Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/631

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les fleurs sont très-nombreuses, petites, attachées à des rameaux particuliers : elles sont en rose, composées de cinq pétales pointus, de couleur jaune blanchâtre.

Il leur succede des grains ou baies, disposées en grappes comme le raisin ; ces grains sont presque ronds, ayant 3 à quatre lignes de diametre, & 4 de longueur. Ils renferment à leur centre deux petits noyaux qui ont le goût du poivre. La substance qui les environne est un peu gommeuse, d’une saveur douce, couverte d’une pellicule mince, & d’un beau rouge.

Lorsque ces fruits & grappes sont mûres, les Indiens en font une boisson assez délicate : pour cela, ils mettent en infusion dans de l’eau commune ces petits grains, séparés de leur grappe, qu’ils pressent dans la même eau pour leur faire rendre leur suc, lequel se mêlant avec l’eau, sont ensemble une belle couleur de vin ; les gens du pays se servent de cette liqueur pour se rafraichir. Garsilaso de la Vega, liv. VIII. ch. xij. & François Ximenez, vous en diront davantage sur les usages que les Indiens tirent de ce fruit.

Cet arbre s’éleve dans nos climats tempérés à la hauteur de 7 ou 8 piés ; mais rarement ses jets sont réguliers, de sorte qu’il est très-difficile de lui donner une belle tête : d’ailleurs il vient rarement à fleurir. On ne le trouve aussi que dans quelques jardins de Botanistes, plus curieux que les autres en plantes étrangeres. (D. J.)

Molle, s. f. en terme de Tonnelerie, ce sont des bottes d’osier fendu, dont ces ouvriers se servent pour lier le cerceaux : la molle contient 300 brins.

Molle se dit aussi des paquets ou bottes de cerceaux dont se servent les Tonneliers. Les molles de cerceaux sont plus ou moins grosses, selon la grandeur des cerceaux qu’elles contiennent. Les molles de cerceaux à futaille en contiennent ordinairement 25, & 16 quand ils sont plus forts : celles des cuviers n’en ont que 12 ; & celles des cuves sont pour l’ordinaire de 3 cerceaux.

MOLLEN, (Géog.) ou Molna, petite ville d’Allemagne, au cercle de Basse-Saxe. Elle est située à 6 milles de Lunebourg, & à 4 de la ville de Lubeck, à qui elle appartient. Long. 32. 43. lat. 54. 45. (D. J.)

MOLLESSE, s. f. (Morale.) délicatesse d’une vie effeminée, fille du luxe & de l’abondance ; elle se fait de faux besoins que l’habitude lui rend nécessaires ; & renforçant ainsi les liens qui nous attachent à la vie, elle en rend la perte encore plus douloureuse. Ce vice a l’inconvénient de redoubler tous les maux qu’en souffre, sans pouvoir donner de solides plaisirs. Nourris dans ses bras, plongés dans ses honteux délices, nous regardons les mœurs de quelques peuples de l’antiquité comme une belle fable ; & ces peuples regarderoient les nôtres comme un songe monstrueux : nous ne sommes point la race de ces robustes Gaulois, qui s’étoient endurcis aux pénibles travaux de la campagne. Ils passoient leurs jours à cultiver la terre, sous les yeux d’une mere vigilante ; & rapportoient eux-mêmes leurs moissons, lorsque le soleil finissant sa course, tournoit l’ombre des montagnes du côté de son lever ; delioit le joug des bœufs fatigués, & ramenoit le repos aux laboureurs :

Mais que n’alterent point les tems impitoyables !
Nos peres plus gâtés que n’étoient nos ayeux,
Ont eu pour successeurs des enfans méprisables,
Qui seront remplacés par d’indignes neveux.


(D. J.)

MOLLET, s. f. (Rubanier.) espece de frange fort basse, tant de la tête que du corps. Ce sont les Tissu-

tiers-rubaniers qui les fabriquent. Voyez Frange.

MOLLIFIER, v. act. (Gramm.) amollir.

