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alongé fait en poire, avec une ouverture en forme de bouche, garnie de lèvres, de mâchoires, & de dents, dont il est armé vers la partie la plus pointue. Les deux cornes avec deux points noirs qui sont ses yeux placés sur leur côté intérieur, lui servent à tâter & à reconnoître le terrein ; c’est par ce canal qu’il suce ses alimens ordinaires, qui sont du limon, de petits vermisseaux, & de l’aigue marine. Les excrémens sortent au-dessus de la tête, par l’anus, à côté des parties de la génération, à peu de distance de ces deux cornes. Une grosse partie charnue qui est au milieu lui sert à se mouvoir : on lui connoît un mouvement lent & progressif, nécessaire pour respirer, & aller chercher sa nourriture sur les rochers qu’il a coûtume de parcourir. On le voit en effet se détacher, en élevant sa coquille de deux ou trois lignes, & ramper sur une espece de mamelon ou de base charnue, foncée en couleur : son mantelet est garni de trois rangs de filets applatis qui forment une frange tout-au-tour.

Le corps de la patelle tient à sa circonférence par un cartilage très-simple. On le détache du rocher avec un instrument tranchant & pointu, qui coupe surement le nerf qui l’y attachoit. Il se détache cependant de lui-même pour aller chercher sa nourriture. Ce testacé peut, sans sortir de sa place, élever sa coquille d’une ligne & demie, & la rabaisser de même. La partie sur laquelle il marche est plus solide que les autres : cette base paroit remplie d’une infinité de petits grains, comme si elle étoit chagrinée ; ce ne sont cependant que de petites cellules remplies d’eau & de glu, dont l’animal se sert alternativement à se coller sur une pierre, & à s’en détacher en délayant cette colle. Voyez la Conchyliologie de M. Dargenville, & les Mémoires de l’académie des Sciences. (D. J.)

Patelle ou Patellane, s. f. (Mytholog.) nom propre d’une déesse des anciens Romains ; on dit qu’elle veilloit aux blés, lorsqu’ils commençoient à monter en épis ; c’est elle qui le faisoit sortir heureusement : mais Arnobe emploie ces deux divinités différentes, l’une qui préside aux choses ouvertes, l’autre aux choses à ouvrir.

PATELLITES, s. f. (Hist. nat.) nom donné, par quelques naturalistes, à une petite coquille ronde & plate pétrifiée : quelques auteurs croient que c’est le lépas pétrifié, & que les pierres numismales sont des coquilles de cette espece aussi-bien que les pierres appellées nummuli Bratensburgici ; peut-être même les pierres lenticulaires sont-elles des coquilles de cette espece pétrifiées : on les nomme aussi porpites.

PATENE, s. f. (Hist. ecclés.) dans l’église romaine, vase sacré en forme de petit plat d’or ou d’argent qui sert à la messe à mettre l’hostie, & à donner à baiser au clergé & au peuple quand ils vont à l’offrande.

Selon quelques-uns on la nomme patene à patendo, & si l’on en croit Columelle, c’étoit un nom général pour désigner toute sorte de vase plat & large. Dans les premiers tems ces patenes n’étoient souvent que de verre, mais souvent aussi d’argent ou d’or, même pendant les persécutions, mais elles étoient d’un volume beaucoup plus considérable qu’elles ne sont aujourd’hui, car c’étoient de grands bassins du poids de quarante-cinq marcs, & communément de trente. Fleury, mœurs des Chrétiens, n°. xxxvj.

PATENOTRE, s. f. (Théolog.) terme dont on se sert pour exprimer un chapelet, parce qu’entre les grains dont il est composé il y en a de distance en distance de plus gros les unes que les autres, sur lesquels on récite le Pater noster ou l’Oraison dominicale, au lieu que sur les petits on ne dit que l’ave

Maria, ou la Salutation angélique. Voyez Chapelet.

Patenotres, s. m. pl. (Arch.) petits grains en forme de perles rondes, qu’on taille sur les baguettes.

Patenotre, adj. terme de Blason. Une croix patenotrée, est une croix faite de grains, comme celle qui est représentée dans les Pl. du Blason. Voyez Croix. Cette croix doit être peinte afin que la sphéricité des grains paroisse, & qu’on puisse les distinguer des besans, &c.

Patenotrerie, s. f. (Comm. de chapelets.) marchandises de chapelets, ainsi dites, parce que les grains qui les composent sont nommés vulgairement patenôtres.

Le négoce de la patenôtrerie est assez considérable en France, particulierement à Paris, où il fait partie de celui de la mercerie.

L’ouvrier qui enjolive & vend toutes sortes de chapelets, se nomme patenôtrier.

Patenotrier, s. m. (Emailleur.) ouvrier qui fait & vend des patenôtres. Il y a dans Paris trois communautés différentes de patenôtriers, les uns se nomment patenôtriers-boutonniers d’émail, verre, & crystallin ; on les appelle plus ordinairement émailleurs ; ils ont été réunis en 1706 à la communauté des maîtres Verriers marchands de fayance. Voyez Emailleur.

Les autres sont appellés patenôtriers en bois & corne, & ne travaillent que sur ces matieres. Enfin le troisieme corps est celui des patenôtriers en ambre, jay & corail. Suivant les titres que leur donnent leurs statuts, il est clair que le jay, l’ambre, & le corail sont les seules matieres qu’ils doivent employer : cependant comme c’est un maître de leur corps qui a inventé la maniere de faire les perles fausses, telles qu’on les fait actuellement en France, il semble qu’il est bien difficile, & même injuste, de leur interdire la faculté de les fabriquer, du-moins concurremment avec les émailleurs, à qui il appartient de faire le grain de verre qui forme la perle.

PATENTES, Lettres, s. f. pl. (Jurisprud.) Voyez au mot Lettres, l’article Lettres-patentes.

Patentes de santé, (Marine.) Voyez Lettres.

PATER, s. m. (Mytholog.) ce nom est souvent donné à Jupiter, parce qu’il étoit regardé comme le pere des dieux & des hommes. Les poëtes grecs & latins le donnent presque toujours à Bacchus, & tous, jusqu’aux Historiens, l’appellent le pere Bacchus. Voyez Liber. (D. J.)

Pater, (Soierie.) espece de petites poulies toutes unies, qui sont un peu plus larges que les poulies du cassin, & passées dans la cage du cassin, à chaque deux rangs de poulies.

Quand la cage du cassin est bien serrée, les paters empêchent que les poulies ne soient gênées, & tiennent les lames de la cage solidement arrêtées, parce que la force du serrement ne porte que sur les paters.

Pater noster, nom qu’on donne communement à l’oraison dominicale, ou priere que J. C. enseigna à ses apôtres, parce qu’en latin elle commence par ces deux mots pater noster.

Pater noster, (Géog. mod.) îles de la mer des Indes, au sud de l’ile des Célebes ; elles ont été ainsi nommées à cause d’un grand nombre de roches qui les environnent, comme des grains de chapelet. Elles abondent en blé & en fruits. (D. J.)

PATERNUM, (Geog. anc.) ville d’Italie dans la grande Grece, sur la côte occidentale, vers le cap appellé aujourd’hui Cape dell’Alice, dans l’endroit où commence le golfe de Tarente. On veut qu’elle ait été appellée anciennement Crimisa & Chone, & qu’elle ait été bâtie par les Enotriens, quoique Strabon attribue sa fondation à Philoctete.