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Les parodies qu’on a faites de quelques morceaux ou pieces des meilleurs poëtes, comme le Virgile travesti de Scarron & de Cotton ; les coquines rivales de Cybber travesties des reines rivales de Lee ; quelques morceaux d’opera dont on a adapté la musique à des paroles boufonnes & ridicules, sont aussi comprises dans la notion de Phliacographie. Voyez Parodie.

PHLYCTENES, s. f. (Chirurgie.) ce sont des petites pustules ou vésicules qui causent des démangeaisons, & qui viennent sur la peau, principalement entre les doigts & autour du poignet. Elles sont pleines d’une sérosité lympide ; elles dégénerent quelquefois en gale, & quelquefois en dartres. Voyez Gale, &c. On les guérit de même que les autres éruptions cutanées. Voyez Psora & Pustule.

Phlyctenes signifient aussi de petites vésicules ulcéreuses qui viennent quelquefois sur la conjonctive, & quelquefois sur la cornée de l’œil, semblables à autant de petites vessies pleines d’eau, que l’on appelle vulgairement pustules aux yeux.

Elles paroissent comme des grains de millet, & quand elles sont produites par une humeur fort corrosive, elles causent une violente douleur : les pustules qui viennent sur la conjonctive, sont rouges ; celles qui viennent sur la cornée, sont noirâtres, si elles sont proche de la surface, mais elles sont plus blanches quand elles sont plus profondes. On les guérit avec des dessicatifs & des discussifs.

On appelle aussi phlyctenes les vessies qui surviennent à la gangrene, aux brûlures, & à l’application d’un vésicatoire ; elles sont formées par l’amas de la lymphe entre la peau & l’épiderme. En coupant l’épiderme, on détruit la phlyctene : un peu de cerat camphré suffit pour dessécher la peau dans les phlyctenes benignes, telle que celle formée par la transpiration retenue, à l’occasion de l’appareil & bandages dans les fractures. Les phlyctenes qui sont le symptôme d’une maladie dangereuse, ne sont d’aucune considération ; c’est la maladie qui les a produites qui mérite l’attention du chirurgien. Le mot de phlyctenes est grec ; il vient de φλύω, ferveo, je bous. (Y)

PHLYSTENE, s. f. (Médec.) phlystæna ; espece d’ébullition, comme l’indique le mot grec φλύσσω, ebullio ; c’est une maladie qui produit des boutons pleins de sérosité, quelquefois gros, livides, pâles ou noirâtres. Quand on les perce, la chair paroît dessous comme ulcerée. Ces boutons sont causés par une lymphe chaude & âcre ; ils viennent par tout le corps, & quelquefois même sur la cornée : Celse en parle dans ses ouvrages. (D. J.)

PHOBETOR, s. m. (Mythol.) le second des trois songes, enfans du Sommeil : son nom signifie épouvanter, parce qu’il épouvantoit en prenant la ressemblance des bêtes sauvages, des serpens & autres animaux qui inspirent la terreur.

PHOBOS, (Mythol.) ou la peur ; elle étoit personnifiée chez les Grecs, & représentée avec une tête de lion.

PHOCARUM, insula, (Géog. anc.) île sur la côte de l’Arabie, au voisinage de l’île des Tortues & de celle des Eperviers. Elle étoit ainsi nommée à cause de la quantité de veaux marins qu’on y pêchoit. Strabon, lib. XVI. p. 776. semble encore mettre une île du même nom sur la même côte, près du promontoire des Nabatéens. (D. J.)

PHOCAS, voyez Veau marin.

