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pays de Naplos, ou Naplouse, le pays de Harcté ; le pays de Jouret-Cafre-Kanna, ou de Nazareth, le pays de Sapheth, & enfin le pays au-dessus du Jourdain, où il est dangereux de voyager à cause des Arabes qui l’occupent. Il ajoute que ces divers pays forment autant de gouvernemens, dont cependant le nombre n’est point fixe, parce que le grand-seigneur partage quelquefois un gouvernement en deux, & quelquefois il en unit deux en un.

Il faut bien se défier de la description des lieux que l’Ecriture-sainte a rendus mémorables. On nous en a donné des descriptions circonstantiées très-suspectes. Que ne prétend-on point faire voir à ceux qui entreprennent le voyage de la Palestine, & que ne leur produit-on point pour les dédommager de leurs fatigues ? On leur montre d’imagination le lieu où saint Epiphane, né en Palestine vers l’an 320, fonda lui-même un monastere. Ce pere de l’Eglise mourut en 403, âgé de plus de 80 ans. La meilleure édition de ses œuvres est celle que le pere Petau publia en 1622, in-fol. en grec & en latin avec des savantes notes ; mais dans lesquelles il n’a pu rectifier & les erreurs, & le peu d’exactitude de saint Epiphane dans les faits qu’il rapporte. (D. J.)

Palestine, s. f. (Fondeur de caracteres d’Imprimerie.) quatorzieme corps des caracteres d’imprimerie. Sa proportion est de quatre lignes mesure de l’échelle ; voyez proportions des caracteres d’Imprimerie, & l’exemple à l’article Caracteres.

PALESTRE, s. f. (Art gymast.) palæstra ; lieu où les anciens s’exerçoient pour la gymnastique médicicale & athlétique, à la lutte, au palet, au disque, au jeu du dard & autres jeux semblables ; ce lieu d’exercice s’appelloit palæstra, du mot παλὴ, la lutte.

Le terrein chez les Grecs & les Romains destiné à cet usage, étoit couvert de sable & de boue, pour empêcher que les athletes ne se tuassent en se renversant par terre. La longueur de la palestre étoit réglée par stades, qui valoit chacun 125 pas géométriques, & le nom de stade s’appliquoit à l’arene sur laquelle on couroit. Vitruve nous a donné dans son architecture, liv. V. ch. xj. la description & le plan d’une palestre.

Les combats même où l’on disputoit de la course & de l’adresse à lancer un dard, ont été nommés palestræ par Virgile dans son Æneid. lib. V.

Pars in gramineis exercent membra palæstris.

Et quand il veut dépeindre dans ses Géorg. lib. II. v. 531. les jeux de ceux qui habitent la campagne, il dit que le laboureur propose au berger un combat de fleches ; qu’on tire contre un but attaché à un orme, & que chacun d’eux quitte ses habits pour être plus propre à cette palestre :

Pecorisque magistris
Velocis jaculi certamina ponit in ulmo,
Corporaque agresti nudat prædura palæstrâ.

Mais ce qui n’est point une fiction poëtique, & ce qui étoit particulier à Lacédémone, c’est que les filles s’exerçoient dans la palestre aussi-bien que les hommes. Si vous en voulez voir une belle description en vers, Properce vous la donnera dans une de ses élégies du troisieme livre. Cependant vous n’en trouverez point de peinture plus élégante en prose, que celle qu’en fait Cicéron dans ses Tusculanes, où après avoir parlé de la mollesse avec laquelle les autres nations élevoient les filles, il peint les occupations de celles de Sparte. Il leur est bien plus doux, dit-il, de s’exercer dans le palestre, de nager dans l’Eurotas, de s’exposer au soleil, à la poussiere, à la fatigue des gens de guerre, qu’il leur seroit flatteur de ressembler aux filles barbares. Il se mêle à la vérité de la douleur dans la violence de leurs exercices ;

on les choque, on les frappe, on les repousse, mais ce travail même est un remede contre la douleur.

