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Ses principales rivieres sont la Stwre, l’Awtdusse, la Lée, la Léane, & le Cashou. Il y a dans cette province plusieurs bons ports & baies ; l’air y est doux & tempéré, & les vallées abondantes en blé. Ses principales denrées sont le gros & le menu bétail, du bois, du poisson, & sur-tout du hareng.

Elle contient un archevêché, qui est celui de Cashel, cinq évêchés, sept villes à marchés publics, vingt-cinq bourgs qui ont droit d’envoyer leurs députes au parlement d’Irlande, & quatre-vingt paroisses. Quoique Waterford passe pour la principale de ses villes, Limerick l’emporte aujourd’hui.

Anciennement la province de Mounster étoit partagée entre les Ulterni habitués à Tipperari, les Coriandri qui possédoient Limerick, Waterfordune, partie du Tipperari & de Cork ; le Luceni qui occupoient Kerry, & les Vodii qui jouissoient d’une partie de Cork. Aujourd’hui cette province est divisée en cinq comtés qui se subdivisent tous cinq en deux baronies. (D. J.)

MOURA, (Géog.) ville de Portugal, dans la province d’Alentéjo, au confluent de l’Ardila & de la Guadiana, au nord de Serpa. C’est une ville ancienne, connue autrefois sous le nom d’Arucci nova, ou Nova civitas aruccitana, comme le prouvent des inscriptions qu’on y a découvertes. Elle est fortifiée avec un vieux château pour sa défense : sa position est à 33 lieues S. E. de Lisbonne. Long. 10. 36. lat. 38. (D. J.)

MOURGON, s. m. (Marine.) on appelle ainsi sur la Méditerranée un plongeur. Voyez Plongeur.

MOURJAN, (Géog.) ville de Perse, que Tavernier place à 84d. 15. de long & à 37d. 15. de latit.

MOURINGOU, (Botan. exot.) arbre des Indes orientales qui produit la grosse espece de noix ben.

Cet arbre est le moringa zeylanica, foliorum pinnis pinnatis, flore majore, fructu anguloso. Buzen, Ther. Zcilan. p. 162. Tab. 73.

Il est haut d’environ vingt-cinq piés, & gros d’environ cinq piés. Son écorce est blanchâtre en-dedans, noirâtre en-dehors, d’une odeur & d’une saveur fort semblable à celle du cresson, ou du raifort sauvage. Ses rameaux sont d’un bois blanchâtre, couverts d’une écorce verte ; l’écorce de la racine est jaunâtre ; elle a la même saveur que colle du tronc ; les feuilles sont ailées, terminées par une feuille impaire, de maniere que leur côte commune qui est longue d’environ une coudée, porte de chaque côté trois côtes plus petites, garnies de petites feuilles, comme l’est l’extrémité de la côte commune.

Ces petites feuilles sont longues, obtuses, minces, molles, & tendres : chacune est partagée par une côte saillante, d’où sortent quelques nervûres qui se répandent sur les côtes : elles ont l’odeur des féves ; ses fleurs sont en grape, éparses au-haut des tiges ; le calice est composé de cinq feuilles, oblongues, obtuses, égales, colorées, & qui tombent. Les feuilles de la fleur sont aussi au nombre de cinq, de la grandeur & de la figure des feuilles du calice ; elles sont plus écartées vers le bas : c’est pourquoi des auteurs regardent la fleur comme composée de dix feuilles, au milieu desquelles sont dix étamines, dont les cinq inférieures sont plus longues, réfléchies vers le haut. Il n’y a qu’un pistil posé sur un long embryon. Lorsque les fleurs sont tombées, il leur succede des fruits ou des gousses cylindriques, longues d’une coudée & demie, triangulaires, canelées, à trois panneaux, dont l’écorce est d’une couleur herbacée : la substance intérieure en est blanchâtre & fongueuse. Elles contiennent des graines en grand nombre, selon la longueur de la gousse, triangulaires, garnies d’une membrane aîlée, cou-

vertes d’une peau cartilagineuse, qui renferme une

amande blanchâtre.

