Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/660

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mences le plus souvent ovoïdes : ajoutez aux caracteres de ce genre que les feuilles sont attachées par paires à une côte terminée en pointe. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

On distingue quatre especes d’orobe ou d’ers : la principale nommée par Tournefort ervum verum, J. R. H. 398, a la racine menue, délicate & blanchâtre. Elle pousse plusieurs tiges à la hauteur d’environ un pié, qui s’étendent au large. Ses feuilles sont semblables à celles de la lentille, rangées par paires le long d’une côte. Ses fleurs sont légumineuses, petites, purpurines, quelquefois blanches, rayées de pourpre bleu, soutenues par des calices formés en cornets dentelés. Lorsque les fleurs sont passées, il leur succede des gousses longues d’un pouce, menues, pendantes, ondées de chaque côté, & blanchâtres dans la maturité. Ces gousses renferment des semences presque rondes, semblables à de petits pois d’un rouge-brun, & d’un goût de légume qui n’est ni amer ni désagréable.

Cette plante se seme dans les champs en plusieurs provinces pour la nourriture des bestiaux ; elle croît naturellement parmi les blés en Espagne & en Italie. Elle fleurit en Avril, Mai & Juin. Sa semence est mûre en Juillet. C’est une nourriture très-agréable aux pigeons. L’orobe se plaît en terre maigre, légere, & sablonneuse.

La petite espece qu’on appelle communément orobe de Candie, n’est qu’une variété de la précédente, suivant le sentiment de J. Bauhin, de Parkinson & de Ray.

L’orobe sauvage, orobus sylvaticus nostras de Ray, a été décrit premierement & suffisamment par cet habile botaniste, ensuite inutilement & fort au long dans les Mémoires de l’académie des Sciences année 1706.

La semence d’orobe est la seule partie de cette plante qu’on emploie en Médecine ; elle est résolutive, détersive, & apéritive. Les anciens médecins la réduisoient en poudre, & la donnoient incorporée avec le miel dans l’asthme humide, pour faciliter l’expectoration : on en a fait du pain dans des années de disette, mais de mauvais goût & qui fournissoit peu de nourriture. Aujourd’hui cette semence est une des quatre farines résolutives qu’on emploie communément en Chirurgie, & c’est son principal usage. (D. J.)

Orobe, (Botan. & Mat. méd.) Voyez Ers.

OROBIAS, s. m. (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à la pierre appellée ammite ou hammite ou oolite. Voyez Oolite.

OROBIENS les, (Géog. anc.) Orobii, peuples de la Gaule cisalpine, selon Pline, liv. III. c. xvij. Ils avoient une ville située dans les montagnes, qui tomboit en ruine du tems de Caton, & qui ne subsistoit déjà plus du tems de Pline. (D. J.)

OROCONITES, (Mat. méd.) nom donné par Hippocrate, & autres médecins grecs, à une racine bulbeuse qu’ils recommandent comme un excellent aliment. Il paroit que ce terme est composé du grec ὄρος, montagne, & ϰονίτες, figure conique ; cette étymologie nous apprend bien que c’étoit une racine de cette forme qui croissoit dans les montagnes ; mais les savans ont fait de vains efforts pour découvrir quelle étoit cette racine.

ORONTE l’, (Géog. anc.) fleuve de Syrie ; Pline, liv. V. chap. xxij. le fait naître entre le Liban & l’Anti-liban, auprès d’Héliopolis, qui est aujourd’hui Balbec ; mais cet auteur a été mal informé. M. de la Roque dans son voyage de Syrie, nous apprend que la source de l’Oronte est dans une plaine à 4 ou 5 lieues de distance du mont Liban, entre l’orient & le midi, & à un éloignement considérable de toutes les montagnes qu’on peut appel-

ler Anti-liban. C’est à environ 14 lieues de Balbec

que sont les sources de l’Oronte ; il court d’abord en serpentant vers le nord, passe à 2 lieues d’Emese, traverse Apamée, arrose ensuite les murs d’Antioche, & se jette enfin dans la mer. (D. J.)

OROPESA, (Géog.) ville d’Espagne, dans la nouvelle Castille, près des frontieres de l’Estramadure, avec titre de comté. Elle est entre Talavera & Plazentia, à 9 lieues de la derniere, au nord du Tage. Elle appartient à la famille royale de Portugal. Long. 13. 6. lat. 39. 40.

OROPE, (Géog. anc.) Oropus ; il y a plusieurs villes de ce nom ; nous parlerons d’abord de la principale dans l’histoire de la Grece.

Elle étoit dans la Béotie, aux confins de l’Attique, auprès de la mer. Etant si voisine de l’Attique son territoire fut mis en litige par les Athéniens, à qui Philippe l’adjugea ; mais les Athéniens prétendoient aussi d’être en possession de la ville, & ils trouverent le moyen de se l’approprier : de-là vient qu’elle est nommée ville de l’Attique par Tite-Live, liv. XLV. chap. xxvij.

Mais il faut savoir que Themesion, tyran d’Eritrie, l’avoit prise sur les Athéniens la troisieme année de la ciij. olympiade, & que les Athéniens ne la recouvrerent que par la liberalité de Philippe qui la leur rendit après la bataille de Chéronée.

Je dois encore remarquer que nous avons en partie l’obligation à Orope d’avoir fait Démosthène orateur ; car ce fut après avoir entendu les applaudissemens infinis qu’eut un discours de Callistrate sur Orope, que Démosthène dit un dernier adieu à l’école de Platon, se détacha entierement de la philosophie, & résolut de se vouer à l’éloquence.

La même ville, dans la suite des tems, fournit aux Grecs une occasion d’apprendre à leurs vainqueurs, que la force & l’autorité de la parole résidoient encore dans les vaincus. Les Athéniens pressés d’une extrème disette négligerent les bienséances, & pillerent sans façon Orope leur alliée ; Orope se plaint au sénat de Rome. La cause des Athéniens avoit besoin d’un bon avocat, ils le trouverent en la personne de Carnéades, chef de leur ambassade. Cet excellent orateur, par ses tons & par ses figures, suppléa si merveilleusement aux raisons, & fascina si bien l’esprit des Romains, que le sénat disoit : « Athenes nous envoie des ambassadeurs, non pour se justifier, ou pour nous persuader, mais pour nous contraindre de faire ce qu’il lui plaît & ce qui lui convient ».

Le nom moderne d’Orope est Ropo, village de Grece, à 2 milles de la mer, & à 6 d’un autre village nommé Marcopoulo ; à une lieue plus loin est une petite riviere, que M. Spon croit être l’Asopus ; au-delà de cette riviere est un autre grand village appellé Sycuimo, qui est vraissemblablement la petite ville de Béotie, qu’on nommoit anciennement Sycaminum.

Venons aux autres lieux qui portoient le nom d’Orope. Il y avoit une ville de ce nom en Syrie ; une autre en Macédoine ; une troisieme en Eubée ; une quatrieme dans la Tesprotie ; enfin une cinquieme au Péloponnèse dans l’Argie. (D. J.)

OROSANGE, s. m. (Littérat.) titre que les Perses donnoient à leurs bienfaiteurs ; ils écrivoient leurs bienfaits dans les registres publics, comme nous l’apprenons par le témoignage des historiens. Josephe interprete orosange par le mot grec évergète, qui veut dire sauveur.

OROSPEDA, (Géog. anc.) ancien nom d’une chaîne de montagnes de l’Espagne. Strabon, l. III. comprend sous ce nom les diverses branches de montagnes qui courent depuis l’Arragon par les deux Castilles jusques dans l’Andalousie ; toutes ces