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rentes vîtesses des différens points d’une même aile, lesquelles vîtesses sont entr’elles comme les distances de ces points au centre du moulin : de sorte que l’angle de 55 degrés donné par les auteurs, lui paroît trop grand. Dans certains cas même il faudroit, selon lui, incliner les aîles sous un angle de 45 degrés ; & il prétend que la meilleure figure qu’on pût leur donner seroit de les courber, afin que le vent les frappât sous un moindre angle en haut qu’en bas, & que par conséquent l’avantage d’un plus grand levier étant compensé par une moindre force, le vent pût agir également sur tous les points des aîles. Voyez mon traité de l’équilibre & du mouvement des fluides, Paris 1744, page 372. J’ai ajouté de nouvelles remarques à celles de M. Daniel Bernoulli sur cette matiere. (O)

Du moulin à eau. Il paroît par une épigramme de l’anthologie greque, que l’usage des moulins à eau n’a commencé que du tems d’Auguste. Jusque-là on s’étoit toujours servi de moulins à bras. Vitruve, contemporain de ce prince, fait la description des moulins à eau dans son liv. X. & cette description peut servir de commentaire à l’épigramme greque. Il y auroit beaucoup de choses à dire touchant les meules & les moulins à bras dont on se servoit avant que l’on eût inventé les moulins à eau ; mais comme cette matiere a été traitée assez amplement par Saumaise dans ses commentaires sur Solin, nous y renvoyons le lecteur.

Dans les moulins à eau la force motrice est une roue à la circonférence de laquelle sont attachées des aubes (voyez Aubes) qui étant frappées par le courant l’eau ou par son poids, déterminent la roue à tourner. Voyez Roues, Machines hydrauliques, & Force des eaux au mot Force. Voyez. aussi l’article Aube, déja cité, où vous trouverez plusieurs détails physiques & méchaniques sur ces sortes de moulins ; ces détails nous dispensent d’en parler ici plus au long.

Mémoire instructif pour l’intelligence d’un moulin à vent qui puise l’eau au jardin de madame Planterose. Le moulin à vent qui éleve l’eau au jardin de madame Planterose, situé au faubourg S. Sever à Rouen, est de ceux que l’on nomme moulins à pile, c’est-à-dire que le corps du moulin est une tour de maçonnerie, & que le comble tourne sur la maçonnerie lorsque l’on veut en exposer les aîles au vent.

Si on se contentoit d’avoir une idée de cette machine, ce mémoire se réduiroit à peu de chose, parce que la méchanique appliquée à ce moulin est simple ; mais puisqu’il s’agit d’être utile à ceux qui en voudroient construire une semblable, on sera obligé d’entrer dans le détail de la construction du moulin, de la machine qui y est appliquée, & de la pompe dont on a fait usage. Afin de faire comprendre comment ces parties sont unies, & en quoi consiste leur solidité ; on sera pareillement obligé de faire connoître quelles sont les forces de ce moulin, & de quelle façon on les a dirigées.

I. Pl. Le premier dessein représente le plan de tout l’ouvrage ; A est la tour de maçonnerie bâtie de moilon avec des chaînes de pierre. Outre la porte & la fenêtre que l’on voit en cette maçonnerie, on a observé sur la retraite une ouverture de 10 pouces b, dont nous parlerons à la troisieme Pl. figure premiere.

C’est un canal creusé dans l’intérieur d’une piece de bois, lequel passe dans cette ouverture ; il porte l’eau qu’il a reçue de la pompe d dans la cuvette de pierre E. L’usage de cette cuvette est de donner de la facilité à puiser de l’eau fraîche pour l’usage de la maison.

Le trop plein de cette cuvette s’écoule dans le grand reservoir, d’où elle est distribuée au besoin

aux jets d’eau & aux jardins pour les arrosemens.

f est le puits situé dans la tour ; g un entablement de charpente posé sur le puits, qui sert à assujettir le corps de pompe d, & à le tenir solidement au centre du puits.

h est la queue du moulin qui descend du comble jusqu’à fleur de terre, où elle arrive à 20 piés de distance de la tour : elle sera plus amplement détaillée à la quatrieme Planche, fig. 3.

A l’extrémité inférieure de cette queue est une forte corde attachée à un petit cabestan portatif I, avec lequel un homme fait tourner tout le comble du moulin, lorsque l’on veut présenter les aîles au vent. K est le plan de ce cabestan ; L est le pieu où il est fixé : on place de semblables pieux tout autour du moulin à distance convenable pour tourner le moulin & l’exposer à tous les vents.

II. Pl. Le second dessein donne l’élévation du moulin vû du côté de la porte & des aîles ; la porte est élevée de sept piés & demi, pour faciliter l’introduction des longues pieces de bois qu’il faut entrer dans la tour. Le moulin est couvert en essentes, comme étant plus capables de resister aux mouvemens qu’éprouve ce comble lorsqu’on le tourne.

Dans le comble sont deux lucarnes, une par laquelle passe l’arbre tournant, vû sur son marbre A ; l’autre donne passage au levier 75 qui paroît au-dehors de la tour, au bout duquel est un contre-poids 22. qui sera expliqué au troisieme dessein, fig. premiere. Il faut qu’un homme trouve dans cette lucarne un passage libre pour aller au contre-poids 22, en passant par-dessus le levier C.

Les aîles ont 25 piés de long depuis le centre de l’arbre A, jusqu’à leur extrémité ; la partie des aîles appellée volans qui est garnie de toile, a huit piés de large & 18 piés de long : on trouvera une plus grande explication de ces aîles dans l’explication de la quatrieme Planche, fig. 3.

Lorsque le vent est foible on revêtit les aîles comne en m ; lorsque le vent est plus fort, on diminue les toiles comme en n ; lorsqu’il est très-fort, on les retraint comme en o : dans le très gros tems on peut faire marcher le moulin sans toile, comme en p.

Les aîles ont quatre arboutans qqqq, qui les fortifient beaucoup, en ce qu’ils les unissent solidement entr’elles : on trouvera ci-après la raison qui a déterminé à faire usage de ces arboutans.

III. Planche. La troisieme Planche, fig. premiere, donne la coupe du moulin & d’une partie du puits : on voit dans cette coupe toute la machine, dont nous ne parlerons qu’après avoir expliqué la construction des parties qui la contiennent & qui la supportent.

Dans l’intérieur de la tour est un plancher 60, dont le plan est à côté, fig. 2, fait de poutrelles & de planches de sapin. On y a pratiqué deux ouvertures ; on place une échelle dans celle qui est de côté, pour monter dessus ce plancher ; l’autre ouverture qui est au milieu de ce même plancher, donne passage à la barre de fer F pour descendre sur le bout du levier de la pompe G, où elle est attachée au point 8.

La corde 23, dont on ne voit que partie, laquelle sert à lever & à abaisser le levier du frein du moulin Q, passe par cette même ouverture du plancher 60, & descend jusqu’en bas, pour l’usage journalier du garde-moulin.

On passe encore par cette même ouverture les corps de pompes & les branches du piston, qui sont d’une grande longueur ; & lorsqu’on les veut introduire, on détache les planches 1. 2. 3. 4. 5. 6. fig. 2, ce qui donne de la liberté pour entrer ces pieces dans la tour & les introduire dans le puits.

Ce plancher est fixe, mais tout ce qui est au-dessus