Cet arbre croît dans les sables de Malabar, de Ceylan, & dans d’autres pays des Indes : il fleurit au mois de Juin, de Juillet, & d’Août. On en recueille les fruits tantôt à la fin, tantôt dans l’un & l’autre tems. On cultive cet arbre dans les jardins & les maisons de campagne, à cause de ses fruits que l’on porte vendre de tous côtés.

Les Indiens préparent des pilules antispasmodiques avec les feuilles, l’écorce de la racine, & les fruits. Ils prétendent que si l’on boit le suc pur de l’écorce du mouringou avec de l’eau & de l’ail, il adoucit les élancemens des membres qui viennent de froid. Le suc de la racine pilée avec de l’ail & du poivre, se donne aussi contre les spasmes. Le suc de ces mêmes feuilles s’applique pour déterger les ulceres. En un mot, toute la plante est d’un grand usage dans la Médecine indienne : nos parfumeurs la leur abandonnent pour tirer de l’huile de son fruit l’odeur des fleurs odorantes, comme des tubéreuses, des jasmins, & autres semblables. Voyez comment ils s’y prennent aux mots Ben & Noix ben. (D. J.)

MOURON, s. m. (Hist. nat. Botan.) anagallis, genre de plante à fleur monopétale, en rosette, & profondément découpée. Le pistil sort du calice, il tient comme un clou au milieu de la fleur, & il devient dans la suite un fruit ou une coque presque ronde. Quand ce fruit est mûr, il s’ouvre de lui-même transversalement en deux parties, dont l’une anticipoit sur l’autre, & il renferme des semences qui sont ordinairement anguleuses & attachées à un placenta. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

On compte principalement au nombre de ces especes, 1°. le mouron mâle, 2°. le mouron femelle, qui cependant ne differe du précédent que par la couleur de la fleur, 3°. le mouron aquatique.

Le mouron mâle, ou à fleur rouge, est nommé par C.B.P. 252, & par Tournefort, I. R. H. 142, anagallis, phœniceo flore.

Sa racine est blanche, simple, fibreuse ; ses tiges sont tendres, couchées sur terre, longues d’une palme, quarrées, lisses, garnies de feuilles, opposées deux à deux, quelquefois trois à trois, semblables à celles de la morgeline, sans queue, & tachetées en-dessous de points d’un rouge foncé. Ses fleurs portées sur des pédicules grêles & oblongs, naissent chacune de l’aisselle d’une feuille. Elles sont d’une seule piece, partagée presque entierement en cinq segmens pointus ; la couleur des fleurs est pourpre, aussi-bien que celle des étamines, dont les sommets sont jaunes : leur calice est partagé en cinq quartiers ; il sort un pistil attaché en maniere de clou, au milieu de la fleur. Ce pistil se change en un fruit ou capsule presque sphérique, grande à proportion de la petite fleur : cette capsule s’ouvre transversalement par la maturité en deux parties, dont l’une est appuyée sur l’autre. Elle est remplie de graines menues, anguleuses, ordinairement ridées, brunes, attachées à un placenta.

Le mouron femelle, ou à fleurs bleues, anagallis cæruleo flore, ne differe du précédent, que par la couleur de la fleur, qui est quelquefois blanche. Ces deux especes de mourons sont fort communs dans les champs & les jardins : on fait quelque usage des feuilles avec la fleur.

Toute la plante a une saveur d’herbe un peu salée & austere ; son suc donne la couleur rouge au papier bleu : d’où l’on pense que le sel essentiel de cette plante, approche fort de la terre foliée de tartre, mêlé avec quelque portion de sel ammoniacal, & de beaucoup d’huile.

Le mouron aquatique, nommé par les Botanistes