Mollifier, en terme de Cornetier, se dit de l’action d’amollir les galins, fendus pour pouvoir les étendre & les ouvrir plus aisément. On les met dans une chaudiere sur le feu ; tout l’art de cette opération consiste à leur donner le degré de chaleur nécessaire, sans lequel on n’en pourroit rien faire.

MOLLIR, v. neut. (Gramm) c’est devenir mol. Voyez l’article Mol.

Mollir, (Marine.) c’est lâcher une corde afin qu’elle ne soit pas si tendue. Mollir se dit aussi du vent, lorsqu’il diminue & n’est pas si fort.

Mollir sous l’homme, (Maréchal.) se dit d’un cheval qui diminue de force en allant. On dit aussi qu’il mollit, ou que sa jambe mollit, lors qu’il bronche souvent.

MOLMUTINES, (Lois. Juris.) Voyez au mot loi, Lois Molmutines.

MOLOCH, (Mythol.) on écrit ce nom diversement, Molok, Moloc, Malcam & Milcom ; faux dieu de plusieurs peuples orientaux, & en particulier des Ammonites. Les Juifs qui l’adoroient, sont appellés Molochites dans l’Ecriture. On lui sacrifioit des animaux, & l’on faisoit rapidement passer des enfans devant un bucher allumé de cette idole, pour purifier ces enfans par cette cérémonie. Selden croit que le Moloch des Ammonites, est le soleil, & dom Calmet adopte la même idée. Voyez sa Dissertation sur Moloch, à la tête de son Commentaire sur le Lévitique. (D. J.)

MOLOCHATH, (Géog. anc.) fleuve de la Mauritanie Tingitane. Pomponius Meia l’appelle Mulucha, & les Arabes Munzemoir. Il bornoit autrefois le royaume de Bochus & celui des Massæsyliens. (D. J.)

MOLOPAGUES, (Géog.) peuples sauvages de l’Amérique méridionale au Brésil. Ils occupent une contrée spacieuse au-delà de la riviere Paracivar. Les hommes portent leur barbe, & se couvrent le milieu du corps ; les femmes laissent croître leurs cheveux, & s’en servent pour couvrir leur nudité. (D. J.)

MOLORCHOS, (Géog. anc.) forêt de la Némée, contrée de l’Élide. Virgile en parle dans ses géorgiques, lib. III. v. 19, où on lit Lucosque Molorchi. Le bois de Molorchus, dit Servius, est la forêt de Némée, dans laquelle on célebroit des jeux en l’honneur d’Achémorus ; & quant à son nom, il lui vient de Molorchus, berger qui exerça l’hospitalité envers Hercule, lorsque ce héros arriva dans cet endroit pour tuer le lion de Némée. (D. J.)

MOLOSSE, s. m. (Littérat.) terme de l’ancienne poésie grecque & latine. C’est le nom d’une mesure ou pié de vers, composé de trois longues, comme āudīrī, cāntābānt, vīrtūtēm. Il avoit pris ce nom ou des Molosses, peuples d’Epire, ou de ce que dans le temple de Jupiter molossien, on chantoit des odes dans lesquelles ce pié dominoit, ou encore parce qu’on les chantoit en l’honneur de Molossus, fils de Pyrrhus & d’Andromaque ; d’autres veulent que ce soit parce que les Molosses, en allant au combat, chantoient une chanson guerriere, dont les vers étoient presque tous composés de syllabes longues. Les anciens appelloient encore ce pié volumnius, extemipes, hippius & chanius. Denis, c. iij. pag. 475.

Molosses, les (Géog. anc.) Molossi, & leur contrée Molossis ou Molossia ; peuples de l’Epire où ils vinrent s’établir après la ruine de Troye, sous la conduite d’un fils de Néoptoleme, ou de Néoptoleme lui-même, comme Pindare semble l’insinuer. Les Molosses soumirent avec le tems, les autres Epirotes ; & tomberent enfin avec toute l’Epire sous la puissance des Romains. Paul Emile les dépouilla de