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me vulnéraire de la pharmacopée de Paris, & en sont un ingrédient inutile. (b)

Oreille, (Conchyl.) on appelle oreille en Conchyologie, une ou deux parties plates & saillantes de celles de la charniere d’une coquille, sur-tout de celle qui est nommée peigne. Il faut distinguer les oreilles des aîles ; car aîles se dit de l’extension d’une des levres de la bouche d’une coquille ; on dit, par exemple, un murex aîlé, & l’on ne doit pas prendre cette aîle pour une oreille. (D. J.)

Oreille de mer, (Conchyliol.) nom que l’on a donné à un genre de coquillage de la classe des univalves, à cause de la grande ressemblance qu’il a par sa forme avec l’oreille de l’homme ; on ne le trouve en France que sur les côtes de Bretagne, il se tient de même que le lepas attaché contre les rochers ; sa coquille est percée de sept trous pour l’ordinaire. Tant qu’il est jeune, il y en a moins ; mais à mesure que la coquille augmente, il se forme un nouveau trou. Voyez Coquillage & Coquilles.

Aldrovandus & Rondelet ont appellé l’oreille de mer, patella fera ; ce qui la confond avec la patelle : ils l’ont mise encore parmi les bivalves, quoique rien ne fût plus opposé.

Son nom françois lui vient de sa ressemblance avec l’oreille humaine : il y a des endroits où on l’appelle ormier ; Bélon la nomme le grand bourdin ; & les Hollandois, stockfiche.

Les oreilles de mer donnent quelquefois de petites perles, dont on voit les semences dans le milieu de leur cavité, qui présente un fort bel orient. Cette partie est traversée dessus & dessous par de grandes rides ou des ondes, qui se terminent en-dehors à un œil formant une espece de volute, avec un rebord applati d’un côté, & de l’autre tout uni. Les oreilles ont un rang de trous ronds, dont il y en a ordinairement six d’ouverts. Quand le poisson veut augmenter sa coquille pour couvrir l’augmentation de sa chair, il fait un nouveau trou & en ferme un autre.

Lister met l’oreille de mer parmi les turbinées ou contournées : il dit, turbinatorum more claviculatim contorquetur, adeò ut ab aliquibus univalvibus malè annumerata est. Sur ce principe, toutes les coquilles seront turbinées, jusqu’à la porcelaine, qui a une pyramide ou clavicule contournée, qui est applatie, & qui rentre en elle-même vers son sommet.

Parmi les diverses especes d’oreilles de mer, on compte 1°. l’oreille percée à six trous ; 2°. la polie ; 3°. la verte ; 4°. la rougeâtre ; 5°. celle qui est tachetée de brun & de verd ; 6°. de forme longue ; 7°. l’oreille de mer sans trous & qui n’est point nacrée, ayant une volute en-dedans détachée de son bord.

Ce coquillage n’est pas moins connu que le lepas ; mais il ne se trouve pas si communément : nous ne l’avons en France que sur les côtes de Bretagne. Le poisson de cette coquille est ordinairement attaché au rocher à fleur d’eau, & s’y tient si fortement cramponné, qu’on a encore plus de peine à détacher sa coquille que le lepas. Il meurt incontinent après qu’on l’a détaché du rocher ; il fait quelques mouvemens, en alongeant sa tête & ses barbes qui sont au-haut de sa circonférence. Sa chair est jaunâtre & bonne à manger. On lui remarque une tête ronde, tranchée sur le dessus, avec une bouche garnie de quatre cornes, dont deux plus grandes sont peu distantes des deux autres. Les deux yeux ou points noirs sont placés au sommet des deux plus petites cornes.

Il rend ses excrémens par les trous qui sont sur la superficie de sa coquille ; & ses principaux visceres sont logés sur la bordure. Lorsqu’il est en marche, son pié déborde beaucoup la superficie de sa coquille qui est revêtue de légers sillons, lesquels tournent autour de la robe en forme de deux rangs frai-

sés, & vont se perdre au sommet. Sa couleur ordinairement très-variée est d’un cendré noir ; mais il y en a de vertes, de rougeâtres, avec une très-belle nacre en-dedans. Dargenville, Conchyliologie. (D. J.)

