Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans les livres, factures, & autres écritures mercantilles, le mot numero s’exprime en abrégé par cette figure N°. les nombres ou chiffres s’écrivent ensuite de cette maniere, N°. 1, N°. 5, N°. 10, N°. 50, &c.

On se sert aussi du terme de numero pour faire entendre la grosseur, longueur, largeur & qualité de certaines marchandises qu’il seroit difficile d’exprimer autrement : ainsi les épingles des numeros 3, 4, & 5, sont les plus petites de toutes. Celles des numeros 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, & 14, augmentent insensiblement de grosseur & de longueur ; enfin les numeros 16, 18, & 20, sont les plus fortes de toutes, ensorte qu’un marchand qui en veut avoir de diverses sortes, écrit aux fabriquans qu’il en veut telle ou telle quantité de tels & tels numeros, & il est servi à son gré : il en est de même des rubans, galons, padoues, &c.

C’est pareillement avec ces numeros que l’on marque les caisses, balles, balots, &c. que les commissionnaires envoyent à leurs commettans par les voitures publiques ; on écrit pour cet effet avec de l’encre & une espece de plume ou pinceau de bois, N°. 1, sur la premiere balle ou caisse, N°. 2, sur la seconde, & ainsi de suite quand elles sont pour le même marchand, ce qu’on marque aussi sur la lettre de voiture.

Numero designe assez souvent dans la table d’un registre la page sur laquelle quelque somme est portée, ce qui est la même chose que si on disoit, page 6, page 10, page 20, &c.

Les marchands se servent de certains numeros mystérieux pour se souvenir du prix des marchandises sur l’enveloppe desquelles ils les mettent. Voyez Marque.

On appelle dans le commerce livre de numero, une sorte de livre que les marchands tiennent pour connoître avec facilité toutes les marchandises qui entrent dans leurs magasins, qui en sortent, ou qui y sont actuellement. Le livre des numeros est du nombre de ceux qu’en fait de parties doubles on nomme livres auxiliaires. Voyez Dictionn. de Comm. tom. III. pag. 591. & 592.

Le numero est un mot en usage dans les anciens auteurs pour signifier le payement d’une somme, par exemple, d’un livre en un certain nombre d’épices, comme 20 sols : il est opposé à libra pensa. Voyez Livre. Dictionnaire de Chambers.

NUMEROTÉ, adj. (Commerce.) ce qui est marqué d’un numero. Voyez Numero.

NUMEROTER, v. act. (Comm.) mettre des numeros sur quelque chose, marchandise, balle, caisse, &c. Voyez Numero.

NUMICUS ou NUMICIUS, (Géog. anc.) petit fleuve qui couloit auprès de Lavinium. Virgile l’a immortalisé dans son Æneïde, en nous assurant que ce fut entre le Numicus & le Tibre qu’Enée prit terre lorsqu’il aborda en Italie : lisez ces deux vers, l. V. v. 797.

Qui saltus est, Tiberine, tuos, sacrumque Numici
Littus arant Rutulosque exercent vomere colles.

En effet, ce fleuve couloit aux confins des Rutules : quelques-uns le nomment à présent Rivo. (D. J.)

NUMIDIE, (Géog. anc.) en latin Numidia, grande contrée d’Afrique, qui eut anciennement le titre de royaume, mais dont les bornes étoient différentes avant la guerre de Carthage, de ce qu’elles furent sous les premiers empereurs romains. D’abord la Numidie comprenoit deux grandes nations, l’une connue sous le nom de Numides massœsyliens, l’autre sous celui de Numides massyliens. Les premiers habitoient à l’occident, les autres à l’orient. Marius ayant défait Jugurtha, la Numidie tomba sous la

puissance du peuple romain, qui pour-lors se contenta de la donner à d’autres rois ; mais sous Jules-César les deux Numidies furent réduites en provinces romaines. La Numidie massylierne fut appellée simplement la province de Numidie ; & la Numidie massœsilyenne ne fut plus connue que sous le nom de Mauritanie césarienne. La métropole civile de la province de Numidie étoit Cirta, qui eut le titre de colonie, & depuis celui de colonie constantine.

Massinissa, roi de Numidie, à qui le sénat de Rome donna tout ce qu’il avoit conquis en Afrique, mérite ici quelques lignes. Il remporta une victoire en personne à l’âge de 92 ans contre les Carthaginois. Il fit la guerre jusqu’à la fin de ses jours, montant à cheval sans selle & sans aide. Il mourut l’an de Rome 636, & laissa quarante-quatre fils, dont le dernier n’avoit que quatre mois : je reviens à mon sujet.

La Numidie qui faisoit autrefois partie de la Lybie sur la côte septentrionale d’Afrique, & qui s’étendoit du nord au sud, entre la Mauritanie à l’ouest, & la Bazacène à l’est, est maintenant une partie de la Barbarie, qui contient à-peu-près le royaume d’Alger, & quelques déserts du Bilédulgéride.

On sait que la Numidie devint, sous les empereurs chrétiens, une province ecclésiastique, dans laquelle il se forma un grand nombre d’évêchés. La notice épiscopale d’Afrique vous en fournira les noms, & même ceux des évêques. (D. J.)

Numidie, marbre de, (Hist. nat.) marbre très-dur & fort estimé des anciens, mais dont ils ne nous ont point laissé de descriptions : quelques auteurs ont cru qu’il étoit jaune. M. Hill le regarde comme un marbre bleuâtre & d’une seule couleur : les Romains s’en servoient pour carreler les édifices. Il prend un très-beau poli, quelquefois il est traversé de veines blanches. Nous avons en Europe un grand nombre de marbres qui ont toutes ces qualités, & qui peuvent servir aux mêmes usages que celui que les Romains faisoient venir de Numidie. (—)

NUMISMALES, pierres, (Hist. nat. Minéral.) nom donné par les Naturalistes à des pierres qui ont une forme circulaire & applatie, qui les fait ressembler à de la monnoie ; on les nomme en latin lapides numismales, ou nummi diabolici. Il y a lieu de croire que ces pierres ne sont autre chose que de vraies pierres lenticulaires. Voyez Lenticulaires, pierres.

On trouve dans la Laponie suédoise, près du fort de Brattensborg, dans une ville appellée Ivoë, des petitès pierres en forme de monnoie, & que l’on nomme pour cette raison nummi Brattensburgici ; ces pierres numismales ont cela de particulier, qu’elles montrent à leur surface une figure assez semblable à une tête de mort. M. Stolbæus les appelle ostracites numismatici ; il a publié à leur sujet une dissertation en 1732, imprimée à Lunden, Londini Gothorum ; cet auteur croit que c’est une coquille d’huitre parasite très-petite, qui a même conservé sa nature de coquille, & qui a été pétrifiée, ostracites minimus parasiticus. Cette coquille adhéroit à une huitre plus grande, dont elle tiroit sa nourriture par trois ouvertures, qui lui donnent cette ressemblance imparfaite qu’on y voit avec la figure d’une tête de mort. Voyez Acta litteraria & scient. succica, anno 1731. (—)

NUMISMATIQUE, Art, c’est la science des médailles. Voyez le mot Médaille. Il nous suffit d’observer en passant que cette science, après avoir fait comme les autres, de grands progrès dans le dernier siecle, s’est encore perfectionnée depuis 60 ans, non-seulement pour les choses, mais pour le goût. Il est aisé de remarquer combien nos moder-