Pyrrhus a une fois employé bien heureusement le mot palestre au figuré. Comme il ne pouvoit se rendre maître de la Sicile, il s’embarqua pour l’Italie ; & tournant la vue vers cette île, il dit à ceux qui l’accompagnoient : « Mes amis, quelle palestre nous laissons-là aux Carthaginois & aux Romains ! » (D. J.)

PALESTRINE, (Géog. mod.) autrefois Prænecte, petite ville d’Italie dans la campagne de Rome, avec un évêché, dont l’évêque est un des anciens cardinaux. Elle est sur la pente d’une montagne, à 8 lieues de Rome. Long. 30. 28. lat. 41. 50.

PALESTRIQUE, exercice (Gymnastiq.) les exercices palestriques sont au nombre de neuf ; savoir, la lutte, le pugilat, le pancrace, la course, l’hoplomachie, le saut, l’exercice du disque, celui du trait & celui du cerceau, trochus. On les nommoit palestriques, à cause qu’ils avoient presque tous pour scène cette partie des gymnases appellée palestre, & qui tiroit son nom de la lutte, en grec παλὴ, l’un des plus anciens de ces exercices. Voyez Lutte, Palestre, & les autres exercices palestriques que je viens de nommer. (D. J.)

PALESTROPHYLACE, s. m. (Hist. anc.) officier subalterne des palestres ou gymnases, qu’on a mal-à-propos confondu avec le chef ou directeur du gymnase, qui dans les anciens n’est jamais appellé que gymnasiarque ou xystarque. Le palestrophylace ne peut donc être exactement rendu en notre langue que par concierge de la palestre, comme le porte le mot φυλαξ, dont son nom est composé, & qui à la lettre signifie garde, ou gardien, titre que les anciens n’auroient pas donné au gymnasiarque, qu’ils regardoient comme un personnage important, & dont les fonctions passoient pour très-honorables.

PALET, (terme de Pêche.) sorte de pêcherie sédentaire que l’on peut rapporter à l’espece des bas-parcs ou cibaudierres. Ce terme est usité dans le ressort de l’amirauté de Bordeaux.

Les pêcheurs, pour faire cette pêche, choisissent une espece de petite ance dont les deux extrémités forment une hauteur, & laissent un fond plus bas dans le milieu, au-tour de cette anse ils plantent des perches ou piquets éloignés les uns des autres de deux brasses en deux brasses, de la longueur d’environ huit ou dix piés, en sorte qu’ils sortent du terrein de six à sept piés au plus. Ils sont placés en demi-cercle, & embrassent un espace de quatre à cinq cens brasses de long ou environ : ces perches ou pieux ne changent point, & restent toujours placés de même, au contraire de ceux qui forment la petite pêcherie du palicot, comme nous l’expliquerons ci-après.

Avant d’étendre le rets pour faire la pêche du palet, les maîtres des pêcheurs qui y sont de parc, & qui pour cet effet fournissent chacun les filets nécessaires à former le contour du palet, viennent visiter le fond du terrein de l’enceinte de la pêcherie, pour voir par les traces qui y restent, si le poisson y fréquente ; ce qu’ils reconnoissent très-bien aux empreintes qui paroissent encore sur le fond après que la mer s’est retirée, distinguant même aisément les diverses especes de poisson qui y peuvent venir paître.

Quand le maître a reconnu qu’on peut y faire la pêche avec succès, les pêcheurs alors font de basse-mer un sillon ou petit fossé d’environ deux piés de largeur sur un au plus de profondeur le long du contour des perches : ils y étendent le rets du palet qui a environ une demi-brasse de hauteur, ordinairement le même que celui de la Seine à la côte, à la différence qu’il n’est ni flotté, ni plombé ou pierré ; le bas du filet est arrêté au moyen de petits crochets de bois d’environ deux piés de long, placés à demi-