Si cette densité est uniforme, l’enfoncement croît à proportion du nombre des coups égaux qu’elle reçoit ; est-elle variable ? C’est par la différence des coups qu’on juge de la différente densité, c’est-à-dire que la densité d’une seconde couche étant, par exemple, plus grande, il faudra un plus grand nombre de coups