Oreille, (Critique sacrée.) ce mot se prend d’ordinaire métaphoriquement dans l’Ecriture : il signifie quelquefois exaucer. Verba mea auribus percipe Domine, Ps. v. i. Seigneur, exaucez nos prieres. 2°. Il signifie un entier dévouement : Sacrificium & oblationem noluisti, aures autem perfecisti mihi, Ps. xxxix. 7. Vous n’avez voulu ni sacrifice ni oblation, mais vous m’avez donné des oreilles parfaites. L’hébreu porte fodisti, par allusion à la coutume de percer avec une aleine l’oreille du serviteur, qui renonçoit au privilege de l’année sabbatique, & se consacroit au service de son maître pour toujours. 3°. Aures zeli audit omnia, Sap. j. 10. L’oreille de Dieu, qui s’appelle un Dieu jaloux, entend tout. 4°. Revelare aurem, déclarer une chose inconnue. Si perseveraveris, revelabo aurem tuam, I. Regum, xx. 13. Si le mauvais dessein de mon pere continue toujours contre vous, je vous en donnerai avis, dit Jonathas à David. 5°. Erigere aurem, exciter à entendre avec docilité. Erigit mihi aurem, ut audiam quasi magistrum, Is. l. 4. Le Seigneur me touche l’oreille, afin que je l’écoute comme un maître. 6°. Le Seigneur dit à Isaïe : laissez l’oreille de ce peuple s’appésantir, c’est-à-dire, laissez-le endurcir son cœur. (D. J.)

Oreilles de l’ancre, (Marine.) c’est la largeur des pattes de l’ancre. Voyez Ancre. (Q)

Oreille de lievre, (Marine.) une voile appareillée en oreille de lievre est une voile latine, ou à tiers point ; ce qui la rend différente des voiles à traits quarrés. (Q)

Oreille, terme d’Arts & de Métiers ; il y a quantité de chose dans les Arts & Métiers auxquelles les ouvriers donnent ordinairement le nom d’oreilles, soit parce qu’elles ont quelque sorte de ressemblance, bien qu’éloignées avec les oreilles naturelles, soit seulement à cause qu’elles sont doubles comme elles.

Les oreilles d’un ancre sont les deux bouts plats & pointus faits en langue de chat, qu’on appelle aussi pattes, qui lui servent à mordre & à tenir dans le sable.

Les oreilles d’un minot à mesurer les grains, sont les deux pieces plates qui sont attachées au ceintre pour y affermir la potence.

Les oreilles d’un chaudron, d’un sceau, d’une marmite, sont les morceaux de fer plat, dans lesquels l’anse est mobile.

On dit aussi les oreilles d’une écuelle, les oreilles d’un soulier, les oreilles d’un peigne, les oreilles d’un ballot, & quelques autres. Comme celles du peigne & du ballot semblent plus considérables que les autres par rapport au commerce ; l’on en a fait des articles particuliers. Savary. (D. J.)

Oreilles, (Hydr.) on dit les oreilles ou les oreillons d’une piece d’eau en miroir ; ce sont les petites parties échancrées & en retour, qui se joignent à celles qui sont ceintrées.

Oreille, terme d’Architecture, est le racord de deux moulures, qui tend à former un angle droit, par une forme circulaire de quart de cercle, soit en-dedans, soit en-dehors.

Oreille, (partie du métier à bas.) Voyez à Bas, Métier a bas.

Oreille, en terme de Bourserie, ce sont de petits tirans qui tiennent au dos d’un étui à livre, & qui en couvre la tranche jusque sous la patte de l’étui. Voyez Patte.

Oreille de charrue, (Agriculture.) les Laboureurs appellent ainsi la partie de la charrue à la-