PHOCÉE, (Géog. anc.) ville de l’Asie mineure, assez voisine de Smyrne. Elle tiroit apparemment son nom du mot phocas, qui signifie un veau marin, parce qu’il se pêche près de-là quantité de ce poisson, & même dans tout le golfe de Smyrne. Un médaillon de l’empereur Philippe semble le confirmer par son revers, où il y a un chien qui est aux prises avec un de ces phocas, & le mot de φωκαεὺς, à l’entour, qui

veut dire que c’est une médaille des Phocéens. L’emblème est difficile à pénétrer ; car pourquoi joindre un chien avec un poisson, si ce n’est peut-être pour donner à entendre que leur puissance sur terre, étoit égale à leurs forces maritimes, ou que leur fidélité à l’empereur romain, & leur vigilance dont le chien est l’emblème, disposoient leur ville signifiée par ce poisson, à tous les devoirs que demandoit une si douce domination. Mais, dit M. Spon, ces sortes d’énigmes sont des nez de cire qu’on peut tourner de quel côté l’on veut. Phocæenses étoit le nom des habitans ; & phocaïcus étoit le possessif, comme on le voit dans ce vers de Lucain, lib. III. v. 583.

Phocaïcis remana ratis vallata carinis.


Phocaïcis est là pour Massiliensibus, parce que la ville de Marseille est une colonie de Phocéens.

Phocée étoit la derniere ville d’Ionie, au septentrion vers l’Eolide, sur la mer de son nom ; aujourd’hui c’est Foglia-Vecchia, misérable village sur les côtes de la petite Aidine, entre la riviere de Quiai & le golfe de Sanderli.

Les anciens habitans de cette ville prirent le parti de la quitter, plutôt que de tomber entre les mains des Perses qui leur faisoient continuellement la guerre. C’est de-là & non d’ailleurs, que sortirent ces nombreuses peuplades qui s’établirent dans quelques îles d’Italie, & sur les côtes de la Lucanie, de la Ligurie, de la Provence, du Languedoc, du Roussillon & de la Catalogne, où ils bâtirent plusieurs villes, & y porterent les sciences de leur pays ainsi que leur commerce. Il ne faut pas confondre ces Phocéens d’Asie, avec les peuples de la Phocide en Europe. Les premiers s’appellent en latin Phocei ou Phocæenses ; & les derniers Phocenses : on s’y est trompé plus d’une fois. La premiere transmigration des Phocéens, arriva la 164 année de Rome ; il s’en fit une autre l’an 210 de Rome : les transmigrations suivantes ne se trouvent point dans l’histoire. (D. J.)

PHOEBADE, (Mythol.) c’est le nom qu’on donnoit à la prêtresse d’Apollon à Delphes, & à tous les ministres de son temple.

PHŒBUS, (Mythol.) nom que les Grecs donnoient à Apollon, pour faire allusion à la lumiere du soleil, & à la chaleur qui donne la vie à toutes choses, comme si l’on disoit, φῶς τοῦ βίου, lumiere de la vie. D’autres disent que le nom de Phœbus fut donné à Apollon par Phoébé mere de Latone. (D. J.)

PHOCIDE, (Géog. & Hist. anc.) Phocis, contrée de la Grece, entre la Béotie & la Locride. Elle avoit anciennement des frontieres plus reculées, puisque Strabon, lib. IX. dit qu’elle étoit bornée au nord par la Bœotie, mais qu’elle s’étendoit d’une mer à l’autre ; c’est-à-dire, depuis le golphe de Corinthe, jusqu’à la mer Eubée. Si nous nous en rapportons à Denis le périégete, la Phocide s’est autrefois étendue jusqu’aux Thermopyles, ce qui néanmoins fut de courte durée.

Deucalion commença à regner dans la Phocide, autour du mont Parnasse, du tems de Cécrops. Les Phocidiens formerent ensuite une république, en changeant leurs chefs selon les occasions. Leur pays avoit pour principaux ornemens le temple de Delphes & le mont Parnasse.

Les Phocidiens s’aviserent de labourer des terres consacrées à Apollon, ce qui étoit les profaner. Aussitôt les peuples d’alentour crierent au sacrilege, les uns de bonne foi, les autres pour couvrir d’un pieux prétexte leurs vengeances particulieres. La guerre qui survint à ce sujet, s’appella sacrée, comme entreprise par un motif de religion.

On déféra les profanateurs aux Amphictyons, qui composoient les états généraux de la Grece, & qui s’assembloient tantôt aux Thermopyles, tantôt à Del-