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même poids qu’elle étoit auparavant, il porte ce précieux fardeau à Héliopolis, dans le temple du soleil. C’est dans les déserts d’Arabie qu’on le fait naître, & on prolonge sa vie jusqu’à cinq ou six cens ans.

Les anciens historiens ont compté quatre apparitions du phœnix ; la premiere sous le regne de Sésostris ; la seconde sous celui d’Amasis ; la troisieme sous le troisieme des Ptolémées. Dion Cassius donne la quatrieme pour un présage de la mort de Tibere. Tacite place cette quatrieme apparition du phœnix en Egypte sous l’empire de Tibere ; Pline la fait tomber à l’année du consulat de Quintus Plancius, qui vivoit à l’an 36 de l’ére vulgaire : & il ajoute qu’on apporta à Rome le corps de ce phœnix ; qu’il fut exposé dans la grande place, & que la mémoire en fut conservée dans les registres publics.

Rendons justice aux anciens qui ont parlé de cet oiseau fabuleux ; ils ne l’ont fait que d’une maniere qui détruit leur propre relation. Hérodote après avoir raconté l’histoire du phœnix, ajoute qu’elle lui paroît peu vraissemblable. Pline dit que personne ne douta à Rome que ce ne fût un faux phœnix qu’on y avoit fait voir ; & Tacite donne la même conclusion à son récit.

L’opinion fabuleuse du phœnix se trouve reçue chez les Chinois, dit le pere du Halde dans sa description de la Chine ; ils n’ont donc pas été si renfermés chez eux, qu’ils n’ayent emprunté plusieurs opinions des Egyptiens, des Grecs & des Indiens, puisqu’ils attribuent à un certain oiseau de leur pays la propriété d’être unique, & de renaître de ses cendres. (D. J.)

Phœnix, (Botan.) nom donné par Kæmpfer & Linnæus à un genre de plantes appellé par les autres botanistes elate & katovindel ; en voici les caracteres. Ce genre de plante produit séparément des fleurs mâles & femelles, & leur enveloppe tient lieu de calice. Dans les fleurs mâles, les pétales sont au nombre de trois, ovales & concaves ; leurs étamines sont trois filets déliés, dont les bossettes sont très-courtes. Dans les fleurs femelles l’embryon du pistil est arrondi ; le stile est court & pointu ; le fruit est une baie ovale, qui n’a qu’une seule loge ; elle renferme une semence dure comme un os, ovale, marquée d’une raie profonde dans toute sa longueur. Linnæi gen. plant. 513. Mus. cliff. 2. Hort. malab. 3. 23.

PHENOMENE, s. m. (Phys.) ce mot est formé du grec φαίνω, j’apperçois ; il se dit dans l’usage ordinaire de quelque chose d’extraordinaire qui paroît dans les cieux, comme les cometes, l’aurore boréale, &c. Mais les Philosophes appellent phénomenes tous les effets qu’on observe dans la nature. Voyez Physique expérimentale, &c.

L’hypothese la plus vraissemblable est celle qui satisfait le mieux à la plûpart des phénomenes. Voyez Hypothese. Les Newtoniens prétendent que tous les phénomenes des corps célestes procedent de l’attraction mutuelle qu’il y a entre ces corps ; & presque tous les phénomenes des plus petits corps viennent de l’attraction & de la répulsion qu’il y a entre leurs parties. Voyez Gravitation, Attraction, &c. (O)

PHEONS, en terme de Blason, ce sont de fers, de dards, de fleches ou d’autres armes barbelés.

Dans les Planches de Blason on voit la figure des phéons. D’Egerton de sable, à la fasce d’hermine entre trois phéons.

PHEOS, s. m. (Botan. anc.) nom donné par Théophraste, Dioscoride & autres, à une plante dont se servoient les foulons pour apprêter leurs draps ; c’est peut-être le gnaphalium des modernes ; mais les anciens donnoient aussi le nom de phéos au filago, c’est-à-dire à notre herbe de coton. Ils employoient cette

derniere à faire les matelas de leurs lits, & à empaquêter leur poterie pour l’empêcher de se casser.

