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ce mot signifie une jarretiere, ou si l’on aime mieux, un ornement que les femmes mettoient autour de leur s jambes en guise de jarretieres. Il est dit dans les Nombres, xxxj. 50. que les Israélites qui défirent les Madianites, offrirent au Seigneur les περισκελίδες, les bagues, les anneaux & les brasselets, qu’ils avoient gagnés sur l’ennemi. Toutes les femmes de l’Orient portoient de magnifiques jarretieres. Cet usage passa dans la Grece & dans l’Italie, où les femmes galantes se piquoient d’avoir des jarretieres fort riches ; mais c’étoit aussi un ornement des filles les plus sages, parce que leurs jambes étant découvertes dans les danses publiques, leurs brillantes jarretieres servoient à les faire paroître & à relever leur beauté. Celles de nos dames ne sont pas aujourd’hui si magnifiques, parce que leurs jambes sont toujours couvertes. (D. J.)

PERISCIENS, s. m. pl en Géographie, sont les habitans de la terre dont l’ombre parcourt successivement tous les points de l’horison en un seul & même jour.

Ce mot est formé de περὶ, autour, & σκίη, ombre.

Tels sont les habitans des zones froides, ou ceux qui habitent l’espace renfermé entre les poles & le cercle arctique d’un côté, & entre le pole & le pole antarctique de l’autre : car comme le soleil ne se couche point pour eux, lorsqu’une fois il s’est levé, & qu’il tourne autour de leurs têtes, leur ombre doit aussi faire une révolution entiere ; de sorte que pendant le jour ils doivent voir leur ombre successivement de tous les côtés. Voyez Zone. Chambers. (E)

PERISCYLACISME, s. m. (Littérat. grecq.) περισκυλακισμὸς, c’est-à-dire expiation par un renard, qu’on sacrifioit à Proserpine ; σκύλαξ, est un renard. Les Grecs offroient à cette déesse dans les purifications, un renard que l’on faisoit passer tout-au-tour de ceux qui avoient besoin d’être purifiés, & ensuite on immoloit l’animal. Voyez le traité des quest. romaines de Plutarque, quæst. 60. & Potter. Archæol. grecq. tom. I. page 223.

PERISCYPHISME, s. m. (Chirurgie anc.) opération qui suivant l’étymologie du mot, consistoit dans une incision au-four du crâne ; on pratiquoit cette opération pour guérir les fluxions copieuses sur les yeux, accompagnées de l’ulcération des paupieres, & d’une douleur de tête aiguë & profonde. Paul Eginete, lib. VI. c. vij. vous donnera tous les détails de cette opération, qui n’est point pratiquée par les modernes. (D. J.)

PERISKYTISME ou PERISKYPISME, en Chirurgie, est une opération que faisoient les anciens sur le crâne.

Ce mot est formé des mots grecs περὶ, autour, & σκυτίζειν, couper ou écorcher la peau.

Le périskytisme étoit une incision qu’on faisoit à la suture coronale, depuis une tempe jusqu’à l’autre, & qui découvrit le crâne ; on la faisoit pour séparer le péricrâne du crâne. Voyez Péricrane.

Cette opération est abolie ; quelques auteurs en recommandent encore une approchante du périskytisme, contre une maladie de la peau du visage, appellée par quelques-uns couperose. Voyez Goutte, Rose.

PERISSABLE, adj. (Gramm.) qui périt entre nos mains, qui se dissipe malgré nous, qui nous échappe. Les biens de la fortune sont périssables, la vie est périssables.

PERISSOCHOREGIE, s. f. (Droit romain.) ce mot se trouve dans le code ; mais on ne convient pas de ce qu’il signifie. Quelques auteurs veulent que ce soit un nom de charge & d’office. Alciat prétend que le périssochorege étoit celui qui avoit soin de l’aumône ; Dominique Macri croit que périssochoregie signifie un donatis, une distribution qui se faisoit aux soldats au-dessus de leur paye ordinaire. Voyez lexicon juridicum de Jean Calvin. (D. J.)

