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& ensuite ont signifié des religieux. Borel le fait venir de nonno ou nonna, qui signifie en italien grand-pere ou grand-mere, & il prétend qu’on appliquoit par honneur le mot de nonna aux religieuses, comme celui de nonno aux religieux.

De-là est venu aussi en anglois le mot nunnery, monastere de femmes. Voyez Monastere.

Hospinien prétend que ce nom est originairement égyptien, & qu’il signifie une vierge. Il ajoute qu’en cette langue on appelloit les moines nonni, & les personnes du sexe consacrées à Dieu nonnæ. Mais tout cela paroit avancé sans fondement. Ce qu’il y a de certain, c’est que saint Jérôme emploie ce terme dans sa xxij. épitre à Eustochius, pour désigner les veuves qui gardoient la continence. Illæ interim quæ viduitatis præferunt libertatem, castæ vocantur & nonnæ. Bingham pense que les Anglois ont tiré de-là leur mot nun, qui signifie une religieuse. Bingham. Orig. eccles. tom. III. lib. VII. c. iv. § 8. Hospinian. de Monach. lib. I. cap. j. pag. 3. (G)

NONNETTE. Voyez Mésange-Nonnette.

Nonnette blanche, religieuse, mergus rheni Gesnero, oiseau qui ressemble à la piette, & qui n’en differe qu’en ce qu’il est un peu plus petit & qu’il n’a pas de huppe. Ray prétend qu’on ne doit pas faire une espece particuliere de la nonnette blanche, & que c’est le même oiseau que la piette. Voyez Piette. Raii, Synop. meth. avium. Voyez Oiseau.

NONOBSTANCES, s. f. (Jurisprud.) ce terme qui vient du latin, signifie une clause usitée dans les provisions de cour de Rome, & dans les rescrits qui commencent par ces mots, nonobstantibus, d’où l’on a fait nonobstances ; cette clause fait ordinairement la troisieme partie des provisions de cour de Rome, elle comprend l’absolution des censures, les réhabilitations & dispenses nécessaires pour jouir du bénéfice impétré, nonobstant les incapacités ou autres obstacles qu’on pourroit proposer à l’encontre ; ainsi ces nonobstances sont apposées en faveur des impétrans. Dans les rescrits la quatrieme clause est celle des nonobstances & dérogatoires. Ceux qui sont inférieurs au pape ne peuvent user de la clause de nonobstance & de dérogatoire aux constitutions canoniques, si ce n’est dans certaines dispenses que les archevêques & évêques peuvent donner. Voyez Dispense.

NON-OUVRÉ, adj. terme de métier, il se dit de matieres qui ne sont point travaillées ni mises en œuvre, particulierement des métaux : de l’acier non-ouvré, du fer, du cuivre non-ouvré.

On appelle de la toile non-ouvrée, du linge non-ouvré, la toile & le linge qui sont unis, qui n’ont aucun ouvrage ni figure dessus.

NON-PAIR. Voyez Impair.

NON-VALEUR, s. m. (Comm.) dette non-exigible par l’insolvabilité du débiteur. On appelle dans les finances non-valeurs les deniers sur la perception desquels ou avoit compté, & dont on ne peut faire le recouvrement.

NON-VÛE, s. f. (Marine.) on exprime par ce terme la brume, lorsqu’elle est si épaisse qu’on ne peut rien découvrir au-delà du vaisseau, de sorte qu’on ne peut voir les terres quoiqu’on en soit fort proche, ce qui occasionne quelquefois la perte du vaisseau : alors on dit qu’il a péri par non-vûe. (R)

NOORDEN, (Geog.) ville d’Allemagne, au cercle de Westphalie, à 2 milles d’Embden ; Balthasar de Sens la ravagea en 1531. Long. 24. 40. lat. 53. 36.

Eyban-Hulderic, jurisconsulte, né à Noorden, & mort en 1699, âgé de 70 ans, a mis au jour, en latin, des ouvrages estimés sur les Institutes de Justinien, le Droit public & féodal, & le droit des particu-

liers : ils ont été recueillis & imprimés à Strasbourg

en 1708. in fol. (D. J.)

