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cille, est appellé axe d’oscillation. Voyez Axe.

Galilée fut le premier qui imagina de suspendre un corps grave à un fil, & de mesurer le tems dans les observation, astronomiques, & dans les expériences de physique par ses vibrations ; à cet égard, on peut le regarder comme l’inventeur des pendules. Mais ce fut M. Huyghens, qui le fit servir le premier à la construction des horloges. Avant ce philosophe, les mesures du tems étoient très-fautives ou très-pénibles ; mais les horloges qu’il construisit avec des pendules, donnent une mesure du tems infiniment plus exacte que celle qu’on peut tirer du cours du soleil : car le soleil ne marque que le tems relatif ou apparent, & non le tems vrai. Voyez Équation du tems.

Les vibrations d’un pendule sont toutes sensiblement isochrones, c’est-à-dire, qu’elles se font dans des espaces de tems sensiblement égaux. Voyez Isochrone.

C’est ce qui fait que le pendule est le plus exact chronometre, ou l’instrument le plus parfait pour la mesure du tems. Voyez Tems & Chronometre.

C’est pour cela aussi qu’on propose les différentes longueurs du pendule, comme une mesure & invariable & universelle des longueurs, pour les contrées & les siecles les plus éloignés. Voyez Mesure.

Ainsi, ayant une fois trouvé un pendule dont une vibration est précisement égale à une seconde de tems, prise sur le mouvement moyen du soleil, si le pié horaire (ainsi que M. Huyghens appelle la troisieme partie de son pendule à seconde) comparé au pié qui sert, par exemple, d’étalon en Angleterre, est comme 392 à 360 ; il sera aisé, par le calcul, de réduire à ces piés toutes les autres mesures du monde ; les longueurs des pendules, comptées du point de suspension jusqu’au centre de la boule, étant les unes aux autres, comme les quarrés des tems pendant lesquels se font les différentes oscillations : elles sont donc réciproquement comme les quarrés des nombres d’oscillations qui se font dans le même tems. C’est sur ce principe que M. Mouton. chanoine de Lyon, a composé un traité de mensura posteris transmittenda.

Peut-être même seroit-il à souhaiter que toutes les nations voulussent s’accorder à avoir une mesure commune, qui seroit, par exemple, celle du pendule à secondes : par-là on éviteroit l’embarras & la difficulté de réduire les unes aux autres les mesures des différentes nations ; & si les anciens avoient suivi cette méthode, on connoîtroit plus exactement qu’on ne fait aujourd’hui les diverses mesures dont ils se servoient.

Cependant quelques savans croient que cette méthode a des inconvéniens. Selon eux, pour réussir à la rendre universelle, il faudroit que la pesanteur fût la même à tous les points de la surface de la terre. En effet, la pesanteur étant la seule cause de l’oscillation du pendules, & cette cause étant supposée rester la même, il est certain que la longueur du pendule qui bat les secondes, devroit être invariable, puisque la durée des vibrations dépend de cette longueur, & de la force avec laquelle les corps tombent vers la terre. Par conséquent, la mesure qui en résulte seroit universelle pour tous les pays & pour tous les tems ; car nous n’avons aucune observation qui nous porte à croire que l’action de la gravité soit différente dans les mêmes lieux en différens tems.

Mais des observations incontestables ont fait connoître que l’action de la pesanteur est différente dans differens climats, & qu’il faut toujours alonger le pendule vers le pole, & le raccourcir vers l’équateur. Ainsi, on ne sauroit espérer de mesure universelle que pour les pays situés dans une même latitude.

Comme la longueur du pendule qui bat les secondes à Paris, a été déterminée avec beaucoup d’exac-

titude, on pouroit y rapporter toutes les autres

longueurs. Pour rendre la mesure universelle, il faudroit avoir par l’expérience des tables des différences des longueurs du pendule, qui battroit les secondes dans les différentes latitudes. Mais il n’est nullement aisé de déterminer ces longueurs par l’expérience avec la précision nécessaire pour en bien connoître les différences, qui dépendent quelquefois de moins que d’un quart de ligne. Pour connoître la quantité de l’action de la pesanteur dans un certain lieu, il ne suffit pas d’avoir une horloge à pendule, qui batte les secondes avec justesse dans ce lieu ; car ce n’est pas la seule pesanteur qui meut le pendule d’une horloge, mais l’action du ressort, & en général tout l’assemblage de la machine agit sur lui, & se mêle à l’action de la gravité pour le mouvement. Il n’est question que de trouver la quantité de l’action de la seule pesanteur ; & pour y parvenir on se sert d’un corps grave suspendu à un fil, lequel étant tiré de son point de repos, fait les oscillations dans de petits arcs de cercle, par la seule action de la pesanteur. Afin de savoir combien ce pendule sait d’oscillations dans un tems donné, on se sert d’une horloge à pendule bien reglée pour le tems moyen, & l’on compte le nombre d’oscillations que le pendule d’expérience, c’est-à-dire, celui sur qui la pesanteur agit, a fait, pendant que le pendule de l’horloge a battu un certain nombre de secondes. Les quarrés du nombre des oscillations que le pendule de l’horloge & le pendule d’expérience font en un tems égal, donnent le rapport entre la longueur du pendule d’expérience, & celle du pendule simple qui feroit ses oscillations par la seule force de la pesanteur, & qui seroit isochrone au pendule composé de l’horloge, & qui par conséquent battroit les secondes dans la latitude où l’on fait l’expérience, & cette longueur est celle du pendule que l’on cherche. M. Formey.

Voilà un précis de ce que quelques savans ont pensé sur cette mesure universelle tirée du pendule ; on pourroit y répondre qu’à la vérité la longueur du pendule n’est pas exactement la même dans tous les lieux de la terre ; mais outre que la différence en est assez petite, on ne peut disconvenir, comme ils l’avouent eux-mêmes, que la longueur du pendule ne demeure toujours la même dans un même endroit ; ainsi les mesures d’un pays ne seroient au-moins sujettes à aucune variation, & on auroit toujours un moyen de les comparer aux mesures d’un autre pays avec exactitude & avec précision. On peut avoir sur ce sujet les réflexions de M. de la Condamine dans les mémoires de l’académie, année 1747.

M. Huyghens détermine la longueur du pendule qui bat les secondes à trois piés, trois pouces, & trois dixiemes d’un pouce d’Angleterre, suivant la réduction de M. Moor : à Paris MM. Varin, Des Hays & de Glos ont trouvé la longueur du pendule à secondes de 440 lignes  ; M. Godin de 440 lignes  ; M. Picard de 440 & , & il trouva la même dans l’île de Heune, à Lyon, à Bayonne & à Sette. M. de Mairan ayant répété l’expérience en 1735 avec beaucoup de soin, l’a trouvée de 440 lignes , qui ne differe de la longueur de M. Picard que de de ligne. Ainsi on peut s’en tenir à l’une ou l’autre de ces mesures pour la longueur exacte du pendule à secondes à Paris. Remarquez que les longueurs des pendules se mesurent ordinairement du centre de mouvement, jusqu’au centre de la boule ou du corps qui oscille.

Sturmius nous apprend que Riccioli fut le premier qui observa l’isochronisme des pendules, propriété si admirable, & qu’il en fit usage pour la mesure du tems : après lui Ticho, Langrenus, Werdelin, Mersene, Kircher & d’autres, ont trouvé la même chose ; mais Huyghens, comme nous l’avons déja dit, est le