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préparer l’esprit des juges à la preuve & à la peroraison. (G)

Narration, est un mot dont on fait particulierement usage en poésie, pour signifier l’action ou l’événement principal d’un poëme. Voyez Action ou Fable.

Le P. le Bossu observe que l’action en poésie est susceptible de deux sortes de narrations oratoires, & que ces deux sortes de narrations constituent deux especes de grands poëmes.

Les actions dont le récit est sous une forme artificielle ou active constituent les poëmes dramatiques. Voyez Drame.

Celles qui sont seulement racontées par le poëte, comme historien, forment les poëmes épiques. Voyez Epopée.

Dans le drame, la narration mise en action est le fond unique & total du poëme : dans l’épopée, l’action mise en récit n’en fait qu’une partie ; mais à la vérité la partie principale. Elle est précédée par une proposition & une invocation que le même auteur appelle prélude, & que d’autres nomment début, & elle est fréquemment interrompue par le poëte dans les endroits où il parle en personne, pour demander aux lecteurs & aux dieux de la bienveillance, de l’indulgence, du secours, & dans ceux où il raconte les faits en historien. Voyez Invocation.

La narration du poëme épique renferme l’action entiere, avec ses épisodes, c’est-à-dire, avec les ornemens dont le poëte l’accompagne. Voyez Episode.

Dans cette partie l’action doit être commencée, continuée & finie, c’est-à-dire, qu’on doit apprendre les causes des événemens qui font la matiere du poëme qu’on y doit proposer, & résoudre les difficultés, déveloper les caracteres & les qualité des personnages, soit humains, soit divins, qui prennent part à l’action ; exposer, & ce qu’ils font, & ce qu’ils disent ; démêler les intérêts, & terminer le tout d’une maniere satisfaisante. Tout cela doit être traité en vers nobles, harmonieux, dans un style rempli de sentimens, de comparaisons & d’autres ornemens convenables au sujet en général, & à chacune de ses parties en particulier. Voyez Style.

Les qualités d’une narration épique sont, la vraisemblance, l’agrément, la clarté. Elle doit être également noble, vive, énergique, capable d’émouvoir & de surprendre, conduisant, pour ainsi dire, à chaque pas le lecteur de merveilles en merveilles. Voyez Merveilleux.

Selon Horace l’utile & l’agréable sont inséparablement nécessaires dans un poëme épique.

Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci.

Le P. le Bossu prétend que l’utile y est de nécessité absolue, & que l’agréable n’est que de nécessité accessoire ; d’autres au contraire veulent qu’on ne s’y propose que l’agrément, & que l’instruction morale n’en fasse pas une partie essentielle. Voyez Fable, Epique, Epopée.

NARSAPOUR, (Géog.) ville de l’Inde, dans le golfe de Bengale, sur la côte de Coromandel, au Royaume de Golconde, à l’embouchure méridionale de la riviere de Vénéron, environ à 12 lieues au-dessus de Masulipatan, du côté du N. E. Long. 102. lat. 17. 30. (D. J.)

NARSINGAPATAN, (Géog.) ou Narsingue, ville de l’Inde, dans le golfe de Bengale, à l’extrémité de la côte de Coromandel, dans la partie orientale du royaume de Golconde, sur la riviere de Narsepille à la droite, & environ à 10 lieues de son embouchure, en tirant vers le nord. Long. suivant Harris, 103. 21 30. Lat. 18. 15.

NARTHECION, (Géog. anc.) autrement Narthaciensium mons, ou Anthraceorum mons, c’est-à-dire, montagne des charbonniers, montagne de Thessalie qui termine la plaine du côté de Pharsale. On trouve dans toute cette montagne quantité de belles fontaines, dont les eaux s’assemblent dans la plaine, & forment beaucoup de petits ruisseaux qui se vont jetter dans le Pénée. Ce fut sur cette montagne qu’Agésilaüs, à son retour d’Asie, éleva un trophée pour la victoire qu’il remporta sur les Pharsaliens ; l’éphore Diphridas vint trouver ce roi dans le camp de Narthécion, un peu avant la bataille de Coronée, qu’il ne faut pas confondre avec celle de Chéronée, quoique toutes deux ayent été gagnées sur les Athéniens.

NARVA, (Géog.) ou Nerva, riviere de Livonie. Elle sort du lac de Peipis, baigne la ville de Narva, à laquelle elle donne le nom ; & à deux lieues au-dessous elle va se jetter dans le golfe de Finlande. Cette riviere est presqu’aussi large que l’Elbe, mais beaucoup plus rapide ; & à demi-lieue au dessus de la ville, elle a un très grand saut qui fait qu’on est contraint de décharger dans cet endroit là toutes les marchandises que l’on envoie de Plescow & de Derpt à Narva.

Narva, (Géog.) ou Nerva, ville forte de l’empire russien, dans la Livonie, sur la riviere de Narva, à 66 lieues N. de Riga, & à 36 S. O. de Vibourg. On croit que cette ville fut bâtie par Valdemar Il, Roi de Dannemarck, en 1213. Jean Basilowitz, grand duc de Moscovie, la prit en 1558, & Pontus de la Gardie l’enleva aux Russes en 1581. Les Suédois en demeurerent les maîtres jusqu’en 1704, qu’elle fut reprise par le czar Pierre le Grand. Long. 46. 34. lat. 59. 7.

NARVAR, (Géog.) ville des Indes, aux états du grand-mogol, dans la province de Narvar, à 34 lieues au midi d’Agra. Long. 96. 40. lat. 25. 6.

La province de Narvar, appartenante au grand Mogol, est bornée au nord & à l’occident par le royaume d’Agra, à l’orient par celui de Patna, & au midi par celui de Bengale.

La riviere de Narvar a sa source près de la ville de Maudoa, & a son embouchure dans le golfe de Cambaye. (D. J.)

NARWAL, s. m. (Hist. anc. Icthiolog.) Pl. XIII. fig. 9. Nharwal, licorne de mer, unicorne monoceros, unicornu marinum Charlet, monoceros piscis, Nharwal islandis Raii, poisson cétacée, appellé par les Groenlandois touwack, & auquel on a donné le nom de licorne, parce qu’il a au bout de la mâchoire supérieure, tantôt à droite & tantôt à gauche, une très-longue dent, qui ressemble à une corne. On pourroit présumer d’après la position de cette dent, qu’il est naturel à ce poisson d’en avoir deux. M. Anderson est d’un avis contraire : il donne cependant la description d’un narwal qui a deux dents. Il regarde ce fait comme très-rare : voici ce qu’il en dit.

Le capitaine Dirck Petersen a rapporté à Hambourg en 1684 l’os de la tête d’un narwal, avec deux dents, qui sortent en droite ligne du devant de la tête. Ces dents sont à deux pouces de distance au sortir de la mâchoire, ensuite elles s’éloignent de plus en plus l’une de l’autre, de façon qu’il y a entr’elles treize pouces de distance à l’extrémité. La dent gauche a sept piés cinq pouces de longueur, sur neuf pouces de circonférence ; celle qui est à droite n’a que sept piés de longueur, sur huit pouces de tour. Elles entrent toutes les deux de la longueur de treize pouces dans la tête. Ce narwal étoit une femelle pleine. On ne trouva au fœtus aucune apparence de dent.

M. Anderson a vu à Hambourg en 1736 un nar-