NOPAGE, s. m. terme de manufacture. On appelle le nopage d’une piece de drap, ou de quelque autre étoffe de lainerie, de la façon qu’on leur donne, en leur arrachant les nœuds avec de petites pinces, après qu’on les a levées de dessus le métier. Ainsi noper est la même chose qu’énouer ; & l’ouvriere qui nope ou énoue les pieces de lainerie au sortir du métier, s’appelle nopeuse & énoueuse. (D. J.)

NOPAL, s. m. (Bot. exotiq.) plante du Mexique, sur laquelle s’élevent les cochenilles sauvages & cultivées. Les Indiens nomment cette plante nopalli, & je crois que pour éviter l’erreur, nous devons lui conserver le nom de nopal en françois, & abroger les noms équivoques de figuier d’Inde, de raquette, de cardasse, & autres semblables. M. Hans-Sioane, dans sa magnifique histoire de la Jamaique, appelle le nopal en botaniste, opuntia maxima, folio oblongo, rotundo, majore, spinulis obtusis, mollibus, & innocentibus obsito flore, striis rubris variegato. C’est le tuna mitior, flore sanguineo, cochenillifera, de Dillenius, horti & thamensis tab. coxevij. fig. 383. & le nopal nocheztti d’Hernandez, Hist. Mexic. pag. 78.

Les nopals du Mexique sont des plantes dont la structure est bien différente de celle des nôtres. Ils ont plusieurs branches ou tiges, mais chaque branche n’est qu’une file de feuilles miles bout-à-bout, comme sont les grains de chapelets. Chaque feuille est plate, à contour oval ; elle tire son origine de celle qui la précede ; elle y tient par son bout inférieur, & du bout supérieur par la feuille qui la suit. C’est apparemment la figure de ces feuilles qui a fait donner le nom de raquette à la plante, car chaque feuille est une palette épaisse.

Le nopal qui nourrit la fine cochenille est une sorte d’arbrisseau, qu’on cultive soigneusement & uniquement au Mexique. Il porte des côtes ou feuilles nommées pencas, de figure ovale, d’un verd pâle, pleines de suc, longues chacune de 10 à 12 pouces, larges de 5 ou 6, épaisses, environnées de quelques piquans mols & foibles : voilà tout ce qu’on sait de vrai sur la description de cette plante, & quand je n’ajoute rien de son fruit, de sa fleur, de sa graine, c’est manque de guide, & de peur de tomber dans l’erreur.

Si les personnes qui ont pris des informations au Mexique sur la nature de la cochenille avoient eu soin de demander en même tems une description complette de la plante, nous saurions à quoi nous en tenir, entre les descriptions des Botanistes & des voyageurs, qui se contredisent les uns les autres. M. Hans Sloane est le seul qui nous ait donné une figure de cette plante, à laquelle on puisse se fier, mais il n’est point entré dans les détails du fruit, de la fleur, & de la graine.

Il y a tant d’especes de tuna d’Amérique, que nous pouvons en comparer le nombre à celui des figuiers de nôtre Europe. Hernandez en décrit sept dans une seule province du Mexique. Il est arrivé de cette variété, que presque tous les auteurs ou voyageurs nous ont donné les unes ou les autres especes de tuna de leur connoissance, pour celle qui nourrit la cochenille : ainsi, par exemple, Pison, liv. XIV. chap. xxxv. a cru faussement que son jamacera étoit le cochenilier. M. Geoffroy a été semblablement trompé, en pensant que l’opuntia major, validissimis aculeis munita, de Tournefort, Inst. rei herb. 129. étoit le nopal ; mais le P. Labat sur-tout, a fait ici autant de bévues que de pas, 1o. en décrivant & représentant le poirier piquant pour l’arbre qui nourrit la cochenille ; 2o. en disant que la cochenille se trouve dans toutes les îles où il y a des