PHERECRATE, ou PHERECRATIEN, s. m. (Belles-Let.) dans l’ancienne poésie, sorte de vers composé de trois piés ; savoir d’un dactyle entre deux spondées, comme :

Crās dō | nābĕrĭs | hǣ dō
Fēssīs | vōmĕrĕ | tāurīs.

On conjecture que ce nom lui vient de Pherecrate son inventeur.

PHEREPHATTE, s. f. (Mythol.) c’étoit le premier nom de Proserpine, & sous lequel elle avoit des fêtes chez les Cyciceniens appellées phérephatties.

PHEREPOLE, adj. (Mythol.) ou celle qui porte le pole. Pindare donne ce surnom à la Fortune, pour marquer que c’est elle qui soutient l’univers, & qui le gouverne. La premiere statue qui fut faite de la Fortune pour ceux de Smyrne, la représentoit ayant le pole sur la tête, & une corne d’abondance à la main.

PHERÈS, (Geog. anc.) Pheræ ; il y avoit de ce nom plusieurs villes : savoir une dans l’Achaïe, une dans le Péloponnese, une dans la Macédoine, une dans l’Asie, une dans la Bœotie, une dans la Iapygie, une dans la Laconie, &c.

PHEREZÉENS, (Géog. sacrée.) anciens peuples qui habitoient la Palestine, & qui étoient mêlés avec les Cananéens ; mais comme ils n’avoient point de demeure fixe, & qu’ils vivoient dispersés, tantôt en un lieu du pays, & tantôt dans un autre, on les nomma Phérézéens, c’est-à-dire épars. Phérazot signifie des hameaux, des villages. Il est beaucoup parlé des Phérézéens dans l’Ecriture ; & même du tems d’Esdras, après le retour de la captivité de Babylone, plusieurs Israëlites avoient épousé des femmes de cette nation. (D. J.)

PHESANE, (Géog. anc.) ville d’Arcadie, selon le scholiaste de Pindare, & le sentiment de tous les auteurs, excepté Didime, qui prétend sans aucun fondement, que c’étoit une ville de l’Elide.

PHESTI, (Géogr. anc.) lieu d’Italie dans le Latium, à cinq ou six milles de Rome. C’étoit autrefois l’extrémité du territoire de cette ville ; ce qui fait que du tems de Strabon, les prêtres y faisoient les sacrifices nommés ambarvalia, comme dans les autres lieux qui étoient aux frontieres des Romains.

PHEUGARUM, Géog. anc.) ville de la Germanie, entre Tulisurgium & Cenduum, selon Ptolomée, liv. II. c. xj. On croit que la ville de Halberstadt, dans la Saxe, a été bâtie de ses ruines.

PHIAGIA, (Géog. anc.) 1°. ville ou bourgade de l’Attique. Elle est attribuée par quelques-uns à la tribu Egeïde, & par d’autres à l’Aïantide ; mais une inscription dont parle M. Spon la met sous l’Hadrianide. 2°. Bourgade de l’Attique, dans la tribu Pan dionide, selon Etienne le géographe. (D. J.)

PHIALÉ, (Géog. anc.) en grec φίαλη ; ce mot qui veut dire une coupe plate, remplie jusqu’au bord, a été donné à divers lacs ou reservoirs d’eau, à cause de leur ressemblance à un bassin plein d’eau.

1°. Phiale, fontaine ou lac célebre au pié du mont Hermon, & d’où le Jourdain prend sa source. Josephe, de bel. lib. III. c. xviij. raconte qu’à cent vingt stades de Césarée de Philippes, sur le chemin qui va à la Tranchonite, on voit le lac de Phiale, lac rond comme une roue, & dont l’eau est toujours à pleins bords, sans diminuer ni augmenter. On ignoroit que ce fût la source du Jourdain, jusqu’à ce que Philippe, tétrarque de Galilée, le découvrit d’une maniere à n’en pouvoir douter, en jettant dans ce lac de la menue paille qui se rendit par des canaux souterreins à Panium, d’où jusqu’alors on avoit cru que le Jourdain tiroit sa source.