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mairie & des charges de secrétaires du roi. Voyez la préface de la Roque.

Noblesse prononcée, on appelle ainsi celle qui n’étant pas bien fondée, est reconnue par un jugement passé de concert entre le prétendu noble & les habitans du lieu où il demeure. Voyez la préface de la Roque.

Noblesse protégée est celle de quelqu’un dont la noblesse est douteuse & qui s’allie des grandes maisons par des mariages, afin de s’assûrer par le crédit de ces maisons le titre de noblesse qu’on lui conteste. Voyez la préface de la Roque.

Noblesse de la Pucelle d’Orléans, voyez ce qui en est dit ci-après à l’article Noblesse utérine.

Noblesse de quatre lignes ou quartiers est celle qui est établie par la preuve que les quatre ayeuls & ayeules étoient nobles ; d’autres par noblesse de quatre lignes entendent celle dont la preuve comprend quatre lignes paternelles & autant de lignes du côté maternel, de sorte que l’on remonte jusqu’à quatre générations, c’est-à-dire jusqu’au bisayeul, ce qui forme huit quartiers. Si l’on commence par celui de cujus, il est compté pour la premiere ligne ; si l’on commence par le bisayeul, celui-ci fait la premiere ligne, & celui de cujus fait la quatrieme. En Italie & en Espagne, on exige communément la preuve de quatre lignes ; il est fait mention de cette noblesse de quatre lignes dans les statuts de l’ordre du croissant, institue par René roi de Siciles & duc d’Anjou le 11 Août 1448, il déclare que nul ne pourra être reçu dans cet ordre qu’il ne soit gentilhomme de quatre lignes. Voyez la Roque, chap. x.

Noblesse de race, ou d’ancienne extraction, est celle qui est fondée sur la possession immémoriale, plutôt que sur les titres : cependant à cette possession l’on peut joindre des titres énonciatifs ou confirmatifs.

En France la possession doit être au moins de cent ans, quoique la déclaration de 1664 semble la fixer à cent quatre, puisqu’elle veut que l’on prouve sa possession depuis 1560 ; mais elle est relative à une autre déclaration de l’an 1660 : ainsi il ne faut que cent ans, comme il est encore ordonné par la déclaration du 16 Janvier 1714. Voyez Noblesse ancienne, Noblesse d’extraction, Noblesse de quatre lignes.

Noblesse de robe, on appelle ainsi celle qui provient de l’exercice de quelque office de judicature auquel le titre & les privileges de noblesse sont attaches.

Quoique la profession des armes soit la voie la plus ancienne par laquelle on ait commencé à acquérir la noblesse, il ne faut pas croire que la noblesse de robe soit inférieure à celle d’épée. La noblesse procede de différentes causes ; mais les titres & privileges qui y sont attaches, sont les mêmes pour tous les nobles, de quelque source que procede leur noblesse ; & la considération que l’on attache à la noblesse doit être égale, lorsque la noblesse procede de sources également pures & honorables, telles que la magistrature & la profession des armes.

On a même pratiqué pendant long-tems en France que la profession des armes & l’administration de la justice n’étoient point séparées. La justice ne pouvoit être rendue que par des militaires, tellement que les lois saliques leur défendoient de quitter l’écu en tenant les plaids. Dans la suite tout le monde quitta les armes pour rendre la justice, & prit l’habit long, que les gens de loi ont seuls conservé.

Loyseau en son tr. des offices, l. I. c. ix. n. 10. fait voir que la vertu militaire n’est nécessaire qu’en cas de guerre ; au lieu que la justice est né-

cessaire en paix & en guerre ; en paix, pour empêcher

la guerre ; & en guerre, pour ramener la paix ; que la force sans la justice ne seroit pas une vertu, mais une violence, d’où il infere que la noblesse peut aussi bien procéder de justice que de la force ou valeur militaire. Il observe encore au n. 17. que les offices d’éminente dignité attribuent aux pourvus, non-seulement la simple noblesse, mais aussi la qualité de chevalier, qui est un titre emportant haute noblesse ; ce qui a eu lieu, dit-il, de tout tems à l’égard des principaux offices de justice, témoins les chevaliers de lois dont il est parlé dans Froissart.

Enfin il conclut au nombre 18, en parlant des offices de judicature, que tous ceux qui, à cause de leurs offices, se peuvent qualifier chevaliers, sont nobles d’une parfaite noblesse eux & leurs enfans, ainsi que l’observe M. le Bret en son septieme plaidoyer, ni plus ni moins que ceux à qui le roi confere l’ordre de chevalerie.

Au reste, pour ne pas user de répétitions, nous renvoyons à ce que nous avons dit sur la noblesse de robe, au mot Etats. (A)

Noblesse du sang, est celle que l’on tire de la naissance, en justifiant que l’on est issu de parens nobles, ou au moins d’un pere noble. Voyez Noblesse d’extraction.

Noblesse des Secretaires du Roi, Voyez ci-après Secretaire du roi.

Noblesse simple, est celle qui ne donne que le titre de noble ou écuyer, à la différence de la haute noblesse, qui donne le titre de chevalier, ou autre encore plus éminent, telles que ceux de baron, comte, marquis, duc. Voyez Noblesse de chevalerie & haute noblesse.

Noblesse de soie. Voyez ce qui en est ci-devant à l’article Noblesse de laine.

Noblesse spirituelle ou littéraire. Voyez ci-devant Noblesse littéraire.

Noblesse de terre ferme, est le nom que l’on donne en l’état de Venise & en Dalmatie a la noblesse qui demeure ordinairement aux champs. Dans l’état de Venise les nobles de terre ferme ou de campagne n’ont point de prérogatives ; ils ne participent point aux conseils & délibérations. En Dalmatie la noblesse de terre ferme gouverne aristocratiquement. Voyez la Roque, c. clxvij.

Noblesse titrée, est celle qui tire son origine de la chevalerie. Voyez Noblesse de chevalerie.

On entend aussi par ce terme la haute noblesse ou noblesse de dignité, c’est-à-dire, les princes, les ducs, les marquis, comtes, vicomtes, barons, &c. Voyez Haute noblesse.

Noblesse de tournoi, est celle qui tire son origine des tournois ou combats d’adresse, institués en 935 par l’empereur Henri Loiseleur. Il falloit, pour y être admis, faire preuve de douze quartiers. Ces tournois furent défendus ou négligés l’an 1403 en France ; le dernier fut celui de 1559, qui fut si funeste à Henri II. Voyez la Roque, ch. clxxij.

Noblesse de transmigration ou debarquée. Voyez ci-devant Noblesse debarquée.

Noblesse transmissible, est celle qui passe de l’annobli à ses enfans & petits enfans. Il y a des charges qui donnent une noblesse transmissible au premier degré, voyez Noblesse au premier degré, d’autres qui ne la donnent que patre & avo consulibus. Voyez Noblesse patre & avo.

Noblesse vénale, est celle qui a été accordée par lettres, moyennant finance. Voyez Noblesse par lettres.

Noblesse verriere, on appelle ainsi celle des gentilshommes qui s’occupent à souffler le verre.