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dignité, & jamais ils ne peuvent le quitter sous peine de mort ; ils sont sujets à la même peine si on venoit à leur voler leur collier.

ONEILLE, (Géog.) les Italiens disent Onéglia ; ville d’Italie enclavée dans l’état de Gênes, avec titre de principauté & un port sur la Méditerranée. Elle appartient au roi de Sardaigne, aussi-bien que la principauté qui consiste en 3 vallées, le val d’Oneille, le val de Maro & le val de Prela. Elle abonde en oliviers. Les François bombarderent cette ville en 1692. Comme elle n’est pas fortifiée, elle a été souvent prise & reprise dans les guerres d’Italie. Elle est près de la riviere Impériale, à 12 lieues S. E. de Coni, 13 N. E. de Nice, 25 S. E. de Turin, 20 S. O. de Gênes. Long. 25. 36. lat. 43. 55.

Oneille est la patrie d’Andre Doria, l’un des plus grands capitaines du xvj. siecle, & d’une ancienne famille génoise, féconde en hommes très-célebres. Il eut tour-à-tour le commandement des forces navales de Gênes, de Naples, de François I. de Charles-Quint, &c. & la victoire marcha toujours sur ses pas. Il porta la terreur dans les mers d’Afrique & de Grece, battit les Turcs de tous côtés, & prit sur eux Patras & Coron, mais ce qui releve sa gloire encore davantage, c’est d’avoir refusé la domination de Gênes, & d’avoir mieux aimé d’en être le libérateur, le législateur & le protecteur, que d’en être le souverain. Il mourut à Gênes, le front ceint de tous les lauriers du héros, le 25 Novembre 1560, à l’âge de 94 ans. (D. J.)

ONEIROCRITIE ou ONIROCRITIE, s. f. (Théol. payenne.) art d’interpréter les songes. C’est un mot grec composé de ὀνείρος, songe, & κρίσις, jugement. Cet art faisoit une partie trop importante de l’ancien paganisme, pour n’en pas développer l’origine. Artémidore, qui vivoit vers le commencement du ij. siecle, a donné un traité des songes, & s’est servi d’auteurs beaucoup plus anciens pour composer son ouvrage. Il divise les songes en spéculatifs & en allégoriques.

La premiere espece est celle qui représente une image simple & directe de l’événement prédit. La seconde espece n’en représente qu’une image symbolique ; c’est-à-dire, indirecte Cette derniere espece est celle qui compose l’ample classe des songes confondus, & qui a seule besoin d’interprete. Aussi Macrobe a-t-il défini un songe, la vue d’une chose représentée allégoriquement, qui a besoin d’interprétation.

L’ancienne onéirocritie consistoit dans des interprétations recherchées & mystérieuses. On disoit, par exemple, qu’un dragon signifioit la royauté, qu’un serpent indiquoit maladie, qu’une vipere signifioit de l’argent, que des grenouilles marquoient des imposteurs, le chat l’adultere, &c.

Or, les premiers interpretes des songes n’étoient point des fourbes & des imposteurs. Il leur est seulement arrivé, de même qu’aux premiers astrologues judiciaires, d’être plus superstitieux que les autres hommes de leur tems, & de donner les premiers dans l’illusion. Mais quand nous supposerions qu’ils ont été aussi fourbes que leurs successeurs, au moins leur a-t-il fallu d’abord des matériaux propres à mettre en œuvre ; & ces matériaux n’ont jamais pu être de nature à remuer d’une maniere aussi bisarre l’imagination de chaque particulier. Ceux qui les consultoient auront voulu trouver une analogie connue, qui servît de fondement à leur déchifrement ; & eux-mêmes auront eu également recours à une autorité avouée, afin de soutenir leur science. Mais quelle autre analogie, & quelle autre autorité pouvoient-ils avoir que les hiéroglyphes symboliques, qui étoient alors devenus une chose sacrée & mystérieuse ?

La science symbolique dans laquelle les prêtres égyptiens, qui ont été les premiers interpretes de songes, étoient devenus très-habiles, servoient de fondement à leurs interprétations. Ce fondement devoit donner beaucoup de crédit à l’art, & satisfaire également celui qui consultoit & celui qui étoit consulté : car, dans ce tems-là, tous les égyptiens regardoient leurs dieux comme auteurs de la science hiéroglyphique. Rien alors de plus naturel que de supposer que ces mêmes dieux, qu’ils croyoient aussi auteurs des songes, employoient pour les songes le même langage que pour les hiéroglyphiques. Je suis persuadé que c’est là la véritable origine de l’oneirocritie, ou interprétation des songes, appellés allégoriques, c’est-à-dire, des songes en général ; car l’extravagance d’une imagination qui n’est point retenue, rend naturels tous les songes de cette espece.

Il est vrai que l’onéirocritie une fois en honneur, chaque siecle introduisit, pour la décorer, de nouvelles superstitions, qui la surchargerent à la fin si fort, que l’ancien fondement sur lequel elle étoit appuyée, ne fût plus du tout connu. Voilà qui suffit sur l’origine de l’onéirocritie.

L’Ecriture-sainte nous apprend que cet art étoit déja pratiqué des le temps de Joseph. Pharaon eut deux songes, Genese 41. Dans l’un il vit sept vaches ; dans l’autre, sept épis de blé. Ces fantômes étoient les symboles de l’Egypte. Les épis marquoient sa grande fertilité ; les vaches désignoient Isis sa patrone tutelaire.

Les onéirocritiques ont emprunté des symboles hiéroglyphiques leur art de déchifrer, & cela n’a pu arriver qu’après que les hiéroglyphes furent devenus sacrés, c’est-à dire, le véhicule mystérieux de la théologie des Egyptiens. Or les hiéroglyphes étoient déja devenus sacrés du tems de Joseph, comme on le voit par l’usage qui subsistoit alors, d’interpréter les songes relativement à ces symboles. Toutes ces vérités sont démontrées dans Warburthon. (Le chevalier de Jaucourt)

ONERAIRE, adj. (Jurispr.) se dit de quelqu’un qui supporte une charge : ce terme ne s’emploie ordinairement qu’en parlant des tuteurs comptables, lorsqu’on veut les distinguer de ceux qui ne le sont pas, & qu’on appelle par cette raison, tuteurs honoraires. Voyez Tuteurs. (A)

ONEREUX, (Jurisprud.) signifie ce qui est à charge. Une succession est onéreuse lorsqu’il y a plus dettes que de biens : titre onéreux est celui qui transmet quelque chose non pas gratuitement, mais à prix d’argent ou en paiement, ou bien sous la condition d’acquitter certaines charges qui égalent la valeur de la chose. Voyez Donation, Renonciation, Succession, Titre onéreux. (A)

ONGLE, s. m. (Botan.) on appelle ongle ou onglet, en Botanique, une espece de tache, différente en couleur du reste des pétales de certaines fleurs. On observe cette sorte de tache à la naissance des feuilles de rose, de la fleur des pavots, & de plusieurs autres. (D. J.)

Ongle, (Anat.) les ongles sont ces corps, pour la plûpart, transparens, qui se trouvent aux extrémités des doigts tant des mains que des piés ; ils sont convexes en-dehors, concaves en-dedans, d’une figure ovale, & d’une consistence assez ferme. Ils semblent être en géneral de la même substance que les cornes.

Malpighi, Boerhaave, Heister & plusieurs autres célebres auteurs, prétendent avec beaucoup de vraissemblance, que les ongles sont formé par les mamelons de la peau ; ces mamelons couchés longitudinalement à l’extrémité des doigts, s’alongent parallelement, s’unissent ensemble, & s’en-