PERISSOLOGIE, s. f. (Rhétorique.) discours superflu, sermo supervacaneus ; sur lequel Quintilien s’exprime ainsi : sed ut cùm decorum habet periphrasis, ita cùm in vitium incidit perissologia dicitur ; obstat enim quicquid non adjuvat. C’est la répétition en d’autres termes & sans nécessité, d’une même pensée qu’on vient d’expliquer suffisamment. Les périssologies sont très-fréquentes dans Ovide & dans Séneque le tragique.

PERISSON, s. m. (Botan. anc. Hist. nat.) nom donné par les anciens Grecs & ensuite par les Romains, du tems de Pline, à une espece de solanum qui rendoit fous ceux qui en faisoient usage intérieurement ; c’est pour cela qu’on l’appelloit encore le strychnum manicum ou simplement manicum, c’est-à-dire la plante qui rend fou. (D. J.)

PERISTALTIQUE, mouvement, (Physiolog.) le mouvement péristaltique ou vermiculaire des intestins, est la contraction & le relâchement alternatif des intestins, lesquels s’étrécissant successivement, poussent en avant le chyle qui y coule entre les rides des fibres intestinales.

La préparation & la distribution des humeurs par tout le corps, supposent un mouvement local. La coction des alimens & leur assimilation, requierent ce mouvement auquel les tuniques des intestins, l’impulsion du cœur, du diaphragme, des muscles du bas-ventre, cooperent de leur côte : & au moyen de toutes ces actions réunies, le chyle est exprimé dans les conduits que renferme le mésentere, pour le porter dans le ventricule droit du cœur.

Cette compression des intestins plissés comme ils sont, par laquelle le chyle est poussé dans les veines lactées, est une méchanique qui a assez de rapport à celle dont on se sert pour faire entrer le savon dans le linge qu’on veut laver, qui est de plisser & de bouchonner le linge, & ensuite de le comprimer.

Il y a plusieurs instrumens qui contribuent à cette compression, tels que sont d’abord les muscles de l’ésophage. Son action & celle des intestins, paroît consister dans une constriction successive, que leurs fibres circulaires produisent ; cette constriction se fait toujours derriere l’humeur qui est poussée, comme il est aisé de juger lorsqu’un animal ayant la tête en-bas, fait monter dans son estomac la boisson ou les herbes qu’il prend, & lorsque le chyle & les autres humeurs, après être descendues au bas du ventre, remontent jusqu’au haut ; ce qui ne se peut exécuter que par cette constriction successive qui produit le même effet dans l’ésophage & dans les intestins, que les valvules dans les veines.

Mais cette constriction circulaire ne suffiroit pas pour pousser le chyle dans les tuniques des intestins, & les vaisseaux du mésentere, si le plissement des mêmes tuniques n’y contribuoit. Or, ces replis dans lesquels le chyle est engagé, leur aide à pénétrer les porosités des intestins, lorsqu’ils sont comprimés par les muscles du ventre dans l’action de la respiration ; de la même maniere que les replis du linge que l’on bat à la lessive aide à faire pénétrer l’eau du savon dans les pores du linge, lorsqu’il est frotté avec les mains & frappé avec le battoir.

L’action par laquelle les intestins prennent une figure propre à faire que la compression des muscles puisse servir à l’expression du chyle qu’ils contiennent, est visible dans l’ouverture des animaux vivans, où l’on observe ce mouvement qui représente assez bien celui d’un ver de terre, lequel pour ramper, se resserre, rentre en lui-même, & s’alonge successivement pour sa progression.

La structure des intestins est tout-à-fait commode pour cette action, étant garnie en-dedans d’un très grand nombre de feuillets posés transversalement ; de plus, la largeur de ces feuillets